Entendu à la volée un bref reportage de France Info. Un Afghan témoigne. Il s’en revenait d’un enterrement avec sa famille. Un convoi funèbre. Deux drones se sont abattus sur ces gens éplorés. Dix-neuf morts. L’homme a perdu cinq de ses enfants.
Qu’est-ce que faire la guerre à coups de drones ?
Imaginons un soldat de trente-cinq ans. Replet. Les cheveux ras. Nous sommes, disons, à Pomfret, dans le Connecticut. Une petite bourgade tranquille où chaque maison est entourée de verdure. Il vient de prendre un solide breakfast. Il est dans son bureau, devant son ordinateur. Près de lui, son chien. Un peu plus loin, son fils joue à la Nintendo. Dans la cuisine, sa femme remplit le lave-vaisselle. Un CD de Ricky Martin procure un agréable fond sonore. Le soldat accroche en direct un convoi suspect sur une route d’Afghanistan. Avec la souris, il règle son tir. Il appuie sur la touche Enter.
— Papa, dit son fils, il est temps que tu m’emmènes à l’école.
— OK, sonny, j’ai fini.
Pas de victimes collatérales. Jamais.
Théophraste R.,
qui a la gorge nouée et qui ne peut plus articuler un son.