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Le blog de Lucien PONS

Le FN et la SNCF, 2

20 Juin 2014 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Les Antifafs.

Jeudi 19 juin 2014     

Pourquoi y revenir ?


Pas par goût du pinaillage, mais parce que deux constats m'ont fait réagir.

Le premier, c'est la lecture, sur le blog de Jean-Luc Mélenchon, que : "la haine aveuglée des médias contre les cheminots et leurs grèves est un révulsif autrement plus notable ! Bien sûr, c’est un classique. On y revient à chaque grève et à chaque diminution des droits de grève dans le service public. Dans le contexte d’un pays à 25 % d’extrême droite, la propagande médiatique anti-syndicale est une contribution directe à la propagande de celle-ci."

  

Visiblement, Mélenchon en est resté à une définition de l'extrême-droite qui reflète la réalité des années 30 et du FN reaganien des années 80, mais qui ne prend pas en compte la réalité du discours du FN, qui est plutôt très compréhensif pour les grévistes.

 

Je ne vois pas comment on peut prétendre combattre le FN si l'on n'a pas bien cerné à quel point ce parti a évolué. Ce n'est peut-être donc pas pour rien que la gauche dite de gauche peine à conquérir des voix, c'est aussi sans doute parce qu'elle ne se rend pas bien compte que le terrain politique a changé.

Deuxième fait.

 

J'entendais des journalistes, d'Europe 1 je crois, interviewer Florian Philippot, à propos du dernier dérapage en date de Jean-Marie le Pen (la plaisanterie sur la fournée à propos de Patrick Bruel, reposant clairement sur un fond antisémite). Les journalistes expliquaient à Philippot que le départ du vieux Jean-Marie permettrait d'enfin crédibiliser le FN.

 

La réponse de Philippot n'a aucun intérêt. Ce qui compte est que pour les journalistes présents, il était clair que le FN sans son fondateur est un parti honorable.

 

Comme si Marine le Pen elle-même n'avait eu des comportements ambigus ou des déclarations blamables, comme si Gollnisch n'en était pas membre, bref, comme si le père parti, le FN devenait blanc comme neige.

 

Ces deux faits convergent vers un même constat : la gauche de gauche est en retard de deux guerres (en tout cas, si l'on considère que Mélenchon en est représentatif).

 

1. elle n'a pas vu à quel point le discours et le programme du FN ont changé ;

2. elle ne voit pas à quel point ce polissage apparent passe de mieux en mieux, y compris dans les médias les plus centristes.

 

Or ma conviction est que le FN reste un parti dangereux.

Il a d'abord acquis une caractéristique fondamentale des partis de gouvernement actuels : la capacité à mordre jusqu'au centre et même sur le terrain de son adversaire (la fameuse triangulation, qui consiste à prendre au camp d'en face une partie de ses arguments pour se poser en parti du milieu). Cette volonté de triangulation n'est qu'un instrument tactique. Elle empêche cependant de connaître à l'avance ce que sera la réalité des politiques menées.

D'où le deuxième point qui est que, tout en acquérant ce statut moderne, le FN continue de reposer sur un vieux fond extrémiste susceptible de remonter à la surface, ce parti à peine parvenu au pouvoir.

 

Il est, ainsi modernisé, quasiment plus dangereux que l'ancien justement parce qu'il n'est plus la caricature que Mélenchon a visiblement toujours en tête.

 

Voilà pourquoi, n'en déplaise à certains commentateurs qui semblent n'y voir qu'une sorte de publicité déguisée, il est important de suivre ce que devient le FN. Si l'on ne comprend pas par quel biais un chroniqueur de Libé peut avancer de façon crédible que le FN paraît plus à gauche que le PS, on s'expose à bien des déconvenues et, en tout cas, on ne peut présenter une riposte adaptée. Je crains que ce ne soit exactement le problème de Mélenchon.

Sinon, on peut aussi mettre la tête dans le sable et attendre que ça passe...

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