Montebourg a de sacrés atouts dans sa poche pour faire plier les Mittal.
Le ministre du Redressement productif veut que le sidérurgiste indien trouve une solution acceptable pour l'avenir des hauts fourneaux de Florange. Et il ne manque vraiment pas d'arguments...
Arnaud Montebourg veut encore faire monter la pression sur ArcelorMittal, dans le dossier de fermeture des hauts fourneaux de Florange. Les deux offres de reprise évoquées mercredi 21 novembre à l’Assemblée nationale concernent un périmètre plus large que ce que le leader mondial de l’acier a accepté de soumettre au processus de vente lancé par le ministre du Redressement productif.
Ce jeudi 22 novembre, au Sénat, ce dernier a fourbi ses armes. Il évoque, par exemple, l’usage intensif des ventes de quotas de CO2 dont profite Arcelor Mittal. En 2011, en effet, le groupe a touché l’équivalent de 93 millions de dollars au titre de ces quotas. Or, c’est en fermant et en arrêtant des usines que le sidérurgiste est parvenu à diminuer son niveau de pollution. Un effet pervers que l’Union européenne n’avait pas prévu en montant ce système d’incitation à la propreté…
Une ardoise fiscale de 1,3 milliard
Surtout, Arnaud Montebourg a fait état d’une ardoise qu’il qualifie d’"astronomique" que le géant de l’acier déplore auprès du fisc français. En réalité, il s’agit d’un redressement fiscal dont ArcelorMittal a reçu notification en septembre 2011, d’un montant de… 1,3 milliard d’euros ! Le résultat d’une optimisation fiscale qui remonte au temps d’Arcelor : les usines européennes ont été reléguées au rang de simple fournisseur d’une structure commerciale centralisée à… Luxembourg.
Un joli transfert de fonds de commerce, aux yeux de l’administration fiscale. Or, aujourd’hui, si son actionnaire majoritaire, Lakshmi Mittal a amassé une colossale fortune personnelle (16 milliards de dollars selon le dernier classement Forbes), la société ArcelorMittal est, elle, mal en point. Endettée à hauteur de 23,6 milliards de dollars au troisième trimestre 2012, son Ebitda (ratio d’endettement comparé à son résultat opérationnel, ndr), atteint 3,1. Et frôle ainsi le niveau fatidique de 3,5, le "covenant breach", à partir duquel les banquiers peuvent commencer à exiger leur remboursement.
Un argent qu'ArcelorMittal n'a pas
Autant dire qu’une nouvelle dette, qu’ArcelorMittal n’a pourtant pas jugée utile d’inscrire au chapitre Risques de son rapport annuel, pourrait faire basculer l’équilibre financier du groupe. D’autant que, comme le souligne un ancien de la maison : "Le jour où la France réclame le règlement, cela pourrait donner des idées aux autres Etats européens en bisbille avec les Mittal. Ce qui monterait la facture à 5 ou 6 milliards !" Autant d’argent qu’ArcelorMittal n’a pas.
Fin octobre, son directeur financier, Aditya Mittal, le propre fils de Lakshmi, prévoyait que le groupe finirait l’année avec un résultat opérationnel de 7 milliards… de dollars. Arnaud Montebourg a donc de sacrés atouts dans sa poche pour faire plier les Mittal. Verdict le 1er décembre, date à laquelle la cession, ou non, de Florange doit être actée.
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