Articles d'Indépendance des Chercheurs : L'affaire d'Olivier Voinnet et le fonctionnement de la recherche (I)
Articles d'Indépendance des Chercheurs :
http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2015/12/29/l-affaire-d-olivier-voinnet-et-le-fonctionnement-de-la-reche-51306.html
L'affaire d'Olivier Voinnet et le fonctionnement de la recherche (I)
Nous articles « Olivier Voinnet et le fiasco de l'évaluation scientifique » (I) et (II) ont évoqué la faillite de l'évaluation scientifique institutionnelle que dévoile l'affaire d'Olivier Voinnet, devenu même membre de l'Académie des Sciences juste avant la mise en cause par Pub Peer de l'un de ses articles les plus cités. Mais peut-on valablement isoler de telles carences de l'évaluation scientifique du fonctionnement global des institutions concernées, à commencer par le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) dont la direction a très tardivement découvert l'affaire et finalement sanctionné Olivier Voinnet au milieu du scandale international ? Or Olivier Voinnet est devenu chercheur du CNRS en 2002. Le fait incroyable que pendant plus de douze ans le Comité National de la Recherche Scientifique « n'ait rien vu », pas plus que les jurys de concours et de prix, ou encore d'autres institutions comme l'Académie des Sciences française et l'European Molecular Biology Organisation (EMBO) qui lui a accordé sa médaille d'or en 2009, nous semble nécessiter une analyse approfondie dépassant les jurys et instances d'évaluation dont la nullité pratique a été mise en évidence. Il y a une semaine, page 24 de son numéro du 21 décembre, Direct Matin employait le titre « La recherche en question » à propos de l'ouvrage de Luis Gonzalez-Mestres L'Enigme Bogdanov (Editions Télémaque). L'Enigme Bogdanov évoque entre autres l'affaire d'Olivier Voinnet et procède à une critique d'ensemble des institutions scientifiques actuelles. Peut-on raisonnablement suivre une autre démarche et ignorer, notamment, l'évolution imposée depuis trois décennies à la recherche française et européenne ? En réalité, dès le départ Voinnet n'a pas été un « simple chercheur » au CNRS mais un directeur de laboratoire influent, et semble même avoir été d'emblée embauché à cette fin dans un système où le rôle des lettres de recommandation est loin d'être négligeable. Comment sa candidature a-t-elle été examinée ? L'affaire d'Olivier Voinnet n'est donc pas uniquement une crise de l'évaluation, mais également une crise des hiérarchies scientifiques et, par là, des prétendues « réformes » progressivement mises en place depuis la deuxième moitié des années 1980 au CNRS et ailleurs. Revenir sur l'ensemble de cette politique récurrente, dont la précarisation croissante du statut des chercheurs « non directeurs » fait également partie, est à présent une première urgence. Pas seulement en France, d'ailleurs.
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et pour rappel :
http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2015/12/23/olivier-voinnet-et-le-fiasco-de-l-evaluation-scientifique-ii-51298.html
Olivier Voinnet et le fiasco de l'évaluation scientifique (II)
Avec le titre « The Top 10 Retractions of 2015 », Retraction Watch publie dans The Scientist le bilan de l'année. La France et ses institutions, notamment l'Académie des Sciences et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), ne sont pas absentes de ce triste « podium ». Le biologiste des plantes Olivier Voinnet les « représente » avec rien de moins que sept rétractations d'articles pendant l'année 2015. Notre article « Olivier Voinnet et le fiasco de l'évaluation scientifique (I) » et d'autres qui l'ont précédé avaient déjà évoqué cette regrettable affaire que notre collègue Luis Gonzalez-Mestres analyse également dans son ouvrage L'Enigme Bogdanov (Editions Télémaque) après l'avoir commentée sur son blog Notre Siècle. Malgré la sanction infligée en juin dernier par la direction du CNRS, Olivier Voinnet reste à ce jour membre de l'Académie des Sciences. Pourtant, évoquant cette affaire dans les pages 383 à 386 du Bulletin Officiel du CNRS de juin-juillet 2015 (paru le 10 juillet), le Président du CNRS souligne que pour la Commission Administrative Paritaire (CAP) « ces faits ne sont pas une simple succession d’erreurs mais le résultat de mauvaises pratiques » et « constituent des manquements graves au principe d’intégrité en recherche scientifique ». Le septième article rétracté par Olivier Voinnet, paru dans The Plant Journal en février 2003 et très cité, est commenté par une note de Retraction Watch du 4 décembre intitulée « Voinnet retracts highly cited paper, bringing his total to 7 ». L'article est signé par l'équipe de recherche au sein de laquelle Olivier Voinnet a obtenu son titre de docteur en 2001 à Norwich (Royaume Uni) avant d'être recruté par le CNRS en 2002 tout en obtenant le Science Magazine Prize for Young Scientist of the year. Un article d'avril 2004 également très cité et retracté, paru dans The Plant Cell, est signé par Olivier Voinnet avec ses collaborateurs de l'Institut de Biologie Moléculaire des Plantes du CNRS à Strasbourg. Voinnet est donc l'auteur commun à ces deux articles récemment rétractés. Or c'est précisément en 2004 que Voinnet a reçu la médaille de bronze du CNRS, qui n'a été que le début d'une longue série de distinctions et de promotions jusqu'à devenir membre de l'Académie des Sciences en novembre 2014. Comment les institutions scientifiques françaises ont-elles pu, pendant plus de douze ans, faire preuve d'une si faible capacité de vigilance et d'évaluation du travail scientifique ? Et qu'étaient devenues les instances d'évaluation statutaires du CNRS au cours d'une si longue période ? L'affaire d'Olivier Voinnet met en évidence un très sérieux problème du fonctionnement de nos institutions scientifiques et de leurs instances. Mais qui ose l'aborder dans la clarté ?
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ainsi que :
Olivier Voinnet et le fiasco de l'évaluation scientifique (I)
Olivier Voinnet, frères Bogdanoff et procédures du CNRS (I)
Olivier Voinnet, frères Bogdanoff et procédures du CNRS (II)
Olivier Voinnet, frères Bogdanoff et procédures du CNRS (III)
Olivier Voinnet, CNRS : une sanction de fait inexistante ?
L'Enigme Bogdanov, de Luis Gonzalez-Mestres (I)
Institutions scientifiques, évaluation, objectivité (I)
Institutions scientifiques, évaluation, objectivité (II)
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Bonne Fête de fin d'année et très heureuse année 2016 !
Cordialement
Le Collectif Indépendance des Chercheurs
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