
Session de travail agitée au Parlement grec ce dimanche. Alors que les députés sont réunis depuis le début d'après-midi afin de voter un nouveau programme de mesures d'austérité, réclamées par l'Union européenne et le FMI en échanges de nouvelles aides, les rues d'Athènes ont plongé dans le chaos quelques heures. En cause? Les débordements des manifestations organisées pour protester contre le vote. Dans la soirée, les policiers ont recensé près de 80.000 manifestants, souvent venus en famille, dans les rues de la capitale grecque, dont le centre avait été fermé. Les contestataires ont commencé à affluer sur la place Syntagma, devant le Parlement, au moment où les députés ont commencé à étudier le texte, en début d'après-midi.
La situation a dégénéré lorsqu'un groupe de manifestants a fait pression sur l'important cordon policier déployé autour du bâtiment afin d'y entrer. Les forces anti-émeutes ont alors riposté avec des tirs de gaz lacrymogènes. Les incidents se sont ensuite poursuivis dans les rues adjacentes. Des manifestants ont jeté des pierres, des bouts de marbre et des cocktails Molotov contre les forces anti-émeutes. Des personnes cagoulées ont brisé des vitrines de magazins. Le feu a été mis à une une dizaine de bâtiments. Selon la police, qui a demandé aux citoyens d'aider les pompiers à lutter contre les incendies, près de 18 bâtiments seraient en flammes.
Si le vote n'a pas lieu, "le pays sera en faillite"
Le porte-parole des pompiers a indiqué que le nombre de personnes dans les rues empêchaient les véhicules d'intervention d'approcher des lieux des sinistres. Le cinéma Attikon, un des plus connus de la ville, était menacé. La rue Stadiou a été le lieu d'affrontements entre manifestants et policiers. Au moins 14 protestataires ont été blessés et conduits à l'hôpital. Une cinquantaine d'autres ont été soignés sur place, la plupart souffrant de suffocation. "Il y a du gaz lacrymogène jusqu'à l'intérieur de l'Assemblée", a déclaré un député. À Salonique, deuxième ville du pays, la manifestation a commencé dans le calme. Près de 20.000 personnes étaient dans les rues. Ils se sont rassemblés sur la place Aristotelous dans le centre avant de marcher dans la ville. Mais là aussi, des heurts ont éclaté entre manifestants et policiers.
Le vote devait intervenir avant minuit afin que "les marchés bancaires et financiers" puissent recevoir "le message que la Grèce peut et va survivre", a affirmé le ministre grec des Finances. S'il n'a pas lieu, "le pays sera en faillite", a-t-il confirmé devant le Parlement le ministre grec des Finances. Il espère ainsi pouvoir lancer "d'ici à vendredi 17 février" la restructuration de la dette. Dans le cas contraire, si le pays renonçait aux efforts demandés par les bailleurs de fonds et acceptait un défaut de paiement désordonné, l'Etat serait "incapable de payer les salaires, les pensions et de maintenir des services de base comme les hôpitaux et les écoles", a prédit le Premier ministre en expliquant aux Grecs la "responsabilité historique" que prendra le parlement ce dimanche. Le choix d'un défaut de paiement incontrôlé aurait poussé le pays dans un "chaos économique incontrôlable et une éruption sociale" et cette situation aurait "amené lentement ou rapidement à notre sortie de l'euro", a-t-il argumenté. Il espère ainsi pouvoir lancer "d'ici à vendredi 17 février" la restructuration de la dette. Le président du parti de droite Nouvelle Démocratie a qualifié ce vote de "déterminant et crucial, l'un des plus difficiles de l'histoire".