
Les Etats Unis et l'OTAN auraient-ils la tentation d'une guerre chaude?
samedi 9 juillet 2016
Les Etats Unis et l'OTAN auraient-ils la tentation d'une guerre chaude?

L'agressivité de la propagande guerrière anti-russe atteint des niveaux inquiétants juste au moment où l'OTAN lance son sommet sur le thème non pas de la lutte contre le terrorisme, mais sur l'endiguement de la menace russe. Il s'agit certes d'une rhétorique, mais elle continue à se réaliser par ce qui est désormais appelé le renforcement du front oriental.
Nos dirigeants n'ont pas connu de conflit mondial, ils n'ont qu'un souvenir indirect des horreurs de la guerre, elle est un récit. Pour eux, elle devient un élément comme un autre de la politique internationale, un instrument qu'il est envisageable d'utiliser. Elle se résume en stratégie, commémorations diverses et variées, drapeaux au vent et chants vainqueurs. Le guerre moderne est presque, dans leur représentation, semblable à un jeu vidéo, avec ses drones, robots. Les morts ... sont chez les autres. Ils sont déhumanisés. Des pertes collatérales. Collatérales à quoi? Au but fondamental: la victoire d'un monde unipolaire.
Et l'on voit les médias présenter cette mythique "agression" russe de l'Europe comme une possibilité réelle. Une possibilité contre laquelle les pays de l'Est doivent être protégés par l'OTAN. Un reportage totalement fou est sorti sur Euronews, dans l'émission Insiders: Small Lithuania's big fears of Russia.
Dans cette émission, l'on voit comment l'armée de l'OTAN est dissimulée un peu partout, prête à défendre l'Europe contre "l'agression russe". Maintenant, il est clairement dit que les manoeuvres de l'OTAN sont dirigées contre la Russie. L'on peut également entendre l'interview d'une jeune lithuanienne, dont le père est polonais et la mère russe répondre à la question suivante: en cas d'agression russe, vous n'aurez pas de difficulté à vous battre contre les russes? Réponse: non bien sûr, je défendrai le pays où je suis née. L'agression est donc une certitude, seule sa date reste à déterminer. Et les populations de l'est sont "préparées", formatées à cela. Voici l'épisode.
Même si l'OTAN affirme qu'ils ne développent pas de politique de confrontation avec la Russie, mais une politique d'endiguement, les faits démentent les dires. Tout d'abord, la stratégie de l'endiguement, ou doctrine Truman développée en 1947 contre le bloc communiste pendant la guerre froide pour stopper l'extension de la zone d'influence soviétique, ne correspond pas à l'extension de l'OTAN aux portes de la Russie. Il apparait clairement un parallèle entre extension de l'UE à l'est et extension de l'OTAN.

En ce qui concerne la répartition géographique des bases de l'OTAN, voici une carte publiée sur le site Les Crises, montrant bien tout le paradoxe des accusations portées contre la Russie:

Il semblerait que la technique de l'endiguement ne soit pas que politique ...
Il faut dire que depuis longtemps, "l'agression russe" est lancée dans les médias. Depuis la Crimée en fait. En accusant la Russie d'avoir agressé l'Ukraine. Oubliant que ce n'est pas la Russie qui a financé et organisé le coup d'état de Kiev, que ce n'est pas la Russie qui a envoyé l'aviation ukrainienne contre la population civile du Donbass et que la population de Crimée, rejetant ce coup d'état criminalo-fascisant a décidé de rentrer en Russie, où sa vie est paisible.
L'on ne compte plus les sous-marins russes que la Suède cherchait partout pendant 9 mois. Accusant la Russie de violer son espace maritime, accusant la Russie d'agression ... et finalement ce magnifique sous-marin a été retrouvé. Il était au fond depuis plus d'un siècle:
Les plongeurs déclarent qu’il a l’air moderne, sans dommage apparent. “Cela signifie que l’équipage peut encore se trouver à bord”, dit l’un des plongeurs au quotidien de Stockholm. Des cohortes d’experts suédois pointent aussitôt le doigt vers la Russie, et avancent la thèse d’une mission d’espionnage, annonçant une crise potentielle.D'autant plus que tout le monde connaissait l'emplacement de ce navire depuis un an: une série télé y a été tournée ... Bref, un coup monté, mal monté, mais qui contribue à l'hystérie ambiante.Une journée aura suffi à révéler le pot aux roses. Le sous-marin est, selon les dernières analyses, de la classe Som. Il s’agirait d’un submersible russe coulé en 1916 après une collision avec un navire suédois.
Ou bien aussi la Finlande, que l'OTAN veut à tout prix intégrée et qui a vu son espace aérien, soi-disant, violé systématiquement par des avions de chasses désignés comme étant "russes" ... qui n'ont pas été identifiés car aucun des avions de l'OTAN qui y volent n'ont de système d'identification non plus. Donc ces avions étaient russes, il faut faire comprendre la menace à la population. Pour l'instant, la Finlande résiste et protège encore sa neutralité. En visite officielle, le Président russe a rappelé que les troupes russes étaient basées à 1500 km de la frontière, mais si la Finlande entre dans l'OTAN, alors, il faudra bien défendre la frontière.
L'on apprécie également la critique faite à la Russie de faire des exercices militaires, en ayant prévenu à l'avance les pays de l'OTAN, sur son propre territoire. En effet, de quel droit, c'est de la provocation. Ou encore les incursions aériennes "à proximité" de et non dans l'espace aérien des pays baltes.
Ainsi, sur ce fondement, l'OTAN se renforce dans ce qu'ils appellent le front oriental (expression qui fait penser au Front de l'Est, mais alors contre un autre ennemi), envoyant soldats étrangers, boucliers aériens, des navires de guerre dans la Mer Noire, de l'artillerie lourde etc. Car l'OTAN est une organisation pacifique face à l'agression russe.
Et Poroshenko revient sur le devant de la scène, affirmant l'intérêt primordial que peut jouer l'Ukraine, faisant ses déclaration quand même dans le Wall Street Journal:
"Pas un seul Etat membre de l'Otan n'a d'expérience pratique de combat contre l'armée russe contemporaine, et l'Ukraine en a. (...) Rien que l'année dernière, nous avons prévenu quelque 300 attaques terroristes préparées par la Fédération de Russie. (...) Une coopération plus profonde entre l'Ukraine et l'Alliance renforcera la stabilité en Ukraine, en Europe de l'Est, dans la région de la mer Noire et sur l'ensemble de l'espace transatlantique"
Non, P. Poroshenko n'est pas fou. Ce serait plus simple et moins grave. Il joue le rôle qu'on lui fait jouer. Autrement dit, ces paroles devaient être prononcées.
Tout ceci ressemble beaucoup à une poussés hystérique. Même la presse américaine, parfois, semble avoir du mal à justifier cette politique de confrontation irresponsable. The Nation:
Basically, it's very hard to imagine a scenario in which Russia would initiated an armed attack on NATO.
Pour autant, le journal reconnait que l'agenda prévu par l'OTAN est bien celui d'une guerre chaude, non celui d'une guerre froide:
For the first time in a quarter-century, the prospect of war—real war, war between the major powers—will be on the agenda of Western leaders when they meet at the NATO Summit in Warsaw, Poland, on July 8 and 9.
Il faut dire que des intérêts se rejoignent:
- L'OTAN ne peut exister que s'il existe un ennemi à combattre. Le terrorisme est un ennemi désincarné, diffus, il n'a pas de réel visage, il est un peu partout, insaisissable. Et l'OTAN n'est pas une structure adaptée à combattre contre ce type d'ennemi. Il faut quelque chose de stable. Un pays. La Russie est un parfait candidat, d'autant plus que les réflexes reviennent facilement. On se sent à l'aise, on connait le scénario.
- Les Etats Unis sont en crise. Cela fait longtemps, mais ça ne s'arrange pas. Leur modèle social d'une soi-disant tolérance entre les races et les croyances vole en éclat car il n'a jamais exsité, la paupérisation de la société se renforce, son image à l'étranger est trop sanguinaire, son cynisme politique à l'international inefficace. Mais ici aussi les réflexes sont difficiles à faire tomber, ils jouent dessus. Sachant très bien que ça ne durera pas éternellement, surtout avec la montée de la Russie sur la scène internationale. Alors pourquoi pas? Lancer les pays de l'est comme l'Ukraine, les pays baltes et autres nouveaux européistes qui veulent montrer pattes blanches au nouveau maître. Si la Russie ne réagit pas, en tout cas elle y laissera des plumes et si elle répond, elle devient l'agresseur tant attendu. Les Etats Unis se rêvent alors naïvement dans le rôle du sauveur de l'Europe et cette fois-ci pas d'armée rouge pour leur faire concurrence. Ils pourront débarquer à l'heure du journal sur CNN. Les conséquences? On verra alors. Leur incapacité à projeter dans le long terme en matière de conflit armé n'est plus à prouver.
Celui qui croit que plus de sécurité passe par des parades symboliques de chars se trompe. Nous devrions éviter d'envenimer la situation avec des cris guerriers et des bruits de bottes.Il serait fatal de réduire notre politique à une dimension militaire et de considérer que la dissuasion militaire constitue notre seule option
Finalement, il devient évident que la paix en Europe a bien fini par dépendre de la Russie, mais pour des raisons inversées: c'est le seul pays à pouvoir protéger l'Europe d'une guerre tant demandée par les Etats Unis et son bras armé l'OTAN. La Russie qui reste stoïque face aux diverses provocations. Espèrons qu'elle le restera longtemps, le temps que de véritables hommes d'état arrivent au pouvoir. Il bien en rester quelques uns ...
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