De notre correspondant à Jérusalem
Le gouvernement israélien a-t-il poussé le bouchon trop loin en faisant connaître son intention d'autoriser, à terme, la construction de 5000 logements à Jérusalem-Est et en Cisjordanie? Ce vaste projet de relance de la colonisation, dévoilé jeudi par le quotidien Haaretz, provoque en tout cas un pic de tension avec l'Autorité palestinienne. Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Maliki, a immédiatement menacé de réclamer la condamnation d'Israël devant les juridictions internationales.
Cet échange d'amabilités, en partie destiné à calmer les éléments les plus radicaux dans chacun des deux camps, n'en traduit pas moins la tension croissante qui entoure les pourparlers. La récente libération de 26 prisonniers palestiniens, accordée fin juillet à Mahmoud Abbas pour le convaincre de revenir à la table des négociations, a ainsi exaspéré la droite israélienne.
Soucieux d'apaiser cette composante de sa coalition, Benyamin Nétanyahou a annoncé mercredi avoir autorisé la construction de 1500 logements dans le quartier de colonisation de Ramat Shlomo, à Jérusalem-Est. Un feu vert immédiatement dénoncé par l'Autorité palestinienne, qui a accusé Israël de «détruire» les pourparlers, tandis que Washington et l'Union européenne ont fait connaître leur réprobation.
À en croire le journal Haaretz, le gouvernement israélien ne compte pourtant pas en rester là. Un plan évoqué mercredi devant la Knesset prévoirait d'autoriser, à l'avenir, la construction de 3300 autres logements en Cisjordanie. Il porterait aussi bien sur les grands blocs de colonies qu'Israël entend conserver dans le cadre d'un éventuel règlement négocié, que sur certaines implantations isolées, telles Shiloh ou Nokdim.
Soucieuses de relativiser cette deuxième série d'annonces, des sources gouvernementales ont rappelé jeudi que les programmes évoqués en sont à un stade très préliminaire et que leur évocation vise avant tout à rassurer l'extrême droite israélienne. Mais elle a aussi pour effet d'exaspérer l'opinion palestinienne et, par conséquent, de fragiliser la position du président Mahmoud Abbas.