Nous sommes le pouvoir
Je reconnais que je tolère de moins en moins le principe même de la représentation parce qu’il est toujours le moyen de violer le peuple et les militants des partis. Car quand bien même existent des statuts ou des dispositions constitutionnelles pour se prémunir des abus et des détournements de pouvoir, pour ne pas dire de la confiscation du pouvoir, ce ne sont que des textes, qui ne valent que si on veut bien les respecter et les faire appliquer. Or, souvent, les majorités se taisent et laissent faire ceux qui tiennent la barre, pour de multiples raisons. Et celles et ceux qui sont sensés faire respecter les lois (comme la commission de résolution des conflits au sein des partis) se mettent au service des décideurs suprêmes. Je sais cela aussi de mon expérience au PG.
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Il faut pourtant, à un moment ou à un autre, confier une parcelle de pouvoir à des représentants car les dizaines de millions de Français ne peuvent pas gouverner eux-mêmes chaque jour mais il faut alors que le mandat soit clair et enfermé dans le temps avec tout l’appareillage qu’il faut pour évacuer tout représentant qui abuserait de son pouvoir et qui voudrait s’autonomiser de celles et ceux qui l’ont mis au pouvoir.
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Je suis confiant dans l’avenir. Le peuple français aujourd’hui est bien plus éveillé qu’il ne l’était hier, même si une partie, hélas, est abêtie par les medias qui forment sa conscience et colonisent son imaginaire.
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Il faut toujours que des gens sortent du rang et entraînent les autres. Nous avons besoin de ces gens-là !
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Je ne crois plus, voyez-vous, que nous gagnerons tranquillement une élection présidentielle, la seule qui compte dans le système français tel qu’il est. Et quand bien même « un ou une des nôtres » la gagnerait, quelle garantie aurions-nous que lui (ou elle) et ses proches ne nous trahiraient pas à leur tour ? Je vais plus loin, et à l’instar d’une de mes plus proches amies, je suis convaincu que si l’un ou l’une des nôtres gagnait une élection présidentielle, comme cela, à froid si j’ose dire, alors même que le système contrôle encore tout, c’est que ce ou cette nouvel-le élu-e ne menacerait pas fondamentalement ledit système !
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Nos rêves ne logent pas dans vos urnes
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Nous n’avons aucune de ces garanties minimales quant à ce que feront demain celles et ceux qui disent aujourd’hui vouloir nous servir ! Il nous faut donc leur faire confiance et espérer ! Désolé mais c’est un peu court ! Surtout quand la confiance a été rompue et que la défiance l’a remplacée.
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Une autre de mes amies est convaincue (elle a déjà, maintes fois, eu l’occasion de s’exprimer sur ce sujet) que le peuple qui aura élu, le cas échéant, un ou une des nôtres, devra, dès le jour de son élection, et chaque jour qui passera, rester mobilisé en masse pour bien faire passer le message que les nouveaux “princes” de la République ne sont là que pour nous. Elle dit que ce peuple devra donc tenir les rues et les places, relayer tout ce qui sera positif mais aussi s’opposer à tout le reste !
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Elle dit aussi, à juste titre, comme la première amie que j’ai évoquée, que Mélenchon ou une personne déterminée à vraiment changer de régime et de système ne sera élue qu’au terme d’un processus révolutionnaire qui aurait mis à terre le régime et le système actuels. Ce n’est pas une élection présidentielle en amont qui le permettra. Par contre, une fois le régime et le système à terre, une élection pourra asseoir l’autorité du nouveau régime. C’est dans ce sens-là désormais qu’il faut voir les choses. Et je pense que vous tous devriez y réfléchir !
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Ces deux amies considèrent ainsi que de toute façon on ne gagnera plus par le biais d’une élection et je suis bien d’accord avec ce postulat. Le système est entièrement verrouillé. Il nous faut faire le travail [et comme il a déjà été entrepris, il suffit de le poursuivre] de pédagogie afin d’instiller dans les consciences des gens l’esprit de révolte contre l’inacceptable ! Et d’instiller aussi dans les têtes la confiance non pas en tel ou telle personnalité plus talentueuse que d’autres, mais installer dans la tête des gens la confiance en eux-mêmes. Qu’ils ne croient plus qu’ils sont incapables de penser par eux-mêmes ou de se gouverner par eux-mêmes.
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Une de ces deux amies a eu l’occasion de dire que Mélenchon et les siens auraient dû refuser de reconnaître l’authenticité du résultat bidonné, truqué du 1er tour ! Elle dit qu’il aurait dû appeler les gens à la révolte et à descendre en masse dans les rues. Elle dit que même sans un tel appel, les gens auraient dû en prendre l’initiative. Elle a raison ! Nous ne serions pas là où nous sommes si cela avait été fait ! Mais ni lui, ni nous n’avons rien fait de tel !
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Il est vrai que le sieur Mélenchon est un légaliste ! Il ne veut plus apparaître comme un trublion ou comme quelqu’un qui veut renverser le régime autrement que par l’élection. C’est un noble sentiment s’il s’agit de respecter le suffrage populaire et de ne pas opposer à sa volonté majoritaire un régime et des politiques dont il a dit qu’il ne voulait pas. Sauf que les choses ne se présentaient pas ainsi. Nous avons toutes les raisons de penser, et bien des preuves ont été mises sur la place publique, que ce premier tour a été truqué. Oui, je dis bien « truqué ». Pas seulement manipulé psychologiquement par la force médiatique, mais bel et bien truqué !
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Si Mélenchon avait rendu publiques toutes les preuves qu’il a dû recevoir de toutes celles et de tous ceux qui avaient été victimes de ces multiples « irrégularités » comme on le dit dans un langage très euphémisant, s’il avait pris le peuple électeur à témoin que le système, contrôlé alors par le PS, avait violé l’élection, s’il avait osé contester l’honnêteté de ce scrutin jusque devant le Conseil constitutionnel en présentant les preuves qu’il devait avoir, qui sait ce qui serait advenu. Bien sûr on l’ignore mais comme le dit un dicton populaire : “qui ne tente rien n’a rien!” Mélenchon ne l’a pas fait. Il s’est tu. Il a ravalé sa colère et a joué le jeu du « Bon républicain respectueux des institutions ». Ce fut une énorme erreur stratégique !
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Mélenchon se plaint souvent que l’Histoire soit “longue à s’accomplir” mais s’il la provoquait un peu lui-même, cette Histoire, peut-être qu’elle adviendrait plus vite…
Plutôt que de se mouler dans le système, en ne disant rien sur le viol de l’élection, en jouant le jeu de l’Assemblée Nationale, puis en voulant aujourd’hui jouer encore le jeu du Parlement européen, plutôt que de se positionner au centre de ce qu’il croit être la force qui le soutient, au lieu de suivre les plus mous, les moins résolus, les plus modérés, les plus timides, les moins ambitieux dans les changements à opérer et les ruptures à assumer, oui, si au lieu de cela, il avait pris, comme nous avons été si nombreux, depuis des années, à le lui demander, la tête du train en osant proposer des choses que peut-être, a priori, la majorité ne voulait pas, mais dont il aurait fait la pédagogie, je sais qu’il aurait été entendu, largement entendu, et très au-delà des milieux du Parti de Gauche ou de la France insoumise.
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Il ne l’a pas fait. Jamais il n’a voulu le faire. C’est une volonté consciente de sa part. Et voilà qu’il ne tient même plus la ligne d’hier mais qu’il revient à celle d’avant-hier !
J’ai dit, il y a quelques jours, que la maison brûlait ! C’est tout à fait pertinent. Il semble que peu le voient sauf quelques rares courageux qui ont osé sonner l’alarme.
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Pour ma part, je ne vais plus, comme certains, me contenter de jeter des bouteilles à la mer. Les dizaines que j’ai lancées depuis des années se sont perdues ! J’ai perdu patience et j’ai perdu espoir en Mélenchon et dans ses amis !
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La vie des Français, et la vie des Européens, comme la vie des êtres humains, ne dépend pas ***QUE*** des bonnes volontés de Jean-Luc Mélenchon. Elle dépend surtout de chacun de nous, qui doit mesurer l’urgence du moment et agir en fonction d’elle.
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À chacun de nous de nous organiser pour REPRENDRE LE POUVOIR, TOUT LE POUVOIR ! Et faisons-le avant que d’autres le fassent pour nous emmener très loin de ce que nous voulons !
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À chacun de nous d’être de vrais rebelles, pas des Insoumis qui se soumettent et dont beaucoup trop portent si mal leur titre, mais de vrais INDOCILES, de vrais REBELLES, de vrais indépendantistes !
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Il nous faut un nouveau CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE. Je l’ai toujours cru et je l’ai dit depuis des années, mais cela vaut aujourd’hui plus que jamais, en particulier quand on voit, à nos portes, la menace fascisante. Et je pense à l’Ukraine bien plus qu’à certains pays d’Europe de l’Est ou du Sud, cette Ukraine gouvernée par des Nazillons qui se reposent sur des milices ouvertement fascistes et nazies, cette Ukraine largement aidée, cajolée, défendue, arrosée de milliards par l’UE qui tance la Hongrie et l’Italie mais soutient autant qu’elle peut cette Ukraine qui remet au goût du jour l’esprit nazi !
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Ce CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE ne devra pas être un clone du précédent.
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1/ Il ne s’agira pas de restaurer le capitalisme de papa ou de grand-papa mais de nous en libérer, totalement et définitivement !
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2/ Il ne s’agira pas de copier ce qui fut fait en 1944 mais d’inventer, d’innover car le monde, l’Europe et la France en 2018 et les années à venir n’ont pas et n’auront pas grand chose à voir avec ce qu’ils étaient en 1944.
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3/ Il s’agira d’élargir très largement ce CNR au plan européen et mondial pour créer en quelque sorte une nouvelle INTERNATIONALE DES PEUPLES.
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Le travail est immense mais nous ne partons pas de rien en France !
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Et en Europe comme dans le monde, partout ou presque, les peuples grondent et parfois se sont déjà organisés ou ont commencé à s’organiser, parfois à bas bruit et hors des écrans radar des medias aux ordres des oligarchies, mais ils sont vivants, ils sont actifs, ils grouillent de bonnes volontés, d’intelligences, de compétences, de dévouement. Et parfois de grand courage, jusqu’au courage ultime, celui de se sacrifier, celui de donner sa vie au service des autres !
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À nous d’être à la hauteur !
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Certes, ce n’est pas facile. Certes, rien ne nous sera donné. Il nous faudra aller l’arracher. Mais si nous ne nous révoltons pas, si nous acceptons notre sort en grognant à peine, si nous jouons le jeu pensé par nos ennemis, dans le cadre dessiné par eux, alors n’espérons rien ! Et taisons-nous à jamais !
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Moi, je n’ai pas envie de me taire et je n’ai pas envie de regarder les trains conduire les masses, contre leur gré ou à leur insu, là où elles ne veulent pas aller !
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Alors soyons tous des Indiens ! Arrêtons ces trains de l’enfer ! Mettons leurs conducteurs aux arrêts si tant est que ce ne soit pas des « malgré-nous » ! Et frappons aussi et surtout au coeur de la forteresse plutôt que de nous en prendre à ses gouverneurs !
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Oui, là encore, je fustige, chez Mélenchon, la stupide stratégie du référendum anti-Macron. Macron fait-il des choses si radicalement différentes de SARKOZY ou de HOLLANDE, de BLAIR, de SCHRÖDER, de MERKEL, de GONZALES, de ZAPATERO et de tous les autres ?
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Croyez-vous qu’en étant débarrassé de ce « petit copiste de la Commission européenne”, nous serons débarrassés de nos chaînes ? Si nous obtenons sa tête, l’oligarchie sortira de son placard doré un autre geôlier qui nous “la” mettra encore plus vite et encore plus fort !
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Ce n’est pas nous débarrasser de p’tit mac’ dont nous avons besoin ! Nous devons nous débarrasser de la camisole de force capitaliste et impérialiste donc nous libérer de l’UE et de l’OTAN, mais aussi de toutes les institutions internationales, continentales et nationales qui constituent des bras armés du capitalisme !
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Et cela, nous ne pourrons le faire qu’ensemble ! Après que le peuple y ait été préparé par un travail d’éducation populaire comme cela fut magnifiquement fait en 2005. Nous ne pourrons le faire qu’en étant libres et pas en étant aux ordres de quelqu’un ou d’un groupe. Nous ne pourrons pas le faire si quelqu’un décide pour nous de ce qui est bon et de ce qui ne l’est pas, de ce qui doit être fait et de ce qui doit être refusé ! C’est à nos représentants de nous obéir et pas l’inverse. Ou alors assumons de dire que nous ne voulons pas de démocratie !
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Chacun doit prendre part à l’oeuvre collective et avant de désigner des représentants pour faire cette partie du travail que nous tous ne pouvons pas faire au quotidien [gouverner le pays], il faut déjà que nous soyons tous et toutes convaincu-e-s, imprégné-e-s de l’idée que nous sommes les seuls souverains, donc les seuls décideurs de notre destin collectif.
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Nous ne sommes plus au temps des Rois. Nous sommes un PEUPLE LIBRE !
Tous les peuples du monde sont par essence et doivent être en pratique des PEUPLES LIBRES ! Libres de décider de leur propre destin. Libres de s’associer avec qui ils veulent ! Libres de refuser d’obéir à toute autorité surtout si elle est illégitime et s’arroge des droits sur nous que nous ne lui avons pas octroyés !
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Alors agissons comme tels !
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Il ne faut pas seulement tourner la page, il faut changer de livre