Présentation du Front Syndical de Classe. Repris sur le blog d'Eldiablo.
Des militants syndicaux de la CGT et de la FSU
ont créé le Front Syndical de Classe
Il faut remonter en 1995, en pleine grève, il a fallu l'intervention forte à la tribune du congrès confédéral de certains délégués cheminots pour obtenir de Louis VIANNET un appel « timide » à l'extension du conflit, contre la casse de la Sécu et des services publics. Plan Juppé, Notat… Depuis, de conflits en conflits (sécurité sociale, retraites, privatisations, de France-Télécom, d'EDF, de la SNCM, éclatement ferroviaire, enseignement, etc. ....) et les luttes majeures que ces mauvais coups ont engendré dans chaque branche visée, l'attitude confédérale a été curieuse, pour le moins: attentiste, voir démobilisatrice.
Lors du référendum de juin 2005 sur la constitution européenne, il s'en fallu de peu que Thibault appelle à voter oui, se retranchant finalement dans une attitude de neutralité que la plupart des adhérents trouvèrent suspecte suite à son intervention au CCN de février de la même année. (« Occupez-vous des revendications des travailleurs sur le terrain….)
A la base, de nombreux militants et de nombreuses organisations ont réagi mais de manière souvent dispersée.
POURQUOI ce dérapage ?
La particularité française est que son mouvement ouvrier, enseignant et étudiant s'est largement construit, depuis ses origines, à partir d'une conception anticapitaliste :
Depuis la fin du 19ème siècle, les principes affirmant la nécessité de la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme et de la socialisation des moyens de production et d'échange sont des références non seulement historiques mais aussi gagnantes, permettant d'arracher par la lutte (1936, 45-46, 68) tous les acquis de ce que les puissants appellent avec mépris « l'exception française ». Mais, tout au long du 20ème siècle, la confrontation constante entre courant révolutionnaire et réformiste amènera 3 scissions majeures dans le mouvement syndical français appuyées par le grand patronat et les puissances capitalistes : 1921, 1938-39, 1947-48, pour ce qui est de la CGT.
Aujourd'hui, le combat entre ces deux courants traverse les organisations syndicales dont l’histoire est liée au combat de classe et plus généralement, aux luttes pour la république, la laïcité, la paix et la démocratie.
En ce qui concerne la CGT, alors que nombre de militants et d’organisations CGT se battent sur des positions de classes, la direction confédérale, reniant le riche héritage de « la grande dame », a peu à peu dérivé vers une conception de moins en moins combative de l’engagement syndical qui désoriente et affaiblit les travailleurs et qui débouche sur la compromission avec le gouvernement et le patronat.
Quittant la FSM dont elle était fondatrice en 1945, elle a adhéré à la CES en 2000, où elle occupe aujourd'hui des responsabilités majeures, puis à la CSI (fusion de la CISL (CIA) et de la CMT (vaticane) en 2006. Pour cela, elle n'a cessé de donner des gages de sa conversion à l'économie de marché et elle a adopté la ligne du « syndicalisme rassemblé » qui débouche sur la CFDTisation de la Confédération tant sur la ligne (le capitalisme est incontournable) que sur l'organisation (syndicalisme de sommet avec en particulier la centralisation des finances (Cogetise) qui permet de mettre au pas les structures de base et qui met en péril la démocratie syndicale.
Dans la dernière période, le refus de la direction confédérale de s'engager dans une confrontation globale avec la politique des gouvernements au nom de la spécificité du mouvement syndical et du refus de la politisation du mouvement ont conduit le mouvement social à l'impasse et à l'échec. Des journées dispersées et sans suite, le refus de travailler à la convergence des luttes, le manque de soutien aux luttes des salariés les plus exposés et engagés dans des combats difficiles (Continental, Goodyear aujourd’hui Peugeot, Arcelor et bien d’autres …)
Cette orientation repose sur l'illusion que « le dialogue social » avec le pouvoir serait plus efficace que la construction d'un réel rapport de force global en confrontation directe avec lui.
A la stratégie globale de contre-réformes du pouvoir et du MEDEF doit correspondre une stratégie de résistance globale et du « TOUS ENSEMBLE en MEME TEMPS», associé à une bataille d'idées sans concessions.
Ce glissement réformiste, sensible aussi à la FSU ou dans le syndicalisme étudiant (UNEF...) explique que depuis 25 ans, non seulement le peuple dans sa dimension la plus large n'a obtenu aucun acquis significatif mais que les reculs succèdent aux reculs
C'est pourquoi, en juin 2008, des militants de la CGT et de la FSU ont lancé une « Lettre ouverte aux Etats-majors syndicaux », signée par plus de 4000 travailleurs, enseignants, étudiants...
Cette Lettre ouverte appelait à tout faire pour contribuer à « construire démocratiquement et d’urgence une action « tous ensemble et en même temps » pour gagner et ré-ouvrir enfin des perspectives progressistes » et exhortait les « directions syndicales nationales à cesser « d’accompagner » la rupture afin de reprendre le seul chemin gagnant : faire le lien entre toutes les contre-réformes, travailler concrètement à préparer avec les salariés les conditions de l’affrontement de classe victorieux avec ce pouvoir destructeur, construire l’unité dans l’action des travailleurs et de la jeunesse ». (Nouvel appel FSC pour un syndicalisme conquérant) !
Depuis, l'accélération des politiques antisociales, la confirmation de la compromission des directions syndicales mais aussi le développement des contacts entre militants de classe, ont rendu encore plus impérieuse la nécessité d'agir et de se structurer.
C'est pourquoi ces mêmes militants initiateurs de la « Lettre ouverte aux Etats-majors Syndicaux » rejoints par de nombreux autres ont décidé de fonder l'association « Front Syndical de Classe » à Paris en juin 2009.
1) Notre analyse :
Face à la situation actuelle, et plus particulièrement suite aux derniers résultats des élections Présidentielles et législatives retiennent toute notre attention.
Ces résultats nous inquiètent quant à sa finalité. Désormais un seul parti politique représente de manière hégémonique le pays (Elysée, Sénat, Assemblée Nationale et Régions..).
Ce pouvoir, dit de gauche, est-il au service des travailleurs, des jeunes, des retraités, des sans-emplois et protège-t-il nos entreprises, notre savoir-faire, recherche, nos établissements et emplois…très tranquillement au FSC, et certainement que nous ne sommes pas seuls, nous disons NON !
Comme nous l’avions écrit à la veille du deuxième tour des présidentielles :
« Restons lucides et les yeux grands ouverts. »
1) La raison :
Dans ce contexte de crise du système capitaliste, le pouvoir européen, accompagné par la CES, prétend accélérer encore sa politique antipopulaire et d’austérité avec le nouveau traité, TSCG, sa règle d’or, véritable Chappe de plomb pour les peuples, et le Mécanisme européen de stabilité. MES.
Désormais nous sommes à la croisée des chemins et le risque est plus que jamais de perdre séparément en plongeant pour longtemps et, les générations à venir, dans l’enfer de l'exploitation sans limite s’il n’y a pas une réelle volonté de vouloir passer à l’offensive. Comme je viens de le dire il faut rester lucides et les yeux grands ouverts. Ce n’est pas des assises sociales qui vont donner satisfaction à nos revendications mais bien l’action et la lutte au quotidien et pourquoi pas un nouveau Conseil National de la Résistance ?
2) Notre action :
Elle se développe tant au niveau national, qu’international, (congrès de la FSM à Athènes). Attaché à l'internationalisme, le FSC milite pour le départ de la CES et de la CSI et pour la ré adhésion à la FSM qui regroupe des dizaines de millions d'adhérents sur des bases de classe et de masse, en Amérique Latine, en Asie ou en Europe comme en Grèce Inde et en dernière minute le grand syndicat africain qui vient de quitter la CSI pour ré adhérer à la FSM, le syndicat chinois, principal observateur…
3) L’identité et l’objet du FSC
Nous faisons nôtre ce que déclarait Henri Krasucki (ancien Secrétaire Général de la CGT) quelques mois avant mai 1968 (livre de Frachon):
« Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l'unité, son motif le plus puissant. C'est pour la mener avec succès en rassemblant l'ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n'est pas une invention, c'est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu'elle cesse : renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l'exploitation et à l'écrasement. »
Dans une démarche clairement intersyndicale, le FSC n’a pas pour objet de devenir une nouvelle organisation syndicale mais d'être un lieu "central" de regroupement des militants et syndicats de classe afin de :
- mener la lutte pour « le tous ensemble en même temps » à partir des besoins réels des salariés (salaires, emplois, retraites, Sécu, services publics...) pour gagner enfin face à l'offensive capitaliste relayée par les gouvernements nationaux et l'Union Européenne.
- contribuer à aider les militants dans le respect des organisations existantes, à se réapproprier leurs organisations et à les remettre sur les rails du syndicalisme de classe et de masse tout en posant la nécessité pour le monde du travail de construire une grande Confédération Générale du Travail, unitaire et sur ces bases,
- constituer un lieu de repli pour les militants ou syndicats exclus de leurs organisations syndicales. Mener inlassablement la bataille pour la solidarité de classe contre la répression patronale et étatique dont sont victimes les travailleurs combatifs,
Dans ce but, le FSC reprend à son compte les principes gagnants du mouvement ouvrier et en particulier de l'histoire de la grande CGT, de ses textes fondateurs jusqu'aux statuts de 1980 dont l'article 1 précisait :
«S''inspirant dans son orientation et son action des principes du syndicalisme démocratique de masse et de classe qui dominent l'histoire du mouvement syndical français, la CGT s'assigne pour but la suppression de l'exploitation capitaliste, notamment par la socialisation des moyens de production et d 'échange») en passant par le préambule de 1936, l'action de la CGT-U,
Ou même les statuts actuels du principal syndicat de la FSU (le SNES),
Qui rappellent à l'article 4 :
« Le but final du syndicat est l'émancipation complète des travailleurs, cette émancipation ne pouvant être obtenue que par l'expropriation capitaliste. »
Pour terminer,
N’oublions pas qu’il a fallu une certaine force, du courage et une prise de conscience exceptionnelle pour les camarades de la CGT et de la FSU s’engagent dans un tel combat après temps d’année de syndicalisation et de responsabilité à différents niveaux dans leur secteur !
Début 2013, se tiendra le congrès de la CGT (50éme) et de la FSU (8éme). Il sera nécessaire de se bagarrer fortement, dans les syndicats et organisations interprofessionnelles lors de la préparation et de la tenue de ces congrès pour remettre sur les rails de la lutte de classes ces O.S.
Ne pas laisser faire, comme en ce moment à la CGT, à l’exemple de la désignation du SG ou cela semble être une véritable curée et dénuée de toute démocratie syndicale. Il leur serait préférable de faire le bilan des années passées et d’élaborer un véritable programme d’orientation et d’action pour la reconquête nationale et de nos acquis.
Certes, cela ne se fera pas seul. Le FSC aidera les adhérents de ces organisations syndicales dans cette tâche ardue et organisera à cet effet des journées d’études sur le syndicalisme de classe conquérant. (Nous ferons paraître dès la semaine prochaine sur notre site un premier papier concernant le congrès FSU)
Pour gagner une telle bataille il nous faut aussi être un plus grand nombre dans chaque secteur professionnel, chez les étudiants et retraités. D’où l’appel à renforcer le FSC pour permettre aux syndiqués de se réapproprier leur organisation de retrouver les repères nécessaires au développement du mouvement de masse et de classe et faire appliquer la démocratie syndicale.
Le 12 novembre 2012