Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Lucien PONS

Après Dieudonné, Taddéi ? Glissements progressifs vers une dictature de la pensée. Le blog de Nicolas Bourgoin.

20 Janvier 2014 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Les Antifafs.

Après Dieudonné, Taddéi ? Glissements progressifs vers une dictature de la pensée.

L’affaire Dieudonné n’en finit pas de faire des vagues. Déjà mise en sursis après l’attaque violente de Patrick Cohen contre le choix éclectique de ses invités (Michel Collon, Tariq Ramadan ou Alain Soral, bannis ailleurs, y trouvaient parfois refuge), l’émission de Frédéric Taddéi Ce soir (ou jamais !) a fait les frais de la guerre menée par le gouvernement contre la parole dissidente. Supprimée, elle sera remplacée par un talk-show animé par Alessandra Sublet nettement plus consensuel. L’émission du 10 janvier consacrée à Dieudonné et à laquelle le "sulfureux" Marc-Édouard Nabe fut invité (lire ici) aura été pour l’animateur l’émission de trop, en dépit du déséquilibre flagrant en faveur des anti-dieudonnistes (Jean Bricmont était bien seul contre tous …). La dictature de la pensée unique, c’est maintenant ! 

1376386_688456237833420_1559556545_n

 

Le tableau est éloquent. Pendant qu’il s’aligne sur les intérêts d’Israël (dans les dossiers syriens et iraniens), qu’il se soumet aux injections austéritaires de l’Europe communautaire et aux desiderata du lobby patronal, le gouvernement s’attaque aux rares espaces de parole libre. Dieudonné, insoumis et provocateur, dans le collimateur de Manuel Valls depuis l’été dernier (voir ici mon précédent billet), a été la première victime de la censure d’État. Mais le gouvernement ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et a projeté d’éradiquer tout foyer de réflexion critique. Il est vrai que l’émission de Fréderic Taddéi, en dépit de sa diffusion tardive (22h30), laissait une place à des personnalités bannies des médias officiels car considérées comme des troubles-fête pour les élites dirigeantes. On se souvient (peut-être) de l’émission du 6 septembre dernier consacrée à la Syrie au cours de laquelle Michel Collon, journaliste indépendant, s’est livré à une attaque en règle contre une éventuelle intervention française en démontant avec brio les principes de la propagande de guerre (voir ici), après avoir, dans un précédent numéro de cette émission, fait le procès de la politique israélienne (voir ici). Où celle dans laquelle Alain Soral a pu présenter l’argumentaire de son livre, Comprendre l’empire, au moment de sa parution (voir ici), ou encore celle dans laquelle Dieudonné s’est exprimé longuement sur son histoire personnelle et ses choix politiques (voir ici). Deux invités qui, avec Tariq Ramadan et Marc-Édouard Nabe, font partie de la « liste de Cohen » des personnalités ininvitables car susceptibles de diffuser des thèses en rupture totale avec la pensée officielle (voir ici l’intervention du journaliste Patrick Cohen qui les qualifie de "cerveaux malades").

 

Comment faire accepter un ordre social de plus en plus injuste et brutal qui condamne le plus grand nombre à des conditions d’existence dégradées, alors même que la richesse globale s’accroît et que les profits patronaux explosent ? En muselant la liberté d’expression afin de rendre indicible et même impensable toute analyse critique et soumettre du même coup la population à une pensée qui rende supportable et même acceptable cette réalité vécue. Cette pensée dominante qui prêche la résignation et la soumission à l’ordre établi est en dernier lieu celle de la classe dominante : «Les pensées de la classe dominante sont aussi les pensées dominantes de chaque époque, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose du même coup des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l’un dans l’autre, les pensées de ceux à qui sont refusés les moyens de production intellectuelle sont soumises du même coup à cette classe dominante » écrivait Marx dans le Manifeste Communiste (1848). Près de deux siècles plus tard, cette analyse n’a rien perdu de sa pertinence. L’oligarchie dont les intérêts gouvernent la société dispose de la totalité des grands media : les principales chaînes de télévision, la quasi-totalité de la presse écrite nationale et régionale et des radios appartiennent aux groupes financiers et industriels du CAC 40 (pour une liste détaillée, voir ici). Le sionisme, qui a partie liée avec l’impérialisme français en raison de la situation géopolitique d’Israël – tête de pont de l’impérialisme occidental au Moyen-Orient -, est devenu une religion d’État. Malheur aux incroyants et à tous ceux qui refusent de se soumettre aux diktats de l’idéologie dominante, ils se verront ostracisés et traités d’"antisémites" (lire ici).

 

Le durcissement de la guerre économique sur fond d’instabilité financière conduit les gouvernements successifs à accroître toujours plus le contrôle social. Toujours plus de répression sur le plan pénal[1], une tolérance toujours revue à la baisse concernant l’expression des idées politiques, un champ de la parole humoristique qui se réduit comme une peau de chagrin. Mention spéciale à la LICRA, véritable police politique de la pensée unique (lire ici). Il y a seulement dix ans, décréter l’interdiction d’un spectacle aurait été impensable et mettre au placard un animateur pour cause d’insoumission intellectuelle aurait provoqué inévitablement des remous. C’est aussi à l’aune de cette passivité que l’on mesure l’emprise progressive du Capital sur les corps et les consciences. On peut déjà entrevoir l’avenir de ceux, de plus en plus nombreux "à qui sont refusés les moyens de production intellectuelle" : une soumission croissante à la société marchande et à son idéologie.

 

Page facebook à visiter : Combattre le Nouvel Ordre Sécuritaire

 

Pétition à signer pour le maintien de l’émission Ce soir (ou jamais !)

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article