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Le blog de Lucien PONS

Qui arme l’Armée syrienne libre et pourquoi ? Un article repris sur le site: Rue89

6 Septembre 2012 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Histoire

Qui arme l’Armée syrienne libre et pourquoi ?
Le Yéti
yetiblog.org
Publié le 30/08/2012 à 18h23

Des foyers de tension du Moyen-Orient, nous ne savons souvent que ce qu’on nous en dit à travers les médias du microcosme. Mais émergent parfois des points de vue iconoclastes exprimés par quelques journalistes opérant en marge des sentiers battus officiels. Voici les opinions de deux d’entre eux, britanniques, sur le conflit syrien.

Le premier, Robert Fisk, est l’envoyé spécial du journal anglais The Independent, dans cette effervescente région.

L’autre se nomme Dan Glazebrook, journaliste indépendant, spécialiste des relations internationales, et collaborant à différents médias comme The Guardian.

Une armée de libération très professionnelle

Dans un article intitulé « La vérité sanglante sur la guerre de Syrie », Robert Fisk rapporte la surprise de l’armée syrienne régulière devant la puissance de feu insoupçonnée de leurs adversaires à Homs. Des « centaines de roquettes », des « milliers d’explosions » qui obligèrent les soldats d’Assad à évacuer leurs positions.

Très professionnellement planifiées sont aussi les offensives menées par une Armée syrienne libre (ASL), loin d’être constituée comme on le dit par les seuls déserteurs de l’armée régulière. C’est le cas de l’assaut qui visa l’école d’artillerie à Alep où étaient supposés entreposés les missiles antiaériens censés répondre à une attaque d’Israël ou de l’Otan.

On est loin des premières manifestations spontanées et non-violentes de la première révolte civile anti-Assad. Même si Fisk rappelle que les caméras d’Al Jazeera avaient dès le début débusqué d’étranges pèlerins solidement armés au côté des manifestants pacifiques.

Nul doute pour Fisk, les forces de l’ASL reçoivent une aide financière et logistique conséquente de l’Occident. Tout comme avaient été financés et armés les combattants moudjahidines d’un certain Ben Laden pour bouter les Russes hors d’Afghanistan dans les années 80.

Fisk se voit ainsi conforté dans sa thèse exprimée lors d’une précédente chronique :

« En fin de compte, toute ce que veulent Israël et ses alliés occidentaux, c’est briser l’Iran – via la Syrie. »

« Sécuriser l’environnement régional »

Citant la répression musclée (ignorée de nos médias) de manifestations chiites à Qatif en Arabie saoudite, Dan Glazebrook est tout aussi catégorique :

« Tout ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient doit être compris dans le contexte de préparation de la guerre contre l’Iran. »

L’objectif, comme en Syrie : « sécuriser l’environnement régional » en réduisant au maximum toutes éventualités de réactions populaires – notamment chiites – contre les intérêts occidentaux de la région après le déclenchement de l’opération finale contre l’Iran.

Pour Glazebrook, la guerre Otan-Iran est bel et bien engagée. Avec l’aide de quelques régimes satellites comme celui d’Arabie saoudite.

Interview de Glazebrook

Devant de telles assertions, il s’en trouvera bien évidemment pour hurler au conspirationnisme (comme il y en eut pour dénoncer les causes humaines du réchauffement de la planète) et suggérer une trouble faiblesse des « conspirateurs » pour le régime d’Assad.

Ni Fisk, ni Glazebrook ne sont pourtant soupçonnables d’une quelconque empathie pour le régime brutal du dictateur syrien. Fisk n’a pas de mots assez durs pour dénoncer les exactions de l’armée régulière syrienne.

Leurs thèses ont au moins le mérite d’alimenter la réflexion et d’apporter un éclairage différent de celui abondamment diffusé dans nos médias occidentaux.

Aller plus loin
  • Sur rtbf.be
  • 
Syrie: que s'est-il réellement passé à Daraya ?

MONDE | jeudi 30 août 2012 à 13h52

    • Que s'est-il passé à Daraya ? Un journaliste anglais prend le contrepied de la version des rebelles syriens

      Que s'est-il passé à Daraya ? Un journaliste anglais prend le contrepied de la version des rebelles syriens

      Le correspondant permanent du The Independent à Beyrouth et grand reporter de guerre Robert Fisk, s’est rendu à Daraya, près de Damas, où plus de 300 personnes ont été massacrées. Selon lui, les versions largement diffusées par les médias occidentaux ne sont pas corroborées par les témoignages recueillis sur place. Polémique.

      Que s’est-il réellement passé à Daraya, cette ville sunnite de 200 000 personnes, réputée hostile au régime ? Depuis la mi-août, elle a été soumise aux bombardements intenses de l’armée syrienne avant d’être investie, désertée par les rebelles. Selon la version relayée par l’Observatoire syrien des droits de l’homme, corroborée par un correspondant du Global Post, l’armée aurait commis des massacres en représailles, tuant indifféremment hommes, femmes et enfants.

      Robert Fisk apporte un autre éclairage. Arrivé avec l’armée, il évoque un scénario très différent : selon les militaires qu’il a interrogés, l’Armée syrienne libre (ASL) aurait constitué une réserve d’otages, des proches de soldats de l’armée régulière et d’anciens conscrits. Une négociation visant à réaliser un échange entre des prisonniers de l’armée et les otages des rebelles ayant échoué, l’armée aurait décidé de lancer l’assaut.

      Toujours selon Robert Fisk, des témoins oculaires dans la ville rapportent qu’avant même l’entrée des troupes syriennes, des cadavres étaient déjà visibles à certains endroits de la ville. Il parle également d’un postier qui, lui a-t-on dit, aurait été tué parce qu’il était un agent gouvernemental.

      D’autres témoignages qu’il recueille peuvent laisser penser que des victimes à Daraya ont été la cible de rebelles plutôt que des troupes fidèles au régime, mais il se garde de l’affirmer. Sa conclusion est nuancée : "Pourtant, nous avons pu parler aux civils hors de portée des responsables syriens - dans deux cas dans en lieu sûr dans  leur propres maisons - et leurs récits du massacre d'au moins 245 hommes, femmes et enfants suggèrent que les atrocités étaient beaucoup plus partagées que supposé".

      L'opposition dément l'échange de prisonniers et parle de propagande

      Sur la page Facebook des Comités de coordination locaux, organes de l’opposition au régime, celui de Daraya dément formellement l’histoire de l’échange de prisonniers : "La question qu'il faut se poser est la suivante : même si il y avait un échange de prisonniers et qu’il avait échoué, le régime d'Assad avait-il des motifs pour un tel niveau de rétorsion ? Y avait-il de similaires échecs des négociations avant les massacres de Muaddamiya,  Saqba, etc. ? En fait, ce qui s'est passé dans les villes de la banlieue de Damas, et même dans l'ensemble de la Syrie, suit un scénario similaire qui commence par les bombardements et se termine par des massacres des civils ".

      Le Comité de coordination critique également la manière dont Robert Fisk rapporte les propos de témoins, estimant qu’on aperçoit leur peur dans la manière dont ils refusent de désigner clairement le camp responsable du massacre. En témoigne, selon les rebelles, le témoignage d’un homme, cité par Fisk, qui prétend que les corps retrouvés au cimetière sont principalement ceux de personnes liées au régime ou d’anciens conscrits tout en admettant ne pas les avoir vus. "l'accusation implicite est évidemment dirigée contre l’Armée syrienne libre et cette méthode ressemble par excellence à la propagande étatique syrienne", dénonce la rébellion.

      Robert Fisk est extrêmement respecté dans la profession et au Moyen-Orient, où ses reportages sur les Palestiniens et –parfois- ses prises de position ont été vivement critiquées en Israël. La polémique autour du massacre de Daraya montre aussi combien il est difficile, pour un journaliste indépendant, de se forger une opinion sur la réalité des faits dans le conflit syrien. Seule certitude : les morts sont bien réels.

      T.N.

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