Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Lucien PONS

Conseil d'Alsace - La presse qui protège le "oui".

30 Mars 2013 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #La réforme territoriale

Samedi 30 mars 2013

 

Collectivité Territoriale d'Alsace - Consultation publique du 7 avril

 

 

La presse qui protège le "oui"

 

 

Citoyen soucieux d’éclairer le débat public, sans passion excessive, sans arrogance, par le seul usage de la raison, je ne suis pas un agitateur ni un agité. Tenu par aucune discipline de parti, je ne suis pas un extrémiste, mais un républicain réfléchi et mesuré. Je suis d'ailleurs correspondant de presse pour une agence locale depuis 2008. Mais cette fois, c’en est trop ! Que l’on soit d’accord ou pas avec mes arguments, toujours discutables, que l’on soit pour ou contre la fusion des trois collectivités alsaciennes et le projet qui y est associé, ce qui est raconté ci-dessous, sur fond de restructurations à venir dans la presse, doit interpeller les démocrates soucieux de la liberté d’expression et de l’indépendance de l’information.


Conseil-Alsace-Presse-Richert-inquiet-de-la-place-du-non.jpgComme président du Cercle Républicain 68 et auteur d’un blog très fréquenté et très bien référencé sur la Collectivité territoriale d’Alsace, j'ai envoyé (et renvoyé) dans la plus grande cordialité, un communiqué de presse le 7 mars dernier, jour de la publication du premier sondage sur le Conseil d’Alsace. Ce n’est pas la première fois, et je n’ai jamais eu de problème de publication sur d’autres dossiers. Mais cette fois-ci, il s’agissait de mettre en lumière le grand malentendu des électeurs qui envisagent de voter oui au motif qu’il y aurait économies et simplification.


Ce communiqué a été publié en pages Mulhouse-Thann des Dernières Nouvelles d’Alsace (certes tronqué), puis en pages région du même journal (certes doublement tronqué, quinze jours plus tard, et sans lien avec le blog). Rien du côté de L’Alsace, pas même une réponse de politesse à mes messages, toujours civilisés.


J'ai demandé, toujours cordialement, que l'on me transmette les coordonnées du journaliste responsable de ce dossier, des fois que je me sois trompé d'interlocuteur. Aucune réponse de L’Alsace.


Le 12 mars, j'ai envoyé une lettre ouverte à la présidente de l'université de Haute Alsace sur l’inacceptable inégalité de traitement entre le oui et le non dans l’accès à ses locaux. Elle a été mentionnée en pages région des DNA (certes dans un simple filet), puis en pages Mulhouse (certes bien trop tard, car 16 jours plus tard la veille du week-end de pâques, au point même de faire croire à l'amateurisme de son auteur, et surtout quand elle avait déjà indirectement fait effet, puisqu'un débat avait fini par se tenir à l'université, à l'initiative des étudiants et de leurs professeurs). Aucune réaction à l'Alsace.

 

Ayant récemment appris que Radio Dreyeckland avait vainement tenté de trouver un contradicteur à un partisan du non (le conseiller général Raphaël Nisand), le Cercle Républicain 68 a lancé un appel au débat, afin de permettre aux personnalités du "oui" de sortir de l'espace confiné de leurs réunions publiques où ils sont parfois près d'une dizaine à la tribune, tous du même avis. Les DNA ont certes publié l'appel, mais tronqué et déformé au point d'évacuer les refus essuyés par radio Dreyeckland, mettant entre guillemets des propos non tenus. Rien dans L'Alsace.

 

"La prochaine fois, je monte un club de maquettes en allumettes…"

 

Le journaliste Christian Bach, chargé de la campagne sur internet, m'a toutefois contacté au début de l'année. Il a parlé de mon initiative à deux reprises dans les DNA (en pages région et sur le net), qualifiant mon blog de "blog d'expert" qui fait "se dresser les cheveux sur la tête de Philippe Richert" (certes en le renvoyant quasiment aux seules questions autonomistes, mais tout de même). J'ai envoyé aux différents niveaux des rédactions de L'Alsace une information, polie et posée, concernant la progression exponentielle de la fréquentation du blog (parti de rien il y a quelques semaines, il en est à près de 3000 visiteurs uniques par semaine, sans compter les infographies qui se sont autonomisées sur la toile). Je proposais une rencontre afin de parler du succès inattendu et conséquent de ce blog indépendant. Pas même un accusé de réception de L’Alsace.


Référencé par le site Rue89 Strasbourg, j'ai aussi récemment été interviewé par un journaliste espagnol du quotidien El Punt. Mais pas par L’Alsace. J’en passe.


Avec un tel écho, si je m'occupais d'un club de maquettes en allumettes (ou tout simplement d'un blog pour le oui), cela ferait sans doute longtemps qu'on en aurait parlé. Si j'étais le président d'un mouvement autonomiste savoyard, engagé pour le oui en Alsace, on en aurait parlé (la preuve en cliquant ici). Mais la politique, c'est visiblement une chasse gardée. Particulièrement sur cette question « alsacienne ».


Tribunes de presse pour le Oui


Samedi 23 mars, la journaliste Yolande Baldeweck publiait dans L’Alsace une nouvelle demi-page intitulée « Autant que des économies, le conseil d’Alsace devrait permettre plus d’efficacité », un titre très long pour celles et ceux qui ne prendraient pas la peine de lire l’article, dont l'objectif était de lancer des contre-feux aux arguments du non, sans les citer. Des arguments défendus certes sur mon blog, mais aussi par d'autres : l'ancien président du CG68 Constant Georg (excusez du peu, et pour une fois dans l'Alsace), l'ancien député et maire de Saint-Louis Jean Ueberschlag (dont la tribune est parue le 3 mars en pages Colmar des DNA, mais rien dans L'Alsace). Vaut-il vraiment la peine d'envoyer une réaction à cette nouvelle tribune pour le oui (il n’y a pas d’autres mots), et être encore mis sur la touche ?


Gilbert Meyer, maire de Colmar, qui a publié sur son blog une longue argumentation, reprise par les DNA du 23 mars (rien dans L’Alsace) en se positionnant pour le non, se fait tout simplement traiter d'« hypocrite » dans un article signé par trois journalistes de L'Alsace, Yolande Baldeweck, Clément Tonnot et François Fuchs. Son tort serait de laisser libres les électeurs en n'appelant pas explicitement à voter non, mais en laissant à chacun tirer les conséquences de sa tribune. Cela mérite-t-il d'être insulté (tout en évacuant le fond du propos) ?


France 3 Alsace a par ailleurs diffusé une émission ("La voix est libre" du samedi 30 mars) où une journaliste de la chaîne interroge complaisamment d'autres journalistes (Yolande Baldeweck, Claude Keiflin et Alexandre Tendin, rédacteur en chef de France Bleu Alsace, selon qui le fait qu'il y ait des partis pour le "non" et d'autres pour le "oui" relève de la "cacophonie"), tous trois manifestement favorables voire enthousiastes pour le "oui". Sans aucun contradicteur en face. Une scène surréaliste.

 

Au moment où le principal syndicat de journalistes vient, le 8 mars, de dénoncer l'"information low-cost" du Crédit Mutuel, "propriétaire de neuf quotidiens régionaux dans l'est de la France(*)", au moment aussi où l'annonce d'un seul "rédac'chef" pour les deux quotidiens régionaux alsaciens vient d'être publiée par Rue89 Strasbourg (le 28 mars, mais pas dans la presse locale, comme si cela ne concernait pas les lecteurs !), que reste-t-il aujourd’hui pour lutter contre cette dérive des médias locaux ? En tout cas, la fusion a le vent en poupe !


« La place excessive du non dans les médias » !


Et d’ailleurs, qu’en pense Philippe Richert, ancien ministre des collectivités territoriales, actuel président du conseil régional d’Alsace, à l’initiative de cette consultation ? Le 15 février dernier, dans une dépêche de l’AFP publiée dans le Parisien et dans L'Express (mais pas dans nos quotidiens régionaux pourtant avides de dépêches AFP qui ne coûtent pas cher), il s'inquiétait « de la place excessive à ses yeux accordée aujourd'hui par les médias locaux aux partisans du non ». Il fallait oser le dire. Il fallait aussi oser ne pas le publier dans la presse régionale.


Au fait, rappelez-nous la définition du mot « censure » ? « La censure est la limitation arbitraire ou doctrinale de la liberté d'expression de chacun. Elle passe par l'examen du détenteur d'un pouvoir (étatique ou religieux par exemple) sur des livres, journaux, bulletins d'informations, pièces de théâtre et films, etc. — et ce — avant d'en permettre la diffusion au public ».

 

Espérons ne pas revoir la réalité avant le mot.

 

Quoiqu'il en soit, il ne faut pas s'étonner que les ventes s'effondrent dans la presse écrite. Cela continuera. Cela fait partie d'une crise de confiance globale entre les citoyens et des élites (politiques, journalistiques, etc.) toujours plus enfermées dans leur bulle.


 Heureusement, il reste internet.

 

 

(*) Le Dauphiné Libéré, le Progrès, le Journal de Saône-et-Loire, le Bien Public, l’Est Républicain, Vosges-Matin, le Républicain Lorrain, l’Alsace, les Dernières Nouvelles d’Alsace

 

 

Mathieu Lavarenne

Président du Cercle Républicain 68

Conseiller municipal indépendant

Correpondant de presse aux DNA depuis 2008

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article