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Le blog de Lucien PONS

UKRAINE, Porochenko, massacre, accord d'association [un commentaire du nouveau " Bastille-République-Nations"]

11 Juillet 2014 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Ukraine, #L'OTAN., #Europe supranationale

UKRAINE, Porochenko, massacre, accord d'association [un commentaire du nouveau " Bastille-République-Nations"]

A la Pyrrhus

Le 27 juin 2014, le nouveau président ukrainien, l’oligarque Petro Porochenko, a signé le traité de libre-échange avec l’Union européenne. Ce texte, paraphé en marge du Conseil européen, complète le volet politique de l’accord d’association adopté le 21 mars. Des accords analogues ont été signés également avec la Moldavie et la Géorgie. Bruxelles est donc arrivé à ses fins, du moins sur le papier. A moyen terme, ce résultat pourrait cependant s’avérer une victoire à la Pyrrhus.

Pour l’heure, le prix humain qu’en payent les Ukrainiens, en particulier dans l’Est du pays, est redoutable. Car peu avant que les stylos ne s’agitent à Bruxelles, les forces gouvernementales poursuivaient tirs d’artillerie et raids aériens contre plusieurs villes du Donbass. Cette guerre oubliée des grands médias – dont aucun n’a cette fois parlé d’un chef d’Etat « qui massacre son propre peuple » – a fait des centaines de victimes civiles et des dizaines de milliers de réfugiés. Notamment depuis les massacres d’Odessa (le 2 mai, des groupes fascisants mettaient le feu à la maison des syndicats où s’étaient réfugiés des « pro-russes », dont une quarantaine périrent brûlés vifs) et de Marioupol. A la manœuvre : moins les troupes régulières que les bataillons de la garde nationale (recrutés parmi les volontaires pro-nazis), des milices privées, ainsi que des mercenaires étrangers. Des « conseillers » du Pentagone sont officiellement présents à Kiev.

Selon les Occidentaux, l’élection présidentielle du 25 mai a conféré une légitimité au nouveau pouvoir. Pourtant, ce scrutin avait été marqué par les exactions de bandes armées qui ont imposé la terreur aux opposants, en particulier au Parti communiste. Le candidat de ce parti, qui a échappé à plusieurs attentats, a été contraint de se retirer ; ses députés ont été interdits de siéger ; ses militants sont pourchassés.

Le 18 mars, les habitants de Crimée avaient largement approuvé leur réintégration au sein de la Russie (la presqu’île avait été rattachée à l’Ukraine en 1953). En revanche, dans leur majorité, les Ukrainiens de l’Est ne semblent pas souhaiter cette voie. Mais ils redoutent d’être soumis à la férule directe d’un pouvoir pro-occidental et anti-russe, qui comprend des nostalgiques du IIIèmeReich, et qui rêve d’intégrer l’OTAN. C’est sur ce terreau que différents groupes autonomistes armés ont prospéré dans les régions orientales, sans cependant proposer d’alternative politique claire.

Et maintenant ? A supposer même que le cessez-le-feu prenne réellement corps et tienne, le sort du pays s’annonce sombre. L’arrimage à l’UE exclut désormais que l’Ukraine rejoigne l’Union eurasiatique que Moscou a commencé à constituer avec la Biélorussie et le Kazakhstan. Force est pourtant de constater que les liens de l’Ukraine avec la Russie – historiques, familiaux, mais aussi industriels issus de l’intégration au sein de l’ex-URSS – sont incomparablement plus étroits que ceux avec l’Union européenne.

Les dirigeants européens disent garder en réserve une nouvelle vague de sanctions contre la Russie, soupçonnée d’armer les « séparatistes » de l’Est. En réalité, l’UE et Kiev ont au moins autant à perdre que Moscou dans une telle escalade. Ainsi, Gazprom a coupé, le 23 juin, les fournitures de gaz à l’Ukraine, qui ne payait plus ses factures – soit un arriéré de près de 3 milliards d’euros. En outre, les dirigeants ukrainiens voulaient que soit maintenu un « prix d’ami » pour les futurs contrats, là où les Russes proposent grosso modo le tarif moyen européen, ce qui n’est déjà pas si mal à l’égard d’un pays dont le chef de la diplomatie (ensuite remercié) a publiquement traité le président russe de « connard ».

L’aide des protecteurs occidentaux devrait vite s’avérer amère. La fourniture de gaz (acheté aux Russes) par les Européens ne pourra être que limitée – et chère. Quant à l’économie ukrainienne aujourd’hui sinistrée, les prêts européens et du FMI auront un prix : restructurations industrielles drastiques, austérité, démantèlement de la protection sociale, et hausse vertigineuse du coût de l’énergie pour les ménages.

En outre, le Commissaire européen à l’Energie notait récemment que les crédits pour « sauver » la Grèce étaient… quantité négligeable comparés aux masses financières qui seront nécessaires pour soutenir l’Ukraine. Ca promet.

VANESSA IKONOMOFF

source : BRN

http://www.communcommune.com/article-ukraine-porochenko-massacre-accord-d-association-un-commentaire-du-nouveau-bastille-republique-124119800.html

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