journée nationale d'action unitaire des personnels des Ehpad le 30 janvier. Le mouvement a été très suivi, en dépit des évidentes difficultés que ces salariés éprouvent à ne pas laisser les résidents sans soins.
 
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 Ils ont été, la plupart du temps, soutenus par l'encadrement et les directions des établissements. Le premier succès de cette journée est incontestablement l'irruption de ce conflit dans le débat politique, social et sociétal. Il a été largement et plutôt bien couvert par les médias qui ont mis en lumière l'épuisement des professionnel-les, l'indignité et la maltraitance institutionnelle dont souffrent les anciens.

Après le conflit des prisons qui devrait connaître cette semaine une nouvelle phase avec l'appel de la CGT et de FO à une nouvelle journée de mobilisation dans la pénitentiaire, le mouvement dans les Ehpad marque peut-être un retournement de situation et présagent de mois difficiles pour l'exécutif qui a conduit et entend accélérer son programme de réformes. Les récents sondages d'opinion attestent de ce retournement de l'opinion. Cinq points de moins pour Emmanuel Macron pour BVA, 4 de moins pour Elabe, 2 de moins pour l'Ifop, et une chute analogue pour le Premier ministre avec une chute de 3 (Elabe) à 7 points (BVA).

Les récentes tensions sociales participent à cette chute de l'exécutif dans les sondages.

Près de neuf Français sur dix (87 %) soutiennent les mouvements de contestations dans les prisons, les hôpitaux ou les Ehpad, selon l'institut Odoxa, et une majorité (55 %) pense que les salariés du public pâtissent de la politique du gouvernement. Ces enquêtes traduisent l'inquiétude d'une large part de la population sur la situation économique. 70 % des Français ne font pas confiance à Emmanuel Macron et au gouvernement pour améliorer leur pouvoir d'achat, selon Elabe, et 58 % pensent que leur situation financière va au contraire se dégrader, contre 8 % d'un avis contraire.

La rudesse de la chute doit nous rappeler qu'Emmanuel Macron est le président le plus mal élu de la 5e République, qu'il y a bien un fossé entre son élection par défaut pour écarter le risque d'une élection de Le Pen et l'adhésion des Français à son programme. Ces mobilisations, les annonces de suppressions d'emplois sécurisées et facilitées par les ordonnances, les fermetures industrielles annoncées, les réformes en cours de chantier comme l'assurance chômage, la formation professionnelle, l'entrée à l'université, les retraites, forment un cocktail potentiellement explosif auquel le gouvernement vient d'ajouter jeudi, un premier pan du projet de réforme de l'État et des services publics, « Action publique 2022 » qui prévoit un vaste plan de départs volontaires pour les fonctionnaires et une remise en cause du statut. Cette accumulation de dossiers potentiellement explosifs dans un temps très court procède évidemment d'une stratégie assumée qui a pu prospérer depuis le début du mandat d'Emmanuel Macron sur la division syndicale.

A contrario on a pu voir que l'unité syndicale a été un facteur déterminant de la puissante mobilisation des personnels des Ehpad. L'enjeu pour les organisations syndicales c'est de lui donner des suites Elles ont été envisagées dès le 31 janvier par l'intersyndicale qui réitère son exigence d'être reçue par Emmanuel Macron pour répondre aux revendications. Faute d'une réponse favorable avant le 15 février, les syndicats envisagent une nouvelle journée d'action pouvant aller jusqu'à la grève dans la période du 12 au 15 mars.

 

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT