Taux d'intérêts records, banques dégradées, l'Espagne peine à s'en sortir.
MADRID - Taux d'intérêts records, abaissement de la note de 20 banques en deux jours, l'Espagne peine à sortir de l'ornière en dépit de l'annonce d'un plan de sauvetage de ses banques, signe de doutes persistants sur la capacité de la zone euro à surmonter la crise.
Le plan européen, susceptible de mobiliser jusqu'à 100 milliards d'euros, n'a eu un effet positif que très éphémère sur les marchés lundi.
Le taux de référence à 10 ans de l'Espagne a atteint mardi un plus haut depuis la création de la zone euro, à 6,756% contre 6,487% lundi soir.
Ces records signifient des taux prohibitifs pour l'Etat pour se financer sur le marché et une augmentation mécanique de la dette.
La situation de l'Espagne est finalement pire que la semaine dernière, a indiqué Nordine Naam, stratégiste obligataire chez Natixis, soulignant que les inquiétudes ont redoublé en raison des zones d'ombres du plan.
Les investisseurs se demandent qui du Fonds de secours de la zone euro (FESF) ou du Mécanisme européen de stabilité (MES) va émettre les nouveaux titres de la dette pour recapitaliser les banques espagnoles.
Le secteur bancaire espagnol reste l'une des grandes sources d'inquiétude des marchés, car il est fragilisé depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008.
Les banques espagnoles accumulaient dans leurs bilans pour 184 milliards d'euros d'actifs immobiliers problématiques (à la valeur incertaine) fin 2011, soit 60% de leur portefeuille.
L'agence d'évaluation financière Fitch a d'ailleurs abaissé mardi la note de crédit à long terme de 18 banques espagnoles, après dégradation la veille de celle des deux plus grandes, Santander et BBVA.
Cette décision n'est pas liée au plan d'aide mais elle est la suite logique de la dégradation de la note de l'Espagne le 7 juin de trois crans, à BBB.
Elle s'explique aussi toutefois par des portefeuilles de crédits de certaines banques qui pourraient encore se dégrader, précise l'agence dans un communiqué.
Cela est particulièrement vrai pour les banques dont les crédits accordés sont très exposés au secteur de la construction ou qui ont une base peu solide, ajoute le communiqué.
La dégradation traduit essentiellement les mêmes inquiétudes que celles qui ont eu un impact sur la note souveraine espagnole. En particulier, l'Espagne devrait rester en récession toute cette année et en 2013 contrairement aux attentes antérieures qui prévoyaient une légère amélioration en 2013, ajoute Fitch.
Parmi les 18 banques concernées, figure CaixaBank, troisième banque du pays en termes de capitalisation et en cours de fusion avec Banca Civica fortement exposée au secteur de la construction, qui perd deux crans, à BBB.
Banco Popular, quatrième banque par capitalisation qui a affimé lundi ne pas avoir besoin du plan d'aide, perd un cran, à BBB-.
Quant à la note de Bankia, qui fait l'objet d'un sauvetage public de 23,5 milliards d'euros, elle est également abaissée d'un cran, à BBB.
L'agence Standard & Poor's (S&P) a elle annoncé lundi qu'elle maintenait la note souveraine de l'Espagne, BBB+.
Sa concurrente Moody's avait abaissé le 17 mai la note de crédit de long terme de 16 banques espagnoles, dont BBVA et Santander, en raison des difficultés de l'économie et du secteur financier en général, des problèmes des finances publiques, et d'un accès restreint aux financements.
(©AFP / 12 juin 2012 18h48)