[Ukraine : on a oublié de vous dire... 5.1] Le coup d’État… Le blog d'Olivier Berruyer.
Suite de notre série de reprises sur l’Ukraine… (qui n’a évidemment pas pour but de nier le caractère corrompu de l’ancien gouvernement, ni les légitimes aspirations du peuple à plus de liberté individuelle)
18 février 2014 : les insurgés font monter la violence.
La position peu conciliante des figures d’opposition ukrainiennes Vitali Klitschko et Arseni Iatsenyouk au cours de leur rencontre avec des responsables allemands hier a débouché sur une nouvelle vague de violence à Kiev.
Tandis que ces deux dirigeants se trouvaient à Berlin, le chef du parti ultranationaliste Svoboda Oleh Tyahnybok préparait ce que lui-même et Iatsenyouk appelaient une marche « pacifique », visant à « influencer » la Rada Suprême (le Parlement ukrainien) afin qu’il adopte une résolution pour un retour à la Constitution de la « Révolution Orange ». Le noyau dur de cette marche était formé de militants lourdement armés, tant du parti Svoboda que de Secteur Droit et autres groupes néo-nazis.
Une fois rendus au cordon policier protégeant la Rada, cette colonne a attaqué tant la police que les participants à une autre manifestation, pacifique, organisée par les partisans du Parti des régions actuellement au pouvoir.
Les militants néo-nazis ont ensuite pris d’assaut le bureau du Parti des régions, cassant les vitres et lançant des cocktails Molotov. Son président-adjoint Oleh Tsaryov a déclaré à la télévision russe que deux employés ont été tués, l’un battu à mort et l’autre asphyxié par la fumée dégagée par l’incendie des locaux.
A l’intérieur du Parlement, lorsque la présidence a refusé d’inscrire la résolution pour un changement de la Constitution à l’agenda, les dirigeant de Svoboda, qui disposent de quelques sièges au Parlement, ont usé de leurs tactiques habituelles pour mettre fin à la session, similaires à celles utilisées par le Parti national-socialiste en Allemagne qui paralysait et prenait régulièrement d’assaut les institutions gouvernementale jusqu’à ce qu’il ne prenne pleinement le pouvoir en 1933.
A la fin de la journée, 13 décès étaient recensés, dont six parmi les policiers. Selon les rapports en direct à la télévision ukrainienne et russe plus tard dans la nuit, les forces de l’ordre n’avaient pas encore pris la décision de dégager le Maidan. Le Square et la rue Kreshchatyk, adjacente, étaient en feu, les insurgés ayant mis le feu à leurs propres campements pour créer une barrière de feu et de fumée.
L’agence Interfax-Ukraine rapportait l’adoption d’une résolution par la Rada suprême de Crimée, une province à forte majorité russe, décrivant les désordres comme le « début de la guerre civile » et affirmant que les autorités de la province « se donnent le droit de mobiliser ses citoyens pour défendre l’ordre civil ». On discute ouvertement à la télévision russe de l’opportunité de prendre des mesures militaires pour protéger la population russophone de Crimée, dans l’éventualité d’une prise du pouvoir par les mouvements extrémistes à Kiev.
20 février 2014 : “le parti Svoboda est fasciste”.
La situation insurrectionnelle que traverse l’Ukraine est due à l’apparition de nombreux mouvements d’extrême droite.
«Sur la place de l’Indépendance, ils ont réussi à tenir face aux forces de l’ordre et à en tuer une dizaine. Et entre 200 et 300 d’entre eux ont réussi à prendre d’assaut le Parlement et le siège du Parti des régions pendant quelques instants », nous raconte une journaliste sur place. Cocktails Molotov, pavés, barres de fer… On est bien loin des manifestants pacifiques décrits par la presse. Mais qui sont-ils ? Ces jeunes « volontaires de l’autodéfense », venus de Lviv (ouest) à Kiev, sont de véritables commandos levés par l’extrême droite dans la région de Galicie, qui est son bastion, selon le spécialiste Jean-Marie Chauvier.
Antisémites et russophobes
Mercredi, 5 000 de leurs membres ont ainsi pris d’assaut l’administration régionale, la police, et des bâtiments militaires prenant même le contrôle des dépôts d’armes. «Il y a une minimisation du phénomène que l’on qualifie de nationaliste alors qu’il s’agit de mouvement néofasciste et nazi, principalement lié au parti Svoboda. Son chef, Oleg Tiagnibog, joue sur les courants xénophobes, antisémites et russophobes fortement implantés en Galicie où il n’est pas rare d’assister à des grandes célébrations à la mémoire du collaborationnisme nazi et de la Waffen SS », explique le député communiste de Donestk (région du Donbass), Vladimir Bidievka.
Cette montée en puissance des forces d’extrême droite profite de la place laissée au parti Svoboda (liberté) qui a obtenu plus de deux millions de voix aux dernières législatives. Jusqu’en 2004, ce dernier s’appelait Parti nationaliste d’Ukraine, ancêtre de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN, mouvement fasciste fondée en 1929 ). Aujourd’hui, il est contesté par des groupes néonazis encore plus radicaux, dont Pravyi Sektor (Secteur droit), qui regroupe les membres d’organisations ultranationalistes telles que Patriotes d’Ukraine, Trizouba, l’UNA-Unso. «Ce sont eux qui ont assuré la sécurité sur Maïdan et devant la Maison des syndicats, devenue le QG du mouvement, qui ont organisé les barricades et ont recouru à la force contre les forces de l’ordre, sans aucune condamnation de l’opposition», rappelle le quotidien russe Kommersant.
Insurrectionnel
À l’Ouest, la situation deviendrait explosive, voire insurrectionnelle. Selon le Parti communiste d’Ukraine, «dans des petites localités, Svoboda a pris le pouvoir en organisant un coup d’État avec la collaboration des deux autres formations politiques, Batkivschina (Arseni Iatseniouk) et Oudar (Vilati Klitschko). Ce parti y fait régner la terreur et y a interdit le Parti des régions (Viktor Ianoukovitch) et le Parti communiste ukrainien».
21 février 2014 : L’accord… et la fuite du Président !
Rappelons que le président Ianoukovitch est du genre (ancien ?) voyou, autocrate et a durci son régime. Cependant, élu en 2010, son mandat était censé se terminer en mars 2015.
Le 21 février, après une flambée de violence, après une journée et une nuit entière de négociations, sous la houlette d’émissaires européens, après une menace de sanctions de la part de l’Union européenne alors que son pays est au bord de la faillite, le président Ianoukovitch a consenti des concessions majeures à l’opposition, qui occupe depuis trois mois, jour pour jour, la place Maïdan au cœur de la capitale.
Cet accord du 21 février prévoit ainsi une élection présidentielle anticipée, une révision de la Constitution, afin de réduire les pouvoirs présidentiels et d’augmenter ceux du Parlement dans l’esprit de la Constitution de 2004, et la formation d’un gouvernement d’union nationale.
L’opposition, représentée par le “Conseil du Maïdan”, a alors donné son feu vert à l’accord. Les trois principaux leaders de l’opposition ukrainienne, Vitali Klitschko, Arseni Iatseniouk et Oleg Tiagnibok, ont enfin signé l’accord.
Premier gage donné par l’Ukraine : quelques heures après la conclusion de cet accord, le Parlement a voté le retour à la Constitution de 2004, limitant ainsi les pouvoirs du président.
Pour autant, les concessions de Viktor Ianoukovitch pourraient ne pas être considérées comme suffisantes par ses opposants, après les violences qui ont fait près de 80 morts depuis mardi, un niveau de violence inédit pour ce jeune pays issu de l’ex-URSS.
Le président ukrainien n’a en effet pas accédé à la principale exigence des manifestants occupant le centre de Kiev : sa démission. Il n’a pas non plus clairement précisé si ces annonces étaient le produit de la médiation européenne. Et le communiqué présidentiel ne donne aucun calendrier pour la tenue d’une élection anticipée. La prochaine présidentielle était théoriquement programmée en mars 2015.
Autre élément préoccupant : si les ministres des Affaires étrangères allemand Franz-Walter Steinmeier et polonais Radoslaw Sikorski, ont signé l’accord, le représentant du puissant et influent allié russe, lui, s’est abstenu.
Sur l’emblématique place Maïdan, où entre 25 000 et 30 000 personnes étaient toujours rassemblées vendredi sous le soleil, les manifestants ne semblaient pas prêts à lâcher du lest, même si l’atmosphère était nettement moins tendue que la veille.
“Les gens disent qu’ils ne quitteront pas Maïdan tant que Ianoukovitch ne sera pas parti”, a déclaré un des manifestants. “On ne partira pas sans le renouvellement de tous les dirigeants”, ajoute un autre.
Mais le 22 février 2014, Viktor Ianoukovytch quitte Kiev pour Kharkiv (2e ville du pays). Alors que des rumeurs évoquent sa démission, le président déclare, lors d’une dernière allocution télévisée, qu’il refuse de démissionner et évoque un « coup d’État » en faisant un parallèle avec l’arrivée des nazis en Allemagne. Le 28 février, à Rostov-sur-le-Don, où il avait effectué sa première apparition en public depuis sa destitution, Viktor Ianoukovitch avait déclaré qu’il était toujours le chef de l’État ukrainien. “Personne ne m’a renversé. J’ai été contraint de quitter l’Ukraine en raison d’une menace directe sur ma vie et celle de mes proches”, avait-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Quelques heures plus tard, le Parlement vote sa destitution et fixe au 25 mai suivant la prochaine élection présidentielle par 328 voix sur 450 (ce qui inférieur aux 75 % prévus par la Constitution).
Oleksandr Tourtchynov, premier vice-président du Bloc Ioulia Tymochenko, dirige alors l’Ukraine par intérim.
Le 26 février, un gouvernement dirigé par Arseni Iatseniouk est désigné par le “Conseil du Maïdan”, qui réunit partis politiques, mouvements de la société civile et groupes radicaux, avant d’être confirmé par le Parlement.
23 février 2014 : pour Craig Roberts, la paix mondiale se joue en Ukraine.
Ayant réussi à fomenter un coup d’État en faveur d’intérêts néo-fascistes en Ukraine, l’élite financière transatlantique, via ses pantins à Washington et à Bruxelles, conduit une fois de plus le monde au bord du gouffre.
Comme l’affirme Paul Craig Roberts, l’ancien secrétaire-adjoint au Trésor de l’administration Reagan, juste avant la chute du gouvernement ukrainien ce weekend, « en ce 100e anniversaire de la première Guerre mondiale, les puissances occidentales nous conduisent à nouveau, comme des somnambules, vers un conflit destructeur », alors que les événements échappent au contrôle de Washington.
Le problème avec le scénario mis en œuvre par Washington pour renverser le gouvernement élu de l’Ukraine et mettre en place ses favoris est d’une double nature : les marionnettes choisies par les Etats-Unis [Vitali Klitschko et Arseni Iatseniouk] ont perdu le contrôle des protestations désormais aux mains des éléments radicaux entretenant des liens historiques avec le nazisme et la Russie considère la mainmise UE/OTAN sur l’Ukraine comme une menace stratégique à l’indépendance de la Russie.
Washington n’a pas pris en compte le fait que la partie financièrement viable de l’Ukraine est aujourd’hui composée des provinces du sud et de l’est du pays historiquement associées à la Russie, et que les institutions soviétiques avaient fusionnées pour former l’Ukraine, afin de diluer les éléments fascistes de la partie occidentale qui avaient combattu aux côtés d’Adolphe Hitler contre l’URSS. Ce sont ces éléments ultra-nationalistes, avec des racines nazies, et non pas les marionnettes mises en avant par Washington, qui seront dorénavant en charge de la rébellion armée en Ukraine occidentale.
Si le gouvernement démocratiquement élu d’Ukraine venait à être renversé, les parties australe et orientale du pays rejoindraient probablement la Russie. La partie occidentale serait pillée par les banquiers et les entreprises occidentaux, et les bases ukrainiennes de l’OTAN seraient ciblées par les missiles Iskander russes. Il s’agirait là d’une défaite pour Washington, que de voir la moitié du pays revenir à la Russie. Pour sauver la face, Washington pourrait provoquer une confrontation entre les grandes puissances, qui pourrait s’avérer être la fin pour nous tous.
Le Daily Mail de Londres cite pour sa part l’historien britannique Mark Almond, un grand spécialiste de l’Europe orientale, pour qui la situation en Ukraine rapproche la Grande-Bretagne d’un affrontement avec la Russie jusqu’à un point jamais vu depuis la Guerre de Crimée, au milieu du XIXe siècle.
23 février 2014 : Avec l’aide de terroristes, les Etats-Unis et l’UE instaurent un régime néo-nazi en Ukraine.
Natalia Vitrenko, économiste et fondatrice du Parti socialiste progressiste d’Ukraine (PSPU), nous livre ici son analyse de la situation dans son pays après le départ de Ianoukovitsch.
Le monde entier est troublé par les évènements d’Ukraine. Il faut en saisir le sens profond. Le Parti socialiste progressiste d’Ukraine, qui, en tant que parti d’opposition de gauche, a combattu et continue à combattre la politique intérieure et étrangère, autant des forces de la Révolution orange sous Iouchtchenko que de la coalition du Parti des régions et du Parti communiste d’Ukraine sous Ianoukovitch, juge nécessaire de présenter son évaluation.
Le 22 février 2014, sous la menace des armes automatiques des guérilleros et des terroristes de l’Euromaidan, le Parlement a opéré un coup d’Etat néo-nazi.
Faisant fi de toutes les dispositions de la Constitution ukrainienne et du droit international, bafouant les valeurs européennes, le Parlement a outrepassé son mandat et commis des actes passibles de sanctions pénales. Washington et Bruxelles, qui ont fait croire au monde que l’Euromaidan était une initiative pacifique du peuple ukrainien ayant choisi l’Europe et défendant la démocratie et les valeurs européennes, doivent reconnaître que ce n’est nullement le cas. Ils ont soutenu un putsch nazi, mené par des guérilleros, des terroristes et des politiciens de l’Euromaidan au service d’intérêts géopolitiques occidentaux.
Il en existe des preuves irréfutables :
- Ils ont changé l’ordre constitutionnel d’un Etat de façon anticonstitutionnelle. Ceci viole le principe européen d’Etat de droit. En violation de la section XIII de la Constitution ukrainienne (qui stipule en détail la procédure d’un changement de Constitution) et sans aucune participation de la Cour constitutionnelle, l’ordre constitutionnel a été changé par une simple résolution adoptée au Parlement ukrainien (Rada suprême).
- Outrepassant son mandat et en violation de l’Article 19 de la Constitution, le Parlement a nommé des superviseurs en charge du ministère de l’Intérieur, des services de sécurité et du bureau du Procureur général. Ces superviseurs ont été désignés pour permettre à l’Euromaidan d’imposer anticonstitutionnellement sa politique aux institutions de l’appareil d’Etat afin de satisfaire les intérêts occidentaux.
- Le président ukrainien Ianoukovitch (dont les politiques ont été vigoureusement combattues par notre parti depuis son entrée en fonction) a été dépouillé de son autorité constitutionnelle en violation totale de la Constitution. La Constitution ukrainienne n’accorde pas au Parlement (Rada suprême) le droit de supprimer l’autorité d’un Président sous prétexte qu’il a quitté son poste. La Constitution institue une procédure de destitution. Une fois de plus, guidé non pas par la loi mais par la gestion révolutionnaire, et au mépris du principe européen de présomption d’innocence, Ianoukovitch a été écarté et des élections présidentielles planifiées, en violation de la Constitution ukrainienne.
- Le Parlement, qui protège les guérilleros et les terroristes de l’Euromaidan, a amnistié et élevé au statut de héros tous les participants, tout en commençant à leur attribuer des postes élevés dans le gouvernement. Ceci implique que ceux qui ont pris les armes, qui ont tué des citoyens innocents et des membres des forces de l’ordre qui ne sont coupables de rien ; qui ont pris d’assaut et détruit des bâtiments administratifs et des dépôts d’armes, ceux qui ont organisé des procès sommaires, se sont livrés au chantage et ont organisé des enlèvements, n’auront pas à rendre compte de leurs actes. Ainsi sont jetés les fondements d’un Etat néo-nazi et d’une machine étatique répressive.
Washington et Bruxelles devraient écouter nos mises en garde. Nous les accusons, ainsi que les forces politiques qu’ils ont mises en selle, d’être pleinement responsables de l’instauration d’un régime nazi et totalitaire en Ukraine et de la grossière violation des droits et libertés de nos concitoyens qui va de pair.
Les Etats-Unis et l’UE devraient savoir que les partis et mouvements qui ont pris le pouvoir, dont des forces néo-nazies (telles que Svoboda et Secteur droit), ont proclamé, ce faisant, qu’ils accomplissaient une révolution nationale sous les slogans de « L’Ukraine aux Ukrainiens », « Gloire à la nation », « Mort aux ennemis », « Poignardons les Moscovites et pendons les communistes », etc.
Depuis le 22 février, les forces désormais au pouvoir portent l’entière responsabilité pour tous les Ukrainiens et pour la violation des droits et libertés des citoyens.
Les guérilleros et terroristes d’Euromaidan continuent à assaillir les bâtiments administratifs et gouvernementaux dans le sud-est de l’Ukraine. Les électeurs sont privés, par des méthodes terroristes, de leur droit de voir les représentants qu’ils avaient élus exercer leurs fonctions aux Conseils locaux. Les civils qui tentent de défendre leurs élus se font abattre sans merci à la Kalachnikov ou par d’autres armes non-létales, comme cela s’est produit à Luhansk le 22 février.
Les guérilleros, sans aucun mandat officiel et en l’absence d’état d’urgence, se sont arrogés le droit de bloquer les grands axes de circulation, munis de haches et de gourdins, d’ériger des barrages filtrants et de vérifier les papiers des passagers, empêchant ceux qu’ils réprouvent de quitter Kiev. Ils bloquent l’accès aux aéroports, violant ainsi grossièrement la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés élémentaires qui garantit à quiconque l’inviolabilité du droit à circuler, la présomption d’innocence et le droit à la sécurité et à la vie. Ils avilissent la dignité et les droits de tout le peuple ukrainien.
Le 23 février, des représentants de ceux qui viennent d’accéder au pouvoir ont annoncé la formation d’une communauté ethnique ukrainienne : toute personne utilisant la langue russe se verra retirer son statut de membre de la communauté ethnique ukrainienne et subira une discrimination au niveau de ses droits civiques et politiques.
L’intention de bannir la retransmission des chaînes de télévision russes en Ukraine, en tant que porte-parole d’un Etat hostile, a été annoncée. Voilà comment les nouvelles autorités comptent défendre les valeurs européennes que sont les libertés d’expression et d’opinion.
En vue d’une épuration, le nouveau pouvoir a également commencé à dresser la liste des avoirs personnels des uns et des autres. Ce mécanisme permettra de priver de leurs droits ceux qui ne partagent pas les vues néo-nazies des nouvelles autorités.
Des comités de vigilance répandent leur pratique nauséabonde à travers le pays. Des parlementaires qui ont été désapprouvés sont battus, parfois à coup de pierres. Les membres des conseils locaux et leurs familles (surtout leurs enfants) subissent des intimidations s’ils rechignent à faire valoir les buts politiques des forces au pouvoir. Les bureaux des partis politiques désavoués et les organisations publiques qui ne partagent pas l’idéologie et les buts des nouvelles autorités ukrainiennes sont menacés de persécution et d’exil.
La prise de contrôle par l’Euromaidan du monastère de la Laure des Grottes de Kiev [un des quatre lieux saints de l’Église orthodoxe russe, nde] et son transfert vers l’église schismatique du patriarche Philarète de Kiev [Église orthodoxe ukrainienne fondée en 1992 et scission de l’Église orthodoxe russe, nde] a commencé. Ceci conduira à la saisie de l’ensemble des églises orthodoxes russes (associées au Patriarcat de Moscou) afin de les subordonner au Vatican.
Au nom du Parti socialiste progressiste d’Ukraine, je déclare que nous ne reconnaissons pas comme légal le coup d’Etat qui vient d’être perpétré ni comme légitime l’activité des nouvelles autorités ukrainiennes. Nous condamnons la violation totale des droits et libertés des citoyens d’Ukraine commise sur la base de facteurs ethniques, culturels, religieux et politiques.
Nous en appelons au Parlement européen et au Conseil de sécurité des Nations unies et demandons une intervention immédiate dans ce qui a lieu aujourd’hui en Ukraine, afin de défendre les droits et libertés des citoyens et d’empêcher que les autorités ukrainiennes ne provoquent une troisième guerre mondiale sur le continent eurasiatique.
23 février 2014 : Le Parlement surprime la langue russe comme langue officielle.
Bel exemple de respect des minorités… Enfin, “minorités”… :
La loi en question aavti été votée par le parti de l’ancien président…
Sinon, le Parlement n’a d’ailleurs pas chômé avec ces lois déposées (mais toutes ne sont pas encore votées – mais le site du Parlement est HS pour vérifier où ça en est) le 23/02 :
- 4201 – Bill to ban Ukrainian Communist Party activity.
- 4217 – Bill to redress antecedents of the Soviet occupation of Ukraine.
- 4176 – Bill to repeal law penalizing Nazi propaganda. (si, si… Ici et là )
- 4184 – Bill to place V. Avakov as minister of the interior and members of “Right Sector” party on ministry staff (Avakov also belongs to the party which many consider fascist). Σ
- 4215 – Bill to establish a “Pantheon of national heroes.”
- 4203 – Bill to curb state spending.
- 4215 – Bill to pay tribute to participants in the clashes during peaceful demonstrations.
- 4197 – Bill to place “Svoboda” party member Α.Mahnitskogo as Prosecutor General.
- 4204 – Bill delineating the duties of the President of the Ukraine.
- 4191 – Bill to place “UDAR” party member V.A. Nalivaychenko as overseer of Ukrainian Security Agencies
- 4211 – Bill to fire incumbent officers and personnel of security forces and replace them with new personnel (the latter are believed to be members of extreme right wing groups).
- 4199 – Bill to repeal the use of their native language by minorities , which re4fers to Russian, Romanian, Hungarian, and Greek (ici et là).
Cette noble assemblée a délibéré sous la menace de 2 000 manifestants du parti SVOBODA et du PRAVY SEKTOR (milices nationalistes), accompagnés d’un véhicule blindé, qui ont fait un “couloir de la honte” visant à intimider les députés communistes et ceux restés fidèles au parti des régions de l’ancien président Viktor IANOUKOVITCH.
27 février 2014 : Vitrenko interpelle le Parlement européen sur son soutien aux néo-nazis.
Hier, à la tête d’une délégation de responsables ukrainiens co-signataires de l’appel du 25 janvier mettant en garde contre le danger d’un coup néo-nazi, la dirigeante du Parti socialiste progressiste d’Ukraine (PSPU), Natalia Vitrenko, s’est rendue au Parlement européen de Strasbourg.
D’abord, lors d’une conférence de presse, organisée dans le cadre du premier discours de Milos Zeman au Parlement européen en tant que président tchèque, Vitrenko a été la première invitée à poser une question. Son intervention tranchée a marqué les esprits et la télévision tchèque rapporte ses propos :
- Natalia Vitrenko lors de sa propre conférence de presse, dénonçant l’emprise des mouvement néo-nazis sur l’Euromaidan.
Je suis Natalia Vitrenko, la dirigeante d’un parti d’opposition de gauche en Ukraine. Je suis dirigeante d’un parti contre lequel les nazis ukrainiens ont déjà organisé des campagnes de violence visant à m’éliminer physiquement, ainsi que les membres de mon parti. Aujourd’hui en Ukraine, les bureaux de partis politiques sont incendiés un peu partout à travers le pays, et les gens qui y travaillent sont assassinés. Les domiciles de politiciens qui sont sujet à la désapprobation sont également incendiés. Les membres élus de notre parlement national et autres instances locales sont passés à tabac, de manière à les obliger à céder aux demandes des terroristes et néo-nazis de Secteur droit, participant à l’Euromaidan. Dans les faits, les néo-nazis ont mis en place leur régime.
Alors que Vitrenko tentait de finir sa question, les orateurs au podium ont commencé à s’agiter, le président Schulz demandant une traduction de ce qu’elle était en train de dire. Le président tchèque Zeman, qui parle également le russe, fut le premier à répondre, déclarant :
Premièrement, je n’ai pas compris votre question, car il ne s’agissait pas d’une question. Mais permettez-moi de dire ceci, car j’ai visité l’Ukraine il y a quelques mois. J’ai également rencontré le président Ianoukovitch. Il avait promis que l’Ukraine signerait l’Accord avec l’Union européenne. Et les promesses doivent être tenues. Sa promesse n’a pas été tenue. Voilà.
La couverture médiatique tchèque s’est terminée là-dessus, au moment où Schulz demandait au président tchèque de ne pas parler russe puisque les autres présents ne pouvaient pas comprendre. Selon l’agence UNIAN, le dialogue s’est poursuivi avec une traduction en anglais.
Même si Vitrenko s’était présentée comme politicienne et non comme journaliste, Schulz lui a permis de poser une question comme faveur spéciale étant donné les circonstances en Ukraine hier. Sa question fut :
Est-ce que Secteur droit représente les valeurs européennes, et les partis néo-nazis ne devraient-ils pas être bannis en Ukraine ?
D’après l’agence de presse ukrainienne UNIAN, Zeman a répondu :
Des deux côtés, il n’y a pas eu que des manifestants pacifiques, mais aussi des radicaux. Il y a eu une escalade des tensions politiques. Je ne peux exclure la possibilité que certains des manifestants n’étaient pas seulement des radicaux de droite, mais pro-nazis. En particulier des partisans de Stepan Bandera. Mais je ne crois pas qu’ils aient pris le dessus. »
Schulz a ajouté : « L’UE fera tout son possible pour qu’un dialogue ait lieu impliquant tous les côtés, de manière à arriver à un résultat pacifique, stable et démocratique en Ukraine. Mes informations sont que même des membres de Svoboda ont été inclus dans ce dialogue. Je n’ai rien à dire sur le fait qu’ils soient néo-nazis ou non. Je pense que vous avez fait des déclarations sérieuses et je vais les vérifier. Mon sentiment est que nous devrions intégrer tout le monde dans le processus, pour trouver une solution à la crise.
Les propos de Martin Shultz ont de quoi choquer puisque des résolutions antérieures de ce même Parlement condamnaient les mouvements politiques néo-nazis en Ukraine. En 2010, le Parlement européen avait déclaré que celui-ci :
Regrette vivement la décision du président ukrainien sortant, Victor Iouchtchenko, d’accorder à titre posthume à Stepan Bandera, chef de l’organisation nationaliste ukrainienne OUN qui collabora avec l’Allemagne national-socialiste, le titre de « héros national de l’Ukraine »
Ce même Parlement a déclaré dans une résolution adoptée le 13 décembre 2012, qu’il :
S’inquiète de la montée du sentiment nationaliste en Ukraine, qui s’est traduit par le soutien apporté au parti « Svoboda », lequel se trouve ainsi être l’un des deux nouveaux partis à faire son entrée à la Verkhovna Rada ; rappelle que les opinions racistes, antisémites et xénophobes sont contraires aux valeurs et principes fondamentaux de l’Union européenne et, par conséquent, invite les partis démocratiques siégeant à la Verkhovna Rada à ne pas s’associer avec ce parti, ni à approuver ou former de coalition avec ce dernier.
28 février 2014 : Pour la City, affronter la puissance nucléaire russe est indispensable.
The Economist de Londres, l’hebdomadaire réputé exprimer sans complexe le point de vue des banquiers de la City, exhibe une fois de plus son agenda impérial. Alors qu’en Europe plusieurs voix tentent d’éteindre le feu de la crise ukrainienne, le magazine britannique insiste que, « bien que ce soit difficile », affronter la puissance nucléaire russe est plus que jamais nécessaire.
Pour faire passer le message, la couverture de la livraison du 22-28 février n’hésite pas à montrer une photo d’un homme presque crucifié suspendu au-dessus de pneus en feu sur la place Maidan, avec le titre « L’enfer de Poutine »…
L’éditorial, sans doute de la plume de l’éditeur des affaires internationales Edward Lucas, un professionnel du Poutine-bashing depuis des années (notamment l’auteur d’un article de 2007 affirmant qu’Obama menacerait la Russie de guerre nucléaire en raison d’une crise en Ukraine au cours de la deuxième décennie de ce siècle…) affirme :
La responsabilité immédiate de cette confusion revient à Viktor Ianoukovitch, le président-voyou de l’Ukraine. Mais l’architecte ultime siège au Kremlin : Vladimir Poutine.
Accompagnant l’éditorial, une photo de Poutine et Ianoukovitch se serrant la main, avec la légende : « Le maître de l’Ukraine, et Viktor Ianoukovitch. »
Le tout se conclut sur une incitation explicite à provoquer la Russie :
Il est temps que l’Occident tienne tête à ce gangstérisme. Affronter un pays qui a le pouvoir de nuisance d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, qui dispose d’immenses réserves d’hydrocarbures et plein de missiles nucléaires est difficile, mais cela doit être fait. Il faudra au moins mettre fin à la prétention diplomatique que la Russie est un État de droit qui respecte la démocratie. Elle devrait être expulsée du G8.
2 mars 2014 : On se calme !
La menace d’une guerre en Europe, potentiellement mondiale et pouvant conduire à une escalade nucléaire, n’est pas venue renforcer le courage de nos hommes politiques ! Outre notre chef de l’Etat qui a emboîté le pas à Barack Obama, annulant la participation française aux préparatifs du G8 de Sotchi avant même que la Grande-Bretagne ne prenne position, beaucoup d’autres ont préféré la soumission à la défense d’une politique étrangère indépendante de celle des Etats-Unis.
Deux exceptions notables à la règle que nous saluons et citons ici : celle du député UMP Jacques Myard, un vrai gaulliste dans ses positions de politique étrangère, et celle de Jean-Luc Mélenchon, chef du Parti de Gauche.
Dans un communiqué intitulé « Ukraine : on se calme ! », Jacques Myard, membre de la commission des Affaires Etrangères, rappelle les vérités suivantes :
En droit international et conformément à la Charte des Nations unies, aucun Etat n’a le droit d’intervenir dans les affaires intérieures d’un pays indépendant, et encore moins avec la force militaire, sauf (1) décision du Conseil de sécurité, (2) en cas de légitime défense individuelle et collective (article 51 de la Charte ), et (3) en cas d’intervention humanitaire qui doit être proportionnée et limitée (Kolwezi : 13 mai 1978).
Ces principes, la France elle-même a failli les oublier dans l’affaire syrienne, alors qu’elle est membre permanent du Conseil de sécurité !
Cela étant, dans l’affaire ukrainienne une intervention militaire russe est certainement contraire au droit international pour autant que l’on fasse abstraction des réalités géostratégiques et du fort poids de l’histoire entre Kiev et Moscou, l’imbrication des deux peuples est totale.
Dans ces conditions l’attitude de certaines personnes de l’Union européenne est plus que problématique, voir Catherine Ashton en compagnie de Oleh Tyahnybok du parti ukrainien Svoboda qui se définit comme antisémite, dont l’emblème est la “Rune du loup” nazie et qui dénonce la mafia judéo-moscovite laisse pantois !
Dans le même registre, laisser entendre que l’Ukraine puisse entrer dans l’UE et même dans l’OTAN est proprement inadmissible et irresponsable !
On le sait, l’enjeu de la Crimée est pour Moscou non négociable, toute proportion gardée cette situation est comparable au contrôle du canal de Panama pour Washington.
Alors inutile de crier au scandale et de vouer aux gémonies Vladimir Poutine, cessons l’activisme pro-ukrainien qui ne peut mener qu’à une impasse. A ce titre posons-nous une question, que veut Berlin ?
Ouvrons les yeux, notre influence est limitée et sachons l’utiliser avec lucidité en prenant en compte les équilibres géostratégiques qui prévaudront en tout état de cause !
Boycotter le G8 ne fera que pousser la Russie à radicaliser sa position, mieux vaut travailler à mettre sur pied une solution juridique pour la Crimée qui peut être la complète autonomie dans une fédération, voire l’indépendance !
N’oublions pas que son rattachement à l’Ukraine ne résulte que d’une décision administrative de N. Khrouchtchev dans le cadre de l’URSS en 1954.
Le réalisme se doit de l’emporter. Personne ne mourra pour Kiev !
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il souligne l’attitude « prévisible » des Russes, face aux néonazis poussés par les États-Unis en Ukraine :
« Les ports de Crimée sont vitaux pour la sécurité de la Russie, il est absolument prévisible que les Russes ne se laisseront pas faire, ils sont en train de prendre des mesures de protection contre un pouvoir putschiste aventurier, dans lequel les néonazis ont une influence tout à fait détestable », a-t-il déclaré.
« Nous Français, n’avons rien à faire dans une histoire pareille, nous n’avons rien à faire à encourager les provocations contre les Russes, cela dit sans sympathie pour le gouvernement russe. La nation russe ne peut admettre que les nord-américains et l’Otan s’installent à leurs portes ».
« L’Otan et les nord-américains se livrent depuis des mois à une provocation face à la Russie” en s’appuyant sur « la corruption et la brutalité » du pouvoir alors en place en Ukraine, a estimé Jean-Luc Mélenchon. Selon lui, « à la faveur du mécontentement légitime des Ukrainiens, se sont infiltrés des gens stipendiés par les nord-américains, parmi les plus méprisables et dangereux, en particulier le parti prétendument Svoboda qui est en réalité un parti national-socialiste qui multiplie les provocations anti-russes. »
3 mars 2014 : Jonathan Steele du Guardian de Londres : Kerry et l’OTAN doivent se calmer
Le chroniqueur Jonathan Steele du Guardian de Londres a écrit un article dénonçant sans ambiguïté l’administration Obama et l’OTAN pour avoir provoqué une crise totalement artificielle sur la question de l’Ukraine. Sa suggestion, telle que formulée dans le titre de son article, est : « John Kerry et l’OTAN doivent se calmer et reculer. » Extrait :
L’empressement de Kerry pour punir la Russie, ainsi que la décision de l’OTAN de répondre à l’appel de Kiev en tenant une réunion des ambassadeurs des Etats membres à Bruxelles aujourd’hui, ont été des erreurs. L’Ukraine n’est pas membre de l’alliance : par conséquent aucune des obligations de défense commune n’entre en jeu ici. L’OTAN devrait se retenir d’intervenir en Ukraine, tant par les mots que par les actes. Le fait qu’elle insiste pour s’engager révèle le véritable sujet tabou : sous la crise en Crimée et la résistance intense des Russes à tout changement potentiel se trouvent l’ambition mal dissimulée de l’OTAN de poursuivre sa politique expansionniste des deux dernières décennies, dans ce qu’elle avait l’habitude d’appeler l’ « espace post-soviétique »…
Depuis l’indépendance, tous les sondages en Ukraine ont montré que la majorité des citoyens était opposée à l’adhésion de leur pays à l’OTAN : et pourtant les élites qui se sont succédées au pouvoir jusqu’en 2010, et qui sont maintenant de retour aux affaires, ont ignoré la volonté populaire. Séduites par les largesses de l’OTAN et par le sentiment d’appartenir à un club high-tech global, elles ont pris part aux exercices militaires conjoints et ont même envoyé des troupes en Irak et en Afghanistan. »
Steele ajoute que malgré tout ce qui a pu être dit du président élu Viktor Ianoukovitch, il « était le premier président à s’opposer à l’adhésion à l’OTAN dans sa campagne électorale, et a ensuite persuadé le Parlement de faire du non-alignement la pierre de touche de la stratégie du pays en matière de sécurité, suivant l’exemple de la Finlande, de l’Irlande et de la Suède.
Mais, écrit-il, l’OTAN a refusé d’accepter cela, et « Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire-général de l’effort pour la construction de l’empire [l’OTAN], a déclaré à la Conférence sur la sécurité de Munich [en février de cette année] : ’’l’Ukraine doit avoir la liberté de choisir sa propre voie sans pression de l’extérieur.’’ L’implication était claire : si ce n’était pas que pour ces bêtes russes, l’Ukraine serait des nôtres. »
Steele appelle ensuite à une désescalade de la part de l’Occident et demande que l’Ukraine rétablisse immédiatement la Loi sur les langues officielles, dont le Russe à l’Est du pays, et « s’attache fermement à empêcher que des groupes armés de nationalistes anti-russes menacent les immeubles publics dans cette région ».
Il conclut :
La majorité russophone dans la région est autant en colère à l’égard de la corruption des élites, du chômage et des inégalités économiques que les Ukrainiens de l’Ouest. Mais elle se sent assiégée et provoquée, son héritage culturel se trouvant menacé. Les seuls responsables en mesure de répondre à ces préoccupations ne sont pas à Washington, à Bruxelles ou à Moscou, mais uniquement à Kiev.