Un ex-chef de la DST soupçonne le Qatar et l’Arabie saoudite de financer des réseaux islamistes.
Yves Bonnet met en cause le Qatar et l’Arabie soudite mais il faut savoir qu’à plusieurs reprises Yves Bonnet a été accusé d’entretenir des liens privilégiés avec l’armée algérienne dont il porterait en quelques sortes les analyses… Cet avertissement ne rend pas moins intéressante son opinion. note de Danielle Bleitrach
Ancien chef de la Direction de la surveillance du territoire, Yves Bonnet pointe, dans une interview à « La Dépêche du Midi », le rôle de l’Arabie saoudite et du Qatar dans le financement de réseaux islamistes radicaux en France.
Après le coup de filet du week-end dernier qui a conduit à l’interpellation de 12 personnes soupçonnées d’appartenir à des cellules terroristes islamistes, l’ancien chef de la Direction de la surveillance du territoire (DST) Yves Bonnet a mis en cause, lundi 8 octobre, la question du financement de ces réseaux.
Dans un entretien publié par « La Dépêche du Midi », il estime que ces derniers posent la question du trafic de drogue mais aussi du « problème de l’argent qui est alloué par des pays salafistes ».
« Il va falloir un jour ouvrir le dossier du Qatar »
« On n’ose pas parler de l’Arabie saoudite et du Qatar, mais il faudrait peut-être aussi que ces braves gens cessent d’alimenter de leurs fonds un certain nombre d’actions préoccupantes, déclare-t-il. Il va falloir un jour ouvrir le dossier du Qatar car là, il y a un vrai problème. Et je me fiche des résultats du Paris-Saint-Germain. »
Le Qatar a pris pied depuis plusieurs années dans l’économie française. Le pays possède de nombreux hôtels de luxe et détient des parts dans le capital de Lagardère, Vivendi, Vinci, Veolia, Total, ou LVMH. Il a également acquis une grande partie des droits de retransmission du championnat de Ligue 1 de football avec ses chaînes BeinSport et a racheté le club du Paris Saint-Germain, le dotant d’une pléiade de stars achetées plusieurs millions d’euros.
« Le coup de filet de ce week-end doit nous rendre vigilants »
Ces projets d’investissements dans l’Hexagone suscitent des interrogations dans la classe politique française et notamment au Front national. Dans un communiqué publié lundi, le parti d’extrême-droite a jugé que l’ex-patron de la DST « validait [ses] craintes » vis-à-vis des investissements qataris. « Il n’y a décidément que ses complices du PS et de l’UMP pour croire que l’émirat est bien intentionné quand il investit 50 millions d’euros dans les banlieues françaises », ajoute le parti de Marine Le Pen.
« Le coup de filet réalisé ce week-end dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de Sarcelles doit nous rendre encore plus vigilants sur l’évidente subversion idéologique radicale qui empoisonne les banlieues françaises [...] Cette opération et les réalités qu’elle expose doivent convaincre Arnaud Montebourg et Laurent Fabius – qui a souhaité hier [dimanche] la bienvenue aux investisseurs qataris – de refuser ces investissements », insiste le FN.
Une commission d’enquête sur les investissements du Qatar
À droite aussi, plusieurs figures ont exprimé ces dernières semaines leurs interrogations face aux investissements qataris, même si c’est durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy que les liens entre la France et le Qatar se sont resserrés.
L’ex-ministre Bruno Le Maire s’est ainsi dit « favorable » à l’idée d’une commission d’enquête parlementaire sur les investissements du Qatar en France, proposée par son collègue député UMP Lionnel Luca. Son ancienne collègue du gouvernement Nathalie Kosciusko-Morizet avait abondé dans son sens sur Canal+, au début du mois. « L’investissement étranger doit être recherché mais, surtout dans ces conditions qu’on sent un peu ambiguës, il doit être encadré », avait-elle estimé.
France 24 avec dépêches