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Le blog de Lucien PONS

Ukraine : Révolution orange, Acte II.

23 Janvier 2014 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Ukraine

Ukraine : Révolution orange, Acte II.

L’impérialisme français est sur tous les fronts : volonté délibérée d’exclure l’Iran des négociations sur la Syrie afin de faire tomber le régime Bachar-al-Assad dans le collimateur français depuis 3 ans, tout en continuant d’armer les "rebelles" (voir ici), néocolonialisme musclé au Mali et en République Centre Africaine (voir ici). Sur le front intérieur, pas de trêve dans la guerre menée contre « l’ennemi intérieur musulman » à coups de lois islamophobes et de discours haineux soigneusement relayés par les officines néoconservatrices (voir ici) ni dans celle menée contre un humoriste, à grand renfort de censure, de pressions et de manipulations (voir ici). Reste une épine dans le pied de la France et ses alliés occidentaux : l’Ukraine, repassée depuis 3 ans dans le giron russe après la période calamiteuse de la gouvernance « orange ». Mais les impérialistes ne renoncent jamais 

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Acte I

On se souvient sans doute de la « révolution orange », largement médiatisée à l’ouest. Viktor Ianoukovitch, le candidat proche de Vladimir Poutine, est élu président de l’Ukraine le 21 novembre 2004. Une série de manifestations suivent la proclamation des résultats. Organisées par le candidat malheureux, Viktor Iouchtchenko, financées par des milliardaires ukrainiens et des organisations américaines (voir ici), soutenues par de nombreux pays occidentaux dont les Etats-Unis (elles ont été financées à hauteur de 65 millions de dollars par l’administration Bush), elles prennent rapidement de l’ampleur et forcent le gouvernement à organiser un nouveau scrutin un mois plus tard. Entaché de nombreuses fraudes, il verra la victoire de Viktor Iouchtchenko et ouvre une période marquée par un rapprochement avec le camps occidental et l’OTAN mais aussi par une gouvernance calamiteuse gangrenée par la corruption. Les multiples malversations du « clan orange » (délits financiers, détournements de fonds, évasion fiscale, favoritisme) conduiront notamment Ioulia Timochenko, l’ex-Première ministre ukrainienne, derrière les barreaux. Le président sortant ne recueillera que 5,45 % des voix lors du scrutin de 2010. Rideau sur la première phase de la « révolution orange ».

 

Acte II

Des milliers d’opposants pro-européens manifestent violemment suite au refus, par le président ukrainien, de signer un accord d’intégration avec l’UE, décision motivée par la lourdeur des "réformes structurelles" exigées par les européens (privatisations massives, réduction drastique des dépenses de l’État et de l’emploi public, remise en cause de la protection sociale et du droit du travail) alors que le pays est économiquement affaibli, ainsi que par le souhait de donner la priorité aux relations économiques avec la Russie. Loin d’être pacifiques, ces manifestations apparaissent comme une tentative de déstabiliser le gouvernement, voire de le renverser (voir ici). Elles sont soutenues par Ioulia Timochenko, égérie de la révolution orange, et par la quasi-totalité des classes politiques occidentales. Certains manifestants sont affiliés à l’organisation d’extrême-droite Svoboda, nationaliste et violemment anti-russe (voir ici). De nombreuses déprédations sont commises dont la destruction d’une statue de Lénine (voir ici la déclaration à ce sujet du Parti Communiste d’Ukraine). Des catapultes géantes sont même montées pour l’occasion et utilisées contre la police (voir ici). L’opposition, qui n’a pas la majorité au parlement, ne peut en effet compter que sur la « pression » de la rue pour faire plier le gouvernement et tenter remettre sur les rails l’accord avec l’UE. Cette stratégie semble être payante puisque Viktor Ianoukovitch s’est entretenu aujourd’hui avec les chefs de file des opposants et a réclamé que le Parlement se réunisse en urgence pour discuter de la démission du gouvernement réclamée par l’opposition, et tenter de mettre un terme à la crise politique.

Dans les coulisses

Comme au temps de la Révolution orange, les medias occidentaux présentent unanimement les manifestations anti-russes comme un mouvement spontané regroupant des « combattants de la liberté » épris d’Europe, en butte à un pouvoir autocratique (voir par exemple ici). Mais la majorité des ukrainiens ne soutiennent pas les pro-européens comme le montre un récent sondage (voir ici). En réalité, il s’agit d’une manipulation déjà bien rodée et qui a déjà fait ses preuves lors de la révolution orange dont la logistique avait été assurée par plusieurs organisations (« Pora » et « Znayu) liées au mouvement « Otpor ». Rappelons que ce dernier avait joué un rôle actif dans la chute de l’ex-président Slobodan Milosevic en juillet 2000, dans la « révolution des roses » georgienne de décembre 2002 ainsi que dans les tentatives de putsch contre le président biélorusse en 2001 et 2004. Toutes ces organisations sont généreusement financées par des officines occidentales : le « Konrad Adenauer Institute », proche de la CDU, « l’Open Society Institute » de Georges Soros, le « National Democratic Institute » et la « Freedom House », proches du gouvernement américain, entre autres.

Les manifestants actuels semblent bénéficier à nouveau des mêmes largesses occidentales dans le financement de mouvements dont l’objectif est in fine de déstabiliser des pays souverains afin de les soumettre aux intérêts occidentaux (voir ici). En réalité, cela fait déjà longtemps que les USA s’intéressent à l’Ukraine (voir ici). La volonté des américains de renverser le gouvernement ukrainien, pourtant légitime, répond à trois objectifs, de nature économique et géostratégique : renforcer l’OTAN par l’intégration d’un nouveau pays (le plus grand d’Europe), affaiblir la Russie en l’isolant diplomatiquement et s’approprier un marché jugé trop protectionniste en créant un « climat d’investissement favorable aux entreprises étrangères» – en clair : en privatisant ce qui ne l’est pas encore et en faisant prévaloir les intérêts des investisseurs étrangers sur ceux de la population nationale. Ils justifient les financements faramineux investis dans l’aide logistique aux groupes anti-russes ainsi que l’effort déployé par les médias occidentaux pour tenter de faire passer pour une révolution pacifique ce qui n’est ni plus ni moins qu’un coup d’État.

 

http://bourgoinblog.wordpress.com/2013/12/13/ukraine-revolution-orange-acte-ii/

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