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Le blog de Lucien PONS

Le modèle social français est très sérieusement attaqué par les prédateurs autorisés que sont les multinationales. Réponse de Jacques Lacaze à propos de la conférence niçoise sur Ambroise C

26 Novembre 2012 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #La sécurité sociale

Le modèle social français est très sérieusement attaqué par les  prédateurs autorisés que sont les multinationales.

Cher Camarade.

Bien sur je ne peux pas venir à cette conférence: je suis à l'autre bout de la France! Mais je peux donner un avis constructif!
Le travail immense d’Ambroise Croizat, de Marcel Paul et des autres ministres communistes  constitue une avancée historique dont on mesure toujours l'ampleur. Il me parait important de souligner que l’invention – au sens fort du terme – de la protection sociale vient de loin, de 50 années de luttes du syndicalisme. Ces ministres grands dirigeants syndicalistes ont continué et achevé l’oeuvre – à laquelle ils ont d’ailleurs participé très étroitement de construction d’un projet de sécurité sociale etc durant ce demi siècle qui a vu le syndicalisme éclore largement et travailler en profondeur.
Un autre élément est aussi à ne pas oublier, élément qui a joué un grand rôle dans la mise en place du compromis historique de 45 entre De Gaulle ai nom de la bourgeoisie et le PCF et la CGT pour les travailleurs: la mobilisation populaire était massive et les milices patriotiques étaient très actives et présentes. Ce n’est pas par hasard si De Gaulle a dépensé beaucoup de temps et d’énergie pour les désarmer! Le rapport de force était en faveur du peuple.

Ce n’est pas diminuer l’oeuvre du CNR ni des ministres – et syndicalistes – communistes de la Libération que de rappeler que les réformes venaient de loin et s’appuyaient sur cette conjoncture, ce rapport de force exceptionnel. Mais c’est important de le rappeler d’autant que A. Croizat comme M. Paul ont joué dans le mouvement syndical un rôle exceptionnel.


En tout les cas il est très important de rappeler cette période et d’autant que implanter la sécu sur le terrain a été une véritable et dure lutte. Un vieux camarade syndicaliste du Nord m’a expliqué que le copain de la CGT chargé d’implanter la sécu dans une ville – je n’ai pas le nom sous les yeux – de la région de Maubeuge s’est heurté à une coalition de la bourgeoisie locale et de la municipalité qui a empêché la vente du moindre immeuble pour y installer les bureaux de la sécu. Il les a alors installé  dans sa maison et a campé dans les locaux du syndicat avec sa famille. La sécu, les conventions collectives, le statut du mineur de la fonction publique, le code du travail …. de grandes avancées qui viennent de loin, des luttes de plus d’un demi siècle du mouvement ouvrier

 - Il faut considérer deux facteurs essentiel de cette époque. Le travail médical était un travail que je qualifierais d'artisanal. Il y avait peu de laboratoires pharmaceutiques et les médicaments étaient en grande partie fabriqués dans les officines sous forme de préparations magistrales. La sécurité sociale a permis le développement de la grande industrie pharmaceutique et du complexe médico-industriel: cliniques, grands hôpitaux, CHU, radiologie etc. et donc le passage à la médecine "industrielle. La grande industrie pharmaceutique représente la mode de reproduction du système capitaliste dans le secteur de la santé. Nous sommes à la fin de ce processus. Le médecin  ne décide plus rien ou presque. Il a été exclu. Même la chirurgie passe sous les fourches caudines du  complexe médico-industriel. Pour lui, il n'a besoin que de prescripteur: et on assiste à la multiplication des prescripteurs: infirmières, pharmaciens, kiné .... Du point de vue de changement structurel du système de distribution des soins, nous ne sommes plus du tout à la fin des années 40. Le peu de système préventif (médecine du travail santé scolaire, PMI, dispensaires ...) mis en place  en particulier à la Libération est réduit à rien ou peu s'en faut. Je passe sur les détails.
 - Le problème à résoudre en 45 était celui de rétablir au plus vite la santé d'une population durement touchée par la guerre, les privations etc, avec remise en route du système productif. Le problême central était quantitatif, il fallait du personnel médical, des moyens pharmaceutiques, des hôpitaux  etc. Au passage, les grands réformateurs de 45 avaient mis en place des pharmacies centrales dans les hôpitaux qui avaient la mission de faire de la recherche,   de fabriquer et distribuer les médicaments. Ces pharmacies n'ont pratiquement plus aucun rôle aujourd'hui, même pas de fabriquer des médicaments orphelins .... Même si l'état de santé de la population se dégrade vite aujourd'hui, si les maladies dites chroniques  sont devant la scène, le problème à résoudre n'est plus du tout le même. Objectivement la croissance  du système de distribution de soins est considérable. Je me suis installé à Lievin en 78: nous étions 8 généralistes et aucun spécialiste sauf pour la médecine des mines qui était une bon système. Il y avait un laboratoire de biologie artisanal et une dizaine de petites pharmacies. Aujourd'hui, il y a plus de 30 généralistes, autant de spécialistes, une grande cliniques le nombre de pharmacies à augmenté et surtout leur taille. Il y a deux gros labo. et un grand cabinet de radiologie. Et nous sommes dans une zone plutôt défavorisée ....
 Le problème n'est plus quantitatif mais qualitatif. Accéder au soins sous forme de Médiator, d'anticholestérol (tout le monde sait que ça ne sert qu'à remplir les poches de l'industrie) de vaccins n'est pas la solution. Le problème de fond est de lutter pour un vraie santé publique, d'en finir avec la main mise de l'industrie sur nos vie (je ne dis pas santé) d'imposer une politique de prévention, au travail: une médecine du travail totalement indépendante du patronat, à l'école dans les quartiers etc . sans parler de la pollution de l'alimentation.
Bref, l'invention sociale aujourd'hui doit être de l'invention et non de la répétition de ce qui a été une immense avancée.
Je termine par un exemple qui m'angoisse quand j'y pense: on annonce 100 000 morts d'ici 2020 parmi les personnes ayant été en contact avec l'amiante. Que fait on pour prévenir (je dis bien prévenir et non détecter la maladie quand elle est là) cette catastrophe sanitaire qui bien sur touche la classe ouvrière au coeur? Rien, strictement rien, alors qu'on pourrait agir.

C'est mon combat

Amicalement à toi.
Jacques Lacaze

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