
Une femme séropositive vilipendée à la télévision grecque (Photo censurée par USI pour protéger son identité)
Par Zoé Mavroudi (article d’origine ici) – traduction OkeaNews
Au début du mois de mai 2012, quelques jours avant le premier tour des élections en Grèce, la police grecque a publié sur son site officiel les photos d’identité judiciaire de 26 personnes arrêtées en vertu des chefs d’inculpation de menace de lésions corporelles graves. Plusieurs d’entre elles ont montré des signes d’abus de drogues. Certaines étaient des immigrants, la plupart étaient des citoyennes grecques.
Mais toutes les personnes arrêtées et accusées avaient deux choses en commun: elles étaient des femmes et elles étaient toutes séropositives.
Ces femmes séropositives ont été arrêtées dans le cadre d’une vaste opération policière qui a vu près de 100 travailleuses présumées du sexe raflées dans les rues du centre d’Athènes et obligées de subir un test spécifique pour le VIH.
Celles qui ont été diagnostiqués positives au virus ont été emprisonnées et sont toujours en prison à Athènes, en attente de jugement pour le septième mois d’affilée – sans accès à leurs traitements essentiels. En dehors de leur liberté et de leur santé, elles ont perdu leur droit à la vie privée puisque leurs photos ont fait le tour de tous les grands médias grecs, les privant ainsi de la possibilité d’un futur retour à une vie normale à Athènes ou dans leurs villes d’origine et leurs communautés.
Durant la brève période de temps que cette affaire a attiré l’attention des grands médias en Grèce, l’opinion publique fut divisée, certains étaient choqués et y voyaient une chasse aux sorcières des temps modernes, tandis que d’autres se voyaient rassurés par – selon les mots d’un ministre socialiste grec – la reconnaissance de la nécessité urgente de protéger «la famille grecque» et l’opinion publique grecque dans son ensemble.
Dans cette brève fenêtre de temps, ces femmes sont devenues l’ennemi public numéro un et derrière leurs arrestations, l’emprisonnement et la sortie publique qui a suivi, les Grecs ont été invités à désigner un État fort, décisif et dédié à la sécurité publique et à une justice rapide.
Mais était-ce vraiment le cas ? L’État grec a-t-il agit dans l’intérêt public ? Est-ce que la criminalisation d’une maladie protège la santé publique? Est-ce que la crise financière, les mesures d’austérité qui en résultent et leurs implications pour avoir apporté un changement du cadre législatif et politique jouent un rôle dans cette affaire ? Quel rôle ont joué les grands médias dans cette affaire ? Quelles ont été les répercussions sur les femmes et leurs familles puisqu’elles sont potentiellement confrontées à plusieurs mois de prison avant de pouvoir se défendre devant les tribunaux? Et comment une société confrontée à une grave crise économique et politique peut maintenir sa cohésion sans perdre son humanité ?
Un nouveau documentaire vidéo réalisé par une équipe de journalistes bénévoles de la communauté des journalistes citoyens de Radiobubble, basée à Athènes, tentera de répondre aux questions soulevées par ce sujet, questions qui n’ont été abordées que superficiellement et, dans certains cas, biaisées par la plupart des médias grecs. La vidéo sera diffusée au printemps 2013 et mettra en vedette des images d’archives ainsi que des entrevues avec des experts médicaux et juridiques, des militants, des journalistes, ainsi que quelques-uns des principaux acteurs de ce drame en cours.
Nous avons besoin de financement pour rendre cela possible. Merci de nous aider à raconter cette histoire importante – et à défendre les droits de ces femmes – en faisant un don pour couvrir les coûts de production de la vidéo.
Le financement sera utilisé pour les frais de production et les coûts pour ceux qui travaillent sur le projet. Une proposition détaillée et chiffrée de financement est disponible sur demande . Radiobubble espère utiliser la vidéo comme point de départ pour un long-métrage documentaire. Tout financement supplémentaire sera alloué à cet objectif.
Vous pouvez faire un don par le biais de notre campagne de solidarité grecque.