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Le blog de Lucien PONS

Aux Etats-Unis, l’adoption se transforme en un marché d’« enfants jetables », par Auguste Bergot .

27 Février 2018 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Europe supranationale, #AMERIQUE, #l'ultralibéralisme., #l'horreur économique

Aux Etats-Unis, l’adoption se transforme en un marché d’« enfants jetables »
 
 
 

Au « pays de l’ultralibéralisme » tout s’achète, tout se compare et tout se vend. Même les enfants. C’est du moins ce que montre (entre autres) le documentaire bouleversant « La foire aux enfants » réalisé par l’émission Sept à Huit.

Des enfants, âgés de 6 à 18 ans, défilent sur un podium. Sous les applaudissements d’une assemblée de parents curieux, une voix au micro les présente brièvement : « Melodie a 14 ans, elle aime être le centre de l’attention et adore le rose ! » L’enfant avance, portée par les regards intrigués de la foule, et mime les gestes qu’exécuterait un mannequin à un défilé de mode.

Pourtant, ce n’est pas des vêtements ou un style que l’on vend ici, mais bien ceux qui les porte. Ce défilé, c’est en réalité une « foire aux enfants », la mise en scène ahurissante des enfants de différents organismes privés spécialisés dans l’adoption. L’événement, baptisé #MeetTheKids a tout d’un salon professionnel classique. Différentes agences privées sont réunies et tiennent des stands. Elles y font la présentation de leurs « produits » exhibés sur un catalogue qui comporte également de courtes descriptions de l’enfant.

 

Crédits : Sept à Huit / TF1

 

Après le défilé, les enfants qui ont « tapé dans l’œil » des parents sont invités à se joindre à eux pour une sorte de speed dating où tout se joue. En une dizaine de minutes, les couples parents-enfants doivent faire connaissance. Ces rencontres express pourront aboutir dans le meilleur des cas à une adoption. Mais ce n’est pourtant pas un cas de réussite que présente Sept à Huit, mais plutôt celui d’une désillusion : d’un côté une jeune fille, qui se livre entièrement et qui nous dit que son cœur la porte vers cette mère ; de l’autre, une mère, plutôt enthousiaste, mais qui semble se refroidir lorsqu’elle apprend que la jeune fille n’est pas baptisée – un critère déterminant pour elle, souligne le documentaire.

Cet exemple pour le moins choquant où l’enfant (dont on imagine à peine la souffrance) est réduit au statut de produit, n’est pourtant que le symptôme d’une réalité bien plus problématique. En effet, aux Etats-Unis l’adoption est devenue un véritable marché, et les enfants qui ici défilent sur le podium sont des enfants qui ont déjà été adoptés puis rejetés ; parfois plusieurs fois.

Aux Etats-Unis, une adoption sur quatre est annulée par les parents. Aucune justification n’est demandée. Et comme si le fait qu’une adoption annulée fasse diminuer la valeur du « produit », un enfant réadopté coûte en moyenne deux fois moins cher qu’un enfant « de première main » – « comme on se débarrasse au profit d’un inconnu d’une voiture d’occasion » souligne tristement le documentaire. La prise en charge par des organismes privés des structures d’adoption fait qu’ici encore, le client est roi, « satisfait ou remboursé », et ce au détriment du vécu des enfants.

L’ultra-libéralisme prend ici, plus que jamais, une figure monstrueuse. Et dans sa forme même (nous ne nions pas la bonne volonté des parents ou même des organismes), on a l’impression de tomber dangereusement dans des modèles qui rappellent les ventes d’esclave…

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