Le colloque sur la défense de la langue française à Nice. Intervention de Danielle Goussot.
L’Association Comité pour une Nouvelle Résistance-CNR a organisé les 13/14/15 et 16 septembre au Centre Universitaire Méditerranéen (C.U.M. ) à Nice, un colloque sur la défense de la langue française à l’occasion des jeux internationaux de la francophonie. Cette manifestation exceptionnelle s’est inscrite dans les manifestations périphériques aux jeux. De nombreux conférenciers de renommée internationale ont exposé leur point de vue sur le constat et les conséquences du « tout anglais » dans la vie quotidienne de nos concitoyens. Cette manifestation a traité les thèmes suivants:
- l’appauvrissement du français dans la vie quotidienne.
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L’hégémonie de l’anglais sur le français.
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Les enjeux économiques du tout anglais.
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Les relations internationales (suprématie de l’anglais).
Les différentes conférences ont été filmées par Thierry Leroy de Télé Sud Est. Certaines sont disponibles et nous vous proposons de les visionner.
Intervention de Danielle Goussot.
Danielle Goussot : Enseignante. Membre du Bureau National du M’PEP (Mouvement Politique d’Emancipation Politique). Membre du Conseil national du M’PEP. Coordinatrice des fédérations du M’PEP en région PACA. Présidente de la section ATTAC Sud Lubéron.
Son intervention est inscrite dans le cadre historique de la domination Anglo-saxonne sur notre culture et donc sur notre langue. Elle est intitulée « Les enjeux économiques du tout anglais – les conséquences de la seconde guerre mondiale – où en sommes-nous aujourd’hui ? La décentralisation, les accords transatlantiques. ».
Son intervention est inscrite dans le cadre historique de la domination Anglo-saxonne sur notre culture et donc sur notre langue.
Une question est apparue lors des précédentes conférences, à savoir : « Veux-t-on la peau du français ? ». Je pense que l’on peut élargir celle-ci à : « Veux-t-on la peau de la France ? ». Il faut donc contextualiser le problème de la langue dans une considération plus vaste. A propos du français, il n’est pas question d’être chauvin, toutes les langues s’enrichissent mutuellement. En dénonçant le tout-anglais il n’est pas question non plus de rejeter la langue de Shakespeare. Il s’agit seulement de prendre le recul suffisant pour apercevoir les contours de cette entreprise de conquête. Depuis 60 ans cette langue s’impose partout. On observe un processus de pénétration linguistique, un processus de pénétration économique, c’est à l’évidence un processus politique réfléchi de domination.
Il y a de fait une stratégie des USA qui démarre avant la 2° guerre mondiale. L’idée était de conquérir l’Europe. A partir des années quarante, le meilleur exemple est « l’AMGOT », il s’agit de l’administration militaire des territoires libérés du joug nazi directement par les américains. A cette époque des billets de banque avaient même été mis en circulation dans la France libérée. Cette prise de contrôle a échoué à la Libération grâce au gouvernement provisoire dirigé par le général de Gaulle. Ce sont les Forces Françaises Libres et La Résistance qui ont rendu possible cette indépendance.
L’Amgot a vite été écarté en France mais d’autres outils ont asservi notre territoire. Les accords économiques qui ont été signé suite au plan Marshall et les accords « Blum/Byrnes » au niveau de la culture ont rendu possible notre asservissement à la puissance étasunienne. Ce dernier signé le 28 mai 1946 entérine la libre pénétration en France du cinéma et de la musique américains. Par exemple, il est obligatoire que 80% des films diffusés sur notre territoire soient tournés à Hollywood, la langue et les héros auxquels il faut s’identifier viennent peu à peu coloniser notre inconscient. Malgré de fortes mobilisations, la déferlante a produit les effets escomptés.
La construction européenne, voulue par les classes dirigeantes américaines influencées par l’école de Chicago de Milton Friedmann, attaque sur tous les fronts et sur une temporalité qui n’est pas la nôtre, afin de soumettre les états européens. La fondation Rockefeller et la fondation Ford ont financé cet outil supranational sur le temps long. Une citation du président Eisenhower en 1959 permet d’ouvrir les yeux : «L’Europe doit se doter d’une constitution de type fédéral qui pourrait nous aider dans la tâche que nous poursuivons ».
Si en France on résiste encore aujourd’hui c’est grâce au programme du Conseil National de la Résistance qui avait installé notre modèle social. Mais hélas, l’Union Européenne impose peu à peu l’ultralibéralisme à tous les niveaux.
En ce qui concerne la langue française, il faut remonter en 1984/1985. A cette époque l’ERT (La Table Ronde des Industriels), avec à sa tête Edith Cresson, a théorisé la fameuse stratégie de Lisbonne qui met en place la marchandisation de la connaissance. Le savoir devient un produit marchandisé. Pour l’enseignement supérieur le processus de Bologne planifie cela au niveau européen. En France la loi LRU, la loi Pécresse et la loi Fioraso poursuivent ce même objectif. La loi Fioraso impose l’anglais à tous les étages. Une cassure entre le plus grand nombre et une élite mondialisée est ainsi imposée par la loi. L’idéal républicain d’égalité est bafoué. Cela permet d’imposer contre l’avis des français la mondialisation libérale. L’américain devient la langue de ceux qui décident. Les cadres doivent tous parler anglais, c’est tout simplement une forme de colonisation étasunienne. Cela va permettre de mieux gérer les accords de libre échange qui sont en train de se mettre en place entre l’Union Européenne et les Etats Unis. Des accords de même type entre le Canada et l’Union Européenne vont entrer en vigueur le 1° janvier 2014.
Ces accords ont pour but d’éliminer toutes les barrières douanières encore existantes. Mais ce n’est pas tout, ils s’attaquent aussi aux barrières non tarifaires, c’est-à-dire aux lois aux règlementations propres à chaque pays. Pour les intoxiqués du marché il faut supprimer tout ce qui entrave qui entravent le libre-échange. Des conséquences en agriculture et sur l’environnement sont à prévoir. Par exemple, malgré une forte opposition des français contre l’exploitation des gaz de schistes, ces accords vont en permettre l’exploitation. Même si une loi nationale nous « protège » en principe, une juridiction internationale l’imposera au nom du Libre-échange.
Mais ce n’est pas tout, cette entreprise de déconstruction de la République se fait aussi par le bas. Les communes et les départements sont les bases administratives de la république.
Les décentralisations successives ont peu à peu transféré aux régions des compétences importantes. L’acte III de la décentralisation, avec l’apparition de métropoles, achève le processus de liquidation de l’état nation, seul garant de l’intérêt général. Plus grave encore les Euros-métropoles pourront exercer leurs compétences au-delà des frontières. Les français n’en veulent pas, mais on va quand même les imposer d’une façon ou d’une autre.
La perte du cadre national est dangereux. Les différents accords seront passés au niveau des métropoles, cela favorisera les multinationales et les grandes entreprises au détriment des citoyens.
En conclusion, au travers de l’anglais hégémonique, c’est la société qui est en train de changer. L’abandon du cadre national conduit à la perte de notre souveraineté.
Depuis la seconde guerre mondiale, on voit bien la volonté des classes dirigeantes étasuniennes d’imposer leur langue et leur culture. C’est une forme de colonisation comme l’écrivait Zbigniew Brzeziński dans son livre « Le grand Echiquier » paru en 1997. Barak Obama parle lui à propos des accords transatlantiques de libre échange de Nouvel OTAN économique.
En gros ces accords vont généraliser l’anglais et notre souveraineté va disparaître.