Rappelez-vous les premières révolutions de couleurs. Vous vous souvenez sans doute de toute la sympathie que vous éprouviez pour ces foules d’opprimés qui bravaient les coups de matraque, les gaz lacrymogènes ou les balles en caoutchouc pour réclamer un peu de justice à un « dictateur » sans scrupules avide de pouvoir. Nous avons tous été émus de voir des forces populaires pacifiques éjecter, sans armes, les plus indélogeables des « tyrans ».

Maintenant, nous savons que le principal facteur de réussite de ces révolutions de couleur était la sympathie que nous éprouvions à leur égard. Ceux qui les organisaient y comptaient et faisaient ce qu’il fallait pour créer cette sympathie et l’entretenir jusqu’au changement de régime programmé. Nous les accompagnions jusqu’à la fin et nous applaudissions le renversement du « dictateur ».

Nous étions manipulés, autant que l’étaient les manifestants sur le terrain. Le mécanisme de cette manipulation part d’une demande simple, légitime, parfois vitale, mais difficile à satisfaire dans l’immédiat. Dans un deuxième temps, la difficulté à satisfaire la demande est présentée comme un refus délibéré d’y accéder, pour des raisons non défendables. Les demandeurs sont « travaillés » de manière à ce que ce refus soit inacceptable et amène un début de radicalisation. Nous, en tant que témoins obligés grâce aux médias, nous ne pouvons que prendre fait et cause pour le malheureux demandeur. Dès que la mayonnaise a pris, le processus s’intensifie. Aux premières demandes s’ajoutent d’autres exigences de plus en plus difficiles à accepter, et ainsi de suite, jusqu’à la répression (légale dans tout état), rendant les dirigeants encore plus odieux et les manifestants encore plus sympathiques. Notre sympathie elle-même alimente la révolution en cours. Les organisateurs s’y appuient pour galvaniser les manifestants qui se sentent soutenus, et, devant la montée de la fureur populaire, les dirigeants commencent à faire des concessions, ce qui les mènera à leur perte, puisque les concessions ne sont pas l’objectif final.

On ne peut s’empêcher de relier ce mécanisme, à celui des migrants. A plusieurs reprises, nous avons fait remarquer, dans ce blog, que le phénomène migratoire actuel n’était pas cohérent. Récemment, le magazine Info Direkt citant une note de l’Österreichischen Abwehramts (Service de renseignement militaire autrichien) affirmait que les États-Unis financeraient le trafic des migrants de la Libye vers l’Union Européenne. Qu’ils viennent de Libye ou des camps de réfugiés syriens, ils n’ont pas décidé de partir pour l’Europe, du jour au lendemain, après 4 années de guerre. Il aura fallu que quelqu’un déclenche tout ça et y mette les moyens. Ce quelqu’un serait donc les Etats-Unis.

Pour partir en masse, y compris avec leurs enfants en bas âge, il a fallu que quelqu’un leur ait mis de l’espoir plein la tête, minimisant ou occultant les dangers, à moins que ce ne soit sous la menace de quelque chose de plus terrifiant encore que la guerre qu’ils vivent au quotidien. Dans tous les cas, les voilà partis pour une vie meilleure, qui se transforme très vite en cauchemar. S’ils ne se noient pas en cours de route, ils débarquent sur des côtes inhospitalières où ils ne sont ni attendus, ni désirés.

C’est là que nos émotions sont sollicitées. Le drame des noyades d’abord. Il suffit de se les imaginer, ou de voir les corps complaisamment montrés par la presse, pour se révolter. Les voir rejetés d’un pays à l’autre, ou parqués dans des camps de fortune, est tout aussi insupportable. En faisant appel à l’émotionnel qui est en chacun de nous, toute réflexion sur la situation globale devient impossible. Il n’y a que, d’un côté, ceux qui éprouvent de la sympathie pour ces pauvres malheureux, et de l’autre, ceux pour qui il n’est pas question de recevoir chez eux ces envahisseurs va-nu-pieds.

Mais maintenant ils sont là, et arriveront plus nombreux. Plutôt que de se laisser enfermer dans ce choix émotionnel binaire, pourquoi ne pas tenter de chercher à saisir les desseins de ceux qui, dans cette affaire, manipulent tout le monde, nous comme les migrants. A défaut de pouvoir prédire l’avenir, il est cependant nécessaire de prendre conscience que si, comme l’affirme le magazine Info Direkt, les Etats-Unis sont à la base de cette migration, ce n’est certainement pas pour rien.

Avic – Réseau International