
Bien que le nombre de violations quotidiennes reste faible en République Populaire de Donetsk (RPD), le calibre des armes utilisées et le nombre de victimes civiles repartent à la hausse.
Aujourd’hui, à deux reprises (à 10 h 30 et à 13 h), l’armée ukrainienne a ainsi tiré sur le village de Kominternovo (dans le Sud de la RPD) avec de l’artillerie de 122 mm. Au total, 35 obus ont ainsi été tirés par les soldats ukrainiens, en violation des accords de Minsk.
Suite à la deuxième salve de tirs, un civil de 53 ans habitant le village de Kominternovo, a été blessé.
Hier soir, c’est à Gorlovka que l’armée ukrainienne a blessé un autre civil, lors de tirs au mortier de 82 mm sur la périphérie Ouest de la ville. D’après les médecins son état après opération est modérément grave. L’homme de 36 ans a reçu des éclats d’obus à la tête, dans la poitrine, l’abdomen et l’épaule gauche.
En République Populaire de Lougansk (RPL), le 17 juin, l’armée ukrainienne a rasé à coup d’artillerie de 152 mm la dernière maison du village de Jelobok. Le tout sur fond de déclarations tonitruantes de la propagande ukrainienne annonçant que les FAU ont avancé de deux kilomètres vers la RPL. Ces allégations ont été démenties par le porte-parole de la milice populaire de la RPL.
Ces nouvelles, en pleine coupe du monde de football en Russie, ont poussé Vladimir Poutine à exprimer son inquiétude, lors d’une conversation téléphonique avec Petro Porochenko.
Le service de presse du Kremlin a ainsi rapporté que Vladimir Poutine avait « exprimé sa préoccupation face à l'aggravation de la situation dans le Donbass, et le nombre croissant de victimes civiles à la suite d'attaques fréquentes de la région par les Forces Armées Ukrainiennes. »
Le président russe a aussi rappelé à son homologue ukrainien qu’il n’y avait pas d’alternative aux accords de Minsk pour résoudre pacifiquement le conflit et qu’il fallait améliorer l’efficacité des négociations à Minsk et dans le cadre du Format Normandie.
Un avertissement qui a peu de chances d’être plus écouté par Porochenko que les précédents. Et face à cet échec évident et flagrant des accords de Minsk à résoudre le conflit du Donbass, de plus en plus de voix parmi les députés russes se font entendre pour revoir la politique du Kremlin face à l’Ukraine.
Le mois dernier, c’était un député (et Vice-président du comité central) du parti communiste, Iouri Afonine, qui avait appelé le gouvernement russe à reconnaître la RPD et la RPL.
« Nous avons dit à plusieurs reprises, ainsi que la faction du Parti Communiste à la Douma, qu’il était nécessaire de reconnaître la RPL et la RPD. Tout est clair, il n’y a pas de Format Normandie, personne ne va nous écouter, ils occupent petit à petit le territoire de la zone neutre, toujours plus près de Donetsk. Il est donc nécessaire de dire clairement : « Le format a échoué, reconnaissons la RPL et la RPD et protégeons nos citoyens ». Toutes les tentatives de résoudre quoi que ce soit avec le régime actuel de Kiev et des États-Unis, qui secouent le bateau de la politique mondiale, échoueront, » avait ainsi déclaré Afonine.
Ce député de la Douma a été rejoint hier par un député du parti LDPR (parti de Jirinovski), Alexandre Cherine, qui a rappelé qu’il restait jusqu'au 25 juin à la Douma pour annoncer la révocation du traité d’amitié avec l’Ukraine et pouvoir ainsi reconnaître ensuite la RPD et la RPL.
Ce traité a déjà été menacé plusieurs fois de révocation par Kiev, y compris encore en mars et avril de cette année. Si l’Ukraine renonce jusqu’ici à aller jusqu’au bout de cette démarche ultra-nationaliste suicidaire, c’est que ce traité définit entre autre les frontières entre les deux États ! Si l’Ukraine révoque le traité alors la Russie n’a plus à reconnaître les frontières communes qu’elle a avec l’Ukraine. Vous voyez le tableau.
Kiev reculant devant la menace que ferait planer cette révocation, il semble que certains députés russes aient décidé de remettre cette idée sur le tapis. Dont acte.
Alexandre Cherine a ainsi déclaré, que « le 25 décembre 2018, le traité d’amitié, de paix et de coopération entre la Russie et l’Ukraine sera automatiquement prolongé ». Au vu du comportement inacceptable et brutal de l’Ukraine envers la Russie, les russophones et les vétérans de la Grande Guerre Patriotique, le député estime que la Russie doit réagir, et se retirer du traité.
D’après lui, l’article 40 du traité d’amitié indique que « si l’une des parties informe l’autre par écrit de son retrait de ce traité dans les six mois [avant la date de renouvellement], alors l’accord prend fin ». En clair, la Douma aurait jusqu’au 25 juin pour prendre cette décision, qui serait lourde de conséquences.
« Je pense que nous devons adopter une déclaration commune, appelant les dirigeants de la fédération de Russie à informer l’Ukraine de notre retrait de ce traité », a ainsi poursuivi Cherine avant de souligner que la prochaine étape serait la reconnaissance officielle de la RPD et de la RPL.
« Il est nécessaire de reconnaître la RPD et la RPL, conclure des accords ad-hoc avec elles, travailler avec ces territoires, qui nous acceptent et veulent être amis avec nous. Ainsi nous enverront un signal aux personnes qui sont amicales envers la Russie, et à celles qui mènent une politique agressive envers la Russie, » a conclu le député.
Espérons que ces propositions calment les ardeurs de Kiev dans le Donbass, et poussent l’Ukraine à retourner à la table des négociations...
Christelle Néant