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Le blog de Lucien PONS

[Ukraine : on a oublié de vous dire... 2] Les néonazis font monter la violence pro-européenne. Le blog d'Olivier Berruyer.

9 Mars 2014 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Ukraine

1004092 10201542627989681 952714349 nLe 8 mars 2014.

 

 

Suite de notre série de reprises sur l’Ukraine… (qui n’a évidemment pas pour but de nier le caractère corrompu de l’ancien gouvernement, ni les légitimes aspirations du peuple à plus de liberté individuelle)

Janvier 2014 : La montée en puissance des néo-nazis dans la violence pro-européenne

Le site internet allemand Telepolis (gauche) revient à la charge dans ses accusations contre les grands médias occidentaux, qui ont refusé jusqu’ici de rapporter sur le fait qu’un certain nombre de violences rencontrées lors des manifestations de Kiev sont l’œuvre de groupuscules d’extrême-droite et même néo-fascistes.


Ces groupes sont, d’une part, des scissions du parti néo-fasciste ukrainien Svoboda. Pour eux, il s’agit de se démarquer des tentatives visant à dédiaboliser le programme de Svoboda dans le cadre d’une alliance avec d’autres partis d’extrême-droite européens.

D’autre part, selon Telepolis, on retrouve des extrémistes anti-russes des mouvements UNA-USO, Trizub, et « Patriotes d’Ukraine », formant le « Bloc de droite » violemment opposé à tout pourparler avec le gouvernement ukrainien. Celui-ci appelle à la conquête du pouvoir par la lutte armée.

D’autres voix commencent également à s’inquiéter de cette réalité :

  • 13 janvier : Oleksandr Feldman, président du Comité juif ukrainien et membre du parlement ukrainien, a publié un article intitulé « La triste progression du mouvement de protestation ukrainien, de la démocratie et de l’Etat de droit vers l’ultra-nationalisme et l’anti-sémitisme », qui a été repris par le site The World Post associé au Huffington Post le 23 janvier. L’article raconte la prise en main des manifestations de Kiev par les néo-fascistes, et appelle les dirigeants de l’opposition Yatseniouk et Klitschko à dénoncer « la dérive néo-fasciste au cours des dernières semaines et à rompre leur alliance avec Svoboda ».
  • 15 janvier : Le Jerusalem Post rapporte qu’un étudiant d’une école juive a été poignardé le 17 janvier, une semaine après qu’un homme de confession juive, Hillel Wertheimer, a été battu à Kiev. L’article cite l’appel de la communauté juive à renforcer sa sécurité, ainsi que le Congrès juif mondial, pour qui le rudoiement de Wertheimer « fait partie ’’d’une tendance croissante dans le pays à l’incitation antisémite et aux activités extrémistes’’ favorisée en partie par la popularité croissante du parti ultra-nationaliste Svoboda, que l’organisation juive a qualifié de groupe néo-nazi ».
  • 20 janvier : L’ambassade israélienne en Ukraine a publié un communiqué, rapporté par l’agence Interfax Ukraine, exprimant ses profondes inquiétudes à propos des attaques à l’encontre de membres de la communauté juive de Kiev.
  • 21 janvier : Un article de The Nation, intitulé « le nationalisme ukrainien au centre de l’ ’’euromaidan’’ », documente le rôle sans cesse croissant de Svoboda, qu’il identifie comme un parti situé « très à droite » (far-right) et « extrêmement nationaliste », sans toutefois insister sur son caractère néo-nazi.
  • 22 janvier : Nicolai Petro, écrivant sur le site du National Interest, défend les nouvelles lois restreignant les manifestations comme étant absolument nécessaires, étant donné la nature nihiliste et violente de l’opposition, qui bat régulièrement des députés et autres personnes.
  • 23 janvier : Libération et Daniel Schneidermann dans Rue89 reconnaissent eux aussi que l’extrême-droite s’incruste dans les manifestations.

25 janvier 2014 : Appel de 29 élus et responsables contre l’ingérence occidentale.

 


Le 25 janvier 2014, Natalia Vitrenko, économiste et fondatrice du Parti socialiste progressiste, et 28 élus et responsables d’associations ukrainiens, ont adressé cet appel au secrétaire général de l’ONU, aux dirigeants de l’UE et des États-Unis. Les signataires dénoncent l’ingérence étrangère et le danger de coup d’État.

 

Arrêtons la guérilla qui rôde ! Stoppons l’incitation à la guerre civile, à un coup d’État et au démembrement du pays !


En Ukraine, la crise politique s’aggrave de jour en jour, menant le pays à une guerre civile fratricide, à la perte de sa souveraineté, voire à sa désintégration. Il s’agit d’une entreprise étrangère visant à s’emparer de l’Ukraine, au mépris de l’intérêt et des aspirations de notre peuple. Elle opère de façon anticonstitutionnelle et en violation des normes internationales et des principes fondés sur l’action pacifique, les élections libres, la liberté de parole et le respect des droits de l’homme.

Puisque les médias internationaux colportent des informations déformées sur l’Ukraine, émanant d’hommes politiques et de responsables de l’Union européenne et des Etats-Unis, et que ces informations sont utilisées ensuite pour soutenir cette opération de guérilla illégale, nous sommes obligés de lancer l’appel suivant :

  1. Le prétexte pour organiser les manifestations de « l’Euromaidan » à Kiev a été le refus du gouvernement et du Président ukrainien de signer un accord d’association avec l’UE. Nous attirons votre attention sur ce document, en défense duquel l’opposition parlementaire a appelé le peuple à manifester sur la place de l’Indépendance (Maidan) de Kiev.Au cœur de cet accord, la perte totale de la souveraineté ukrainienne au profit d’agences supranationales (le Conseil d’association et le Comité sur le commerce) intronisées au-dessus de la Constitution et des lois du pays en tant qu’autorités décisionnelles. Il a été démontré de façon incontestable que ce document va à l’encontre de la Déclaration sur la souveraineté nationale de l’Ukraine, de la Constitution et des décisions de la Cour constitutionnelle, ainsi que de la volonté du peuple exprimée lors des référendums des 17 mars et 1er décembre 1991. La mise en œuvre de l’Accord d’association avec l’UE aurait conduit indiscutablement à la destruction de l’économie du pays, de son industrie, de son agriculture, de ses services et de son secteur scientifique.Signer cet accord aurait signifié la fin de la propriété de l’Etat, en concurrence avec les oligarques occidentaux. L’Accord d’association avec l’UE aurait éliminé la souveraineté de l’Etat ukrainien. Le mécanisme de convergence politique qui y est incorporé aurait éliminé également la souveraineté politique du pays, conduisant l’Ukraine à rejoindre la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Ce projet anti-russe, qui prévoit d’expulser la flotte de la Fédération russe de la mer Noire, basée à Sébastopol et en Crimée, entraînerait l’Ukraine dans le bloc militaire de l’OTAN.Les arguments mentionnés ci-dessus confirment que cet Accord d’association avec l’UE est un projet occidental visant à prendre le contrôle de l’Ukraine et à la coloniser. Son application avait été confiée aux partis de l’opposition parlementaire : Batkivshchyna (Patrie), Udar (Coup de poing) de Klitschko et Svoboda (Liberté).
  2. Nous estimons nécessaire d’attirer votre attention sur la nature des forces politiques qui ont organisé l’Euromaidan et se livrent aujourd’hui à des combats à travers le territoire ukrainien. Ces terroristes lancent non seulement des attaques sanglantes contre les représentants de l’ordre public, mais ils s’emparent de bâtiments officiels, mettent à sac et brûlent les bureaux des partis auxquels ils s’opposent et font régner la loi du plus fort contre les citoyens d’Ukraine. Ceci met en danger leur vie et leur sécurité, ainsi que leur dignité et l’inviolabilité de leurs biens.Vous devriez comprendre qu’en soutenant cette guérilla en Ukraine, en octroyant à leurs auteurs le statut d’« activistes d’Euromaidan » participant à des actions prétendument pacifistes, vous protégez et encouragez directement des mouvements néo-nazis et néo-fascistes.Aucun de ces opposants (Yatsenyuk, Klitschko et Tyahnybok) ne cache qu’il se situe dans la continuité de l’idéologie et des pratiques de l’OUN-UPA (Union des nationalistes ukrainiens – Armée insurrectionnelle ukrainienne, deux formations nationalistes créées dans les années 1930 et favorables à une collaboration étroite avec le régime nazi). Tous leurs discours au Maidan sont ponctués de « Gloire à l’Ukraine – à la gloire des héros ! » Ce salut nazi, adopté par les nationalistes ukrainiens en avril 1941 (lors de la deuxième assemblée de l’OUN), n’était qu’une copie de slogans similaires du parti nazi d’Hitler. « Gloire à l’Ukraine – Mort aux ennemis », « Ukraine par dessus tout », « L’Ukraine aux Ukrainiens », « Poignardons les moscovites et pendons les communistes ! », en sont d’autres entendus au Maidan.Partout où ils vont, outre ces slogans, les gens d’Euromaidan répandent des symboles racistes comme la Croix du loup (l’un des premiers insignes du NSDAP d’Hitler) et la Croix celtique, emblème néo-nazi symbolisant la supériorité de la race blanche. Et aussi les nombres 14 et 88. Le chiffre 14 fait référence aux quatorze paroles du néo-nazi américain David Lane (1938-2007), un suprématiste qui fut condamné aux Etats-Unis à 190 ans de prison pour violation des droits civiques et escroquerie ; le 88 est un code pour Heil Hitler ! (le h étant la huitième lettre de l’alphabet).Le groupuscule paramilitaire « Praviy Sektor » (Secteur droit) qui coordonne les guérillas, exhibe dans toutes ses actions le drapeau rouge et noir, autre symbole de l’idéologie « de la race et du sol », devenue dans les années 1930 une sorte de doctrine national -socialiste utilisée par les hitlériens pour justifier leur régime après leur accès au pouvoir en 1933. Le caractère néo-nazi de l’Euromaidan se trouve confirmé par l’utilisation constante des portraits de Bandera (1909-1959) et Choukhevitch – deux bourreaux sanguinaires de notre peuple – agents de l’Abwehr (le renseignement militaire de l’Allemagne nazie) opérant sous les pseudonymes de « Gray » et « Taras Chuprinka ». Le 14 janvier, par provocation, un portrait de Bandera a été accroché sur l’hôtel de ville de Kiev occupé par les manifestants. Suite au scandale provoqué, le portrait fut rentré à l’intérieur du bâtiment.Autre action diabolique, les participants du Maidan ont organisé une marche dans le centre de Kiev le 1er janvier, jour de l’anniversaire de Bandera. Ainsi, ce n’est pas seulement le Maidan de Kiev, mais également ceux qui émergent dans diverses régions de l’Ukraine, qui sont massivement infectés par l’idéologie nazie et recourent aux pratiques de leurs prédécesseurs en menant des actions contre la force publique et contre des civils (notamment leurs adversaires politiques).Soit Washington et Bruxelles ont choisi d’ignorer le caractère nazi de l’Euromaidan, soit ils préfèrent fermer les yeux et étouffer la vérité sur l’idéologie fasciste de l’opposition parlementaire et de l’Euromaidan en Ukraine. On est donc en droit de s’interroger :

    L’ONU, l’UE et les Etats-Unis ont-ils cessé de reconnaître la charte et le verdict du tribunal international de Nuremberg sur les crimes de guerre pour lesquels les hitlériens et leurs sbires furent jugés et condamnés ? Les droits de l’homme n’ont-ils plus aucune valeur pour les pays de l’UE et la communauté mondiale ? La dévotion des nationalistes ukrainiens pour Hitler et le massacre de civils sont-ils maintenant considérés comme une forme de démocratie ?

  3. Les droits des citoyens ukrainiens qui condamnent les néo-nazis, épousent une idéologie différente, défendent la souveraineté de l’Ukraine et rejettent catégoriquement le traité d’association avec l’UE, considérant que l’intégration de l’Ukraine dans l’Union douanière peut offrir une sortie de crise, sont piétinés ! Pourtant, des sondages crédibles indiquent que plus de la moitié de la population est favorable à une association entre l’Ukraine et la Russie et que 97 % rejettent le nazisme.L’UE et l’ONU pensent-elles que les droits de dizaines de millions de ces Ukrainiens n’ont pas à être défendus ? L’UE et l’ONU considèrent-elle comme un modèle de démocratie le fait que les soi-disant forces d’autodéfense d’Euromaidan, de façon anticonstitutionnelle et en violation totale des normes du droit international, kidnappent des citoyens, les fouillent, les interrogent, les torturent et les conduisent en des lieux où des « sentences » sont exécutées ?

Pour changer cela, nous insistons pour que nos représentants soient immédiatement admis dans le processus de négociation entre la présidence ukrainienne et l’opposition parlementaire, et vous demandons de soutenir cette demande. Nous demandons également qu’une délégation autorisée des signataires ci-dessous soit reçue de toute urgence, afin d’ouvrir l’accès à une information objective sur ce qui se passe réellement en Ukraine.

Nous, en tant que responsables de partis politiques et de la société civile, exprimons notre vive préoccupation face au constat que certains politiciens et responsables de l’ONU, de l’UE et des Etats-Unis ont une vision déformée de ces événements organisés en vue d’un coup d’Etat en Ukraine, et ne prennent aucune mesure efficace pour l’empêcher.

Nous en appelons aux dirigeants des Nations unies, de l’Union européenne et des Etats-Unis afin qu’ils condamnent sans tarder les actions d’organisations ukrainiennes nazies et s’engagent à prendre les mesures qui s’imposent pour empêcher une guerre civile fratricide dans notre pays. Une copie de cette déclaration sera transmise aux dirigeants des Etats membres du Conseil de sécurité des Nations unies.

 

27 janvier 2014 : Un député italien exige la fin de l’ingérence européenne en Ukraine.

 


Le sociologue italien Pino Arlacchi, député européen de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (Parti Démocrate) et ancien directeur de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ODCCP), a déclaré dans un entretien à Radio 24 en Italie le 27 janvier que les manifestations en Ukraine étaient contrôlées par des nazis. Il a appelé l’UE à cesser toute ingérence dans les affaires internes du pays.

Interrogé s’il pensait que l’Europe soutenait de manière approprié les protestataires qui « demandent l’Europe » en Ukraine, Arlacchi a répondu :

Il ne semble pas du tout qu’ils soient en train de demander l’« Europe ». La rue est aux mains des extrémistes pro-nazis et des nationalistes de Svoboda, qui ne se soucient guère, je le crois, de l’Europe.

Alors que son hôte insistait sur le fait qu’« une partie de l’opposition est pro-Europe », Arlacchi a répondu :

Être en faveur de l’UE doit aussi signifier qu’ils doivent favoriser les méthodes et valeurs en usage dans l’UE. Descendre dans la rue avec des armes, tirer des coups de feu et détruire les immeubles publics, et ensuite demander que le gouvernement fasse ce qu’ils disent, ne me semble pas à moi comme étant très européen.

Je ne soutiens pas le gouvernement ukrainien, mais je ne tombe pas non plus dans le piège de penser qu’une rue violente a le droit de renverser un gouvernement élu démocratiquement – les élections ont été régulières, nous les avons surveillées. Je ne me reconnaît pas dans une meute qui exige qu’on change les règles du jeu démocratique par la force. Ils peuvent demander de nouvelles élections, ils peuvent demander la démission du gouvernement, ils peuvent tout demander ce qui est légitime, mais ils doivent également le faire avec des méthodes qui sont cohérentes avec les règles de la démocratie.

Lorsque Radio 24 lui fit remarquer que la ministre italienne des Affaires étrangères Emma Bonino a déclaré le même jour que la position du président ukrainien Ianoukovitch était insoutenable, Aralcchi a répondu :

Je dirais que nous devrions essayer d’interférer beaucoup moins dans les affaires internes des autres pays. Cette intervention européenne en Ukraine a été un désastre, car elle a divisé le pays. Il y a toute une partie anti-russe du pays contre l’autre moitié, qui est pro-russe, sans idée claire sauf une poursuite de la Guerre froide. J’ai insisté, et je continue à le faire, avec mes autres collègues, sur l’idée que diviser un pays de cette manière n’est pas cohérent avec le message européen, n’est pas dans l’intérêt de l’Europe, et que nous devrions développer une autre politique à l’égard de l’Est, fondée sur le dialogue et l’inclusion avec la Russie, plutôt que de se comporter comme si nous étions au pire moment de la Guerre froide.

Comme directeur de l’ONU pour la lutte contre la drogue et le crime, Arlacchi avait initié en 1998 un programme d’éradication de l’opium en Afghanistan, qui consistait à remplacer les champs de pavot par une agriculture consacrée à l’alimentation. Le programme, mis en place en collaboration avec les Talibans alors au pouvoir, avait réduit de manière significative la production de stupéfiants, jusqu’à ce que la guerre de l’OTAN lancée sous le prétexte du 11 septembre 2001 ne vienne relancer la production d’opium à grande échelle.

 

29 janvier 2014 : Alexander Rahr en remet une couche.

 


Expert renommé de la Russie, l’allemand Alexander Rahr lance un avertissement contre le danger de guerre nucléaire avec le pays dirigé par Poutine, dans une analyse sur la situation ukrainienne publiée dans le mensuel allemand Cicero.

Aujoud’hui, les manifestations de masse contre le gouvernement ukrainien sont largement nourries par des demandes sociales, mais une étincelle suffit pour déclencher un conflit ressemblant à une guerre civile entre la partie occidentale, pro-européenne, et la partie orientale, pro-russe, du deuxième plus grand pays d’Europe.

Rahr fait une comparaison avec la situation en Yougoslavie au cours des années 1990, mais estime que :

contrairement à la guerre civile yougoslave, l’intervention d’une force de maintien de la paix de l’OTAN n’est pas envisageable. Le risque de confrontation militaire avec la puissance nucléaire qu’est la Russie est trop grand. L’Occident ne peut éviter de chercher une solution dans le cas de l’Ukraine avec, plutôt que contre la Russie.

Il ajoute que « si une force nationaliste radicale devait usurper le pouvoir à Kiev », la Russie se verrait obligée de reconnaître l’indépendance de la Crimée, comme elle l’a fait dans le cas de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud auparavant.

L’arsenal des options dont dispose l’Europe est limité, prévient-il : les Européens n’ont tout simplement pas le muscle financier pour suppléer aux énormes prêts consentis par la Russie à l’Ukraine. Par conséquent, la seule alternative est la coopération entre l’Europe et la Russie en Ukraine.

La modernisation des gazoducs et le développement de projets conjoints dans le secteur de l’aérospatial devraient faire partie des priorités. Il n’est même pas impossible de voir l’Ukraine adhérer tant à l’UE qu’à l’Union eurasienne, écrit-il.

 

2 février 2014 : Le Sécrétaire général de l’OTAN s’en prend à la Russie.

 

 

Le Secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen a profité de la Conférence de Munich sur la sécurité de 2014, qui se tient actuellement du 1er au 3 février en Allemagne, pour proférer des menaces à l’égard de la Russie et exiger qu’elle mette fin à « sa rhétorique belliqueuse ».

Considérées comme belliqueuses sont les protestations de cette dernière sur le déploiement du bouclier anti-missile américain en Europe, un système qui menace selon plusieurs experts le fragile équilibre entre les forces de dissuasion russes et occidentales.

Le quotidien américain Stars and Stripes rapporte :

Rasmussen a dit que la rhétorique de plus en plus belliqueuse venant de Russie entrave les chances d’une coopération plus étroite entre l’Alliance et son ennemi de la Guerre froide. (…) ’’Nous devons nous garder de nous menacer l’un l’autre’’, a dit le chef de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen lors de la Conférence de Munich sur la Sécurité. Rasmussen a grondé la Russie sur plusieurs questions, tel le développement récent de missiles balistiques dans l’ouest du pays. Rasmussen a également tancé la Russie pour avoir décrit les plans du système de défense de l’OTAN comme un système ’’offensif’’, alors que l’OTAN affirme que sa conception est défensive. La Russie s’est depuis longtemps plainte à propos des plans de défense antimissile, mis de l’avant par les États-Unis, qu’elle considère comme une menace à ses propres missiles.

Tandis que Stars and Stripes ne parle que de « plans » de la part de l’OTAN et Rasmussen de la « rhétorique belliqueuse » de la part des russe, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel annonçait, à cette même conférence, que les Etats-Unis ont déjà déployé en Espagne le destroyer USS Donald Cook (DDG 75), dans le cadre du bouclier antimissile de l’OTAN en Europe. Le USS Donald Cook est équipé du système de missiles intégré Aegis, « en réponse aux menaces posées par les missiles balistiques iraniens », selon Hagel. Trois destroyers supplémentaires ainsi équipés seront déployés sur le continent européen au cours des deux prochaines années, a-t-il ajouté.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov a réitéré que son pays considère l’installation du bouclier antimissile de l’OTAN comme un acte d’hostilité à une époque où « la confrontation militaire est inconcevable en Europe », avant de rappeler que son intervention à cette conférence avait lieu 70 ans jour pour jour après la Bataille de Stalingrad, au cours de laquelle « des centaines de milliers de mes compatriotes ont donné leur vie pour cette victoire sur les rives de la Volga, défendant non seulement la mère patrie mais combattant aussi pour arriver à la paix universelle, tout comme le faisaient nos alliés ».


2 février 2014 : l’UE ferme les yeux sur l’hégémonie des néonazis à la tête de l’insurrection.

 


Plusieurs grands médias occidentaux viennent de confirmer de façon indépendante le rôle dominant des organisations néo-nazies dans les manifestations de Kiev.

Pourtant, le Conseil de l’Union européenne n’a pas hésité à publier le 10 février un communiqué à la langue de bois déplorant en termes plus que vagues « la situation en ce qui concerne les droits de l’homme, les cas de personnes disparues, la torture et l’intimidation, et déplore la mort et les blessures encourues de tous les côtés ». Le Conseil affirme par ailleurs qu’il se « tient prêt à répondre rapidement [par des sanctions et des moyens militaires ?] à toute détérioration sur le terrain ».

Alors qu’en France la couverture de presse reste plus que discrète, le fait scandaleux que des organisations ultra-nationalistes et néo-nazies dominent les manifestations est amplement documenté par le Globe & Mail de Toronto (le principal quotidien du Canada), le Guardian de Londres et l’agence Bloomberg de New York.

Le 7 février, le Globe & Mail publiait un article intitulé « Un mouvement de l’ultra-droite devient le fer de lance des manifestations ukrainiennes ». Son auteur Doug Sanders écrit que « les manifestants des groupes les plus nombreux et les plus agressifs, qui refusent en général de parler aux journalistes, sont des membres de Pravy Sektor, un regroupement de bandes fascistes, nationalistes, de hooligans du football et d’extrémistes de droite, certaines avec des précédents nazis ».

Sanders ajoute : Pravy Sektor est en fait « l’ossature de ces manifestations », pour ce qui concerne la « construction et l’entretien des barricades autour des squares, une grande partie de la construction des camps, la surveillance, et les batailles rangées et parfois mortelles avec la police. (…) Dans quelques villes plus petites, les manifestations locales et l’occupation des bâtiments administratifs semblent avoir été entièrement l’œuvre de Pravy Sektor. » Sanders précise que Pravy Sektor n’est pas une organisation isolée de la tendance majoritaire dans les manifestations, contrairement à ce que l’on pourrait croire, mais en fait intégralement partie : « En dépit de leur histoire d’intolérance extrême, Pravy Sektor a gagné l’admiration d’un nombre étonnamment élevé d’organisations reconnues. » Il cite ensuite Volodymyr Fesenko, dirigeant du Centre d’études politiques de Kiev disant : « Les gens les soutiennent [Pravy Sektor] (…) car ils les voient comme l’armée de l’opposition. »

Quant au Guardian de Londres, il publie le même jour un article de Volodymyr Ishchenko, qui rapporte :

Les médias occidentaux célébraient naïvement [vraiment ?] les « valeurs européennes » du mouvement, malgré le fait que le parti Svoboda, xénophobe, homophobe et nationaliste avait été, avec des groupes encore plus extrémistes [tel que Pravy Sektor cité plus haut], impliqué dans l’Euromaidan… depuis presque le début. Ils criaient des slogans d’extrême-droite, combattant la police, dirigeant l’occupation des bâtiments administratifs, et démantelant les monuments. Et pourtant ni les incidents de torture, de lynchage et d’humiliation en public de soi-disant voleurs dans les camps des manifestants, ni le passage à tabac de sans-abris ou de gens en état d’ébriété autour des camps n’ont été rapportés dans les médias internationaux.

Pour sa part le site de Bloomberg mettait à sa Une le 10 février la photo de terroristes portant un masque noir, sur le Maidan de Kiev, avec pour titre : « Les radicaux ukrainiens poussent à la violence alors que le zèle des nationalistes s’accroît. »

Les journalistes Daryna Krasnoloutska et Volodymyr Verbyany concentrent leur attention sur Pravy Sektor, le décrivant « comme un regroupement d’organisations nationalistes, incluant Tryzoub et Bilyi Molot [marteau blanc], dont l’idéologie est fondée sur Stepan Bandera, qui avait combattu l’administration soviétique dans les années trente, quelque fois aux côtés de l’Allemagne nazie ».

L’article conclut que ce sont ces groupuscules violents qui dominent la rue et cite le chef de Pravy Sektor, Dmytro Yarosh : « Nous sommes contre l’effusion de sang mais nous reconnaissons qu’il est impossible de parler aux autorités criminelles sans avoir recours à la force. »


3 février 2014 : Le Financial Times suggère d’utiliser la crise Ukrainienne pour renverser Poutine !

 


Un éditorial du Financial Times du 3 février intitulé « L’Ukraine se trouve face à un moment de vérité », commence par dire que la crise en Ukraine est « entrée maintenant dans une phase décisive ». Il soutient que « Ianoukovitch représente aujourd’hui une force dépassée » et, afin de parer à un éventuel durcissement des réponses de son gouvernement, « Washington et Bruxelles doivent dresser une liste de restrictions de voyager et de sanctions financières qui seraient imposées aux dirigeants du pays s’il venaient à faire preuve d’une telle brutalité. (…) Deuxièmement, l’Occident doit être immédiatement prêt à fournir une aide financière à l’Ukraine si un nouveau gouvernement arrivait au pouvoir et cherchait à renouer des liens avec l’UE », pour ensuite ajouter, comme si cela pouvait être pris au sérieux, que le FMI « devrait être prêt à injecter plusieurs milliards de dollars dans l’économie Ukrainienne afin de stabiliser instantanément la situation financière du pays ».

Faisant preuve d’une insouciance sans borne, le Financial Times déclare qu’ « une réponse militaire de la part du Kremlin est inconcevable », puis termine avec cette phrase coup de poing : « Si les Ukrainiens font tomber l’homme de Kiev, les Russes pourraient se demander pourquoi ils ne devraient pas faire de même avec l’homme du Kremlin. »


18 février 2014 : Vitrenko exige que le monde reconnaisse la nature néo-nazie du putsch en cours en Ukraine.

 


Le Dr Natalia Vitrenko, présidente du Parti progressiste socialiste d’Ukraine, a publié hier une déclaration après que des guérilleros marchant sous la bannière rouge et noire du collaborateur nazi Stepan Bandera ont commis des actes de violence dans le centre de Kiev :

« C’est seulement lorsque la communauté mondiale aura reconnu la nature néo-nazie du putsch que la violence en Ukraine pourra être arrêtée », est le titre de sa déclaration.

Vitrenko a rapporté que le sang a coulé à nouveau hier, après que des colonnes organisées et lourdement armées, sous prétexte d’une marche pacifique sur la Rada suprême à l’appel mensonger des dirigeants de l’Euromaidan (Iatsenouk, Klitschko et Tyahnybok), ont tenté de saccager la Rada (Parlement) et attaqué tant la police que des manifestants pacifiques du Parti des régions, actuellement au pouvoir. Elle a accusé les dirigeants de l’opposition d’avoir incité cette nouvelle vague de violence et les a tenus responsables pour le sang versé. Mais elle a ajouté :

La responsabilité pour la violence, le sang, les morts et les blessés, et la guerre civile en Ukraine, n’incombe pas seulement aux organisateurs de l’Euromaidan, aux guérilleros et aux terroristes, mais également aux dirigeants de l’Union européenne et des  Etats-Unis qui ont, dans leur myopie politique, confondu un putsch nazi avec une révolte populaire pacifique en défense des valeurs européennes.

Vitrenko a répété ce qu’elle avait déclaré dans une vidéo du 13 février, qui est que les politiques étrangers se rendant sur le Square de l’Indépendance (Maidan Nezalezhnosti) refusent délibérément de reconnaître que toute la zone du Maidan est décorée de graffiti néo-nazis, tandis que des « menaces nazies » telles que « poignardons les moscovites » et « gloire à la nation – mort aux ennemis » sont scandées continuellement. « Pour une raison quelconque, ils n’arrivent pas à voir que ce qui arrive en Ukraine est parfaitement similaire à la saisie du pouvoir par les nazis en Allemagne. »

En conclusion, elle a ajouté :

En tant que dirigeante d’un parti d’opposition de gauche en Ukraine, j’appelle la communauté mondiale à regarder ce qui est au cœur de nos problèmes en Ukraine. Il s’agit d’un putsch néo-nazi, visant à établir une dictature nazie. Le droit international et les valeurs européennes, la défense des droits humains en Ukraine (et dans le monde), ainsi que les principes démocratiques, obligent toutes les nations du monde et toutes les forces progressistes à s’unifier dans le but de bannir les partis et mouvements néo-nazis en Ukraine. Sinon il sera impossible de stabiliser la situation et d’obtenir des changements démocratiques.

Vitrenko avait remercié dans sa déclaration vidéo du 13 février Helga Zepp LaRouche, fondatrice de l’Institut Schiller, pour son intervention récente dans une réunion du National Endowment for Democracy à Washington D.C., où elle avait dénoncé depuis la salle : « Sous couvert de ’’démocratie’’, vous vous ingérez dans les affaires internes de l’Ukraine et vous pourriez déclencher une troisième Guerre mondiale. »

Vitrenko a terminé en disséquant les faussetés contenues dans les plus récentes résolutions adoptées tant par le Congrès américain que le Parlement européen sur l’Ukraine.

Le soutien apporté par le Parlement européen aux insurgés actuels est particulièrement outrageant, étant donné les résolutions antérieures de ce même Parlement condamnant les mouvements politiques néo-nazis en Ukraine. En 2010, le Parlement européen avait déclaré que celui-ci :

Regrette vivement la décision du président ukrainien sortant, Victor Iouchtchenko, d’accorder à titre posthume à Stepan Bandera, chef de l’organisation nationaliste ukrainienne OUN qui collabora avec l’Allemagne national-socialiste, le titre de « héros national de l’Ukraine »

Ce même Parlement a déclaré dans une résolution adoptée le 13 décembre 2012, qu’il :

S’inquiète de la montée du sentiment nationaliste en Ukraine, qui s’est traduit par le soutien apporté au parti « Svoboda », lequel se trouve ainsi être l’un des deux nouveaux partis à faire son entrée à la Verkhovna Rada ; rappelle que les opinions racistes, antisémites et xénophobes sont contraires aux valeurs et principes fondamentaux de l’Union européenne et, par conséquent, invite les partis démocratiques siégeant à la Verkhovna Rada à ne pas s’associer avec ce parti, ni à approuver ou former de coalition avec ce dernier.

Aujourd’hui, fait remarquer Vitrenko, les responsables européens et américains sont en contact constant avec le dirigeant de Svoboda, Oleh Tyahnybok.

 

Janvier 2014 : Le problème maintenant, c’est qu’il y a des images…

 


bien sûr il y a BHL et sa jeune fille avec des fleurs et une guitare attendant, tremblante mais digne, en chantant, l’assaut brutal et sanguinaire des troupes d’élite de Poutine sur les enfants désarmés de Maïdan.

BHL : Je viens de recevoir à la seconde, juste quelques secondes avant l’assaut, un message bouleversant d’une jeune fille qui est une des coordinatrices de l’opposition. Elle m’écrit la chose suivante : “Nous chantons, nous prions, nous tenons des chandelles. J’éteins maintenant mon téléphone , ils donnent l’assaut. HELP and REMEMBER”. Aidez-nous et souvenez-vous.

D’un côté il y a  Sotchi, c’est-à-dire les jeux de la honte, et de l’autre coté il y a Maidan, c’est à dire le bain de sang qui se prépare pour cette nuit. Et moi, ce que je pense, je suis bouleversé par cette situation. Et c’est si triste ‘entendre parler des médailles de Sotchi au moment où le maître de Sotchi, c’est à dire Vladimir Poutine, est en train de faire donner l’assaut à ses miliciens d’élite.

Donc moi il me semble que nous devons, tous ensemble, demander la suspension de la participation de nous, européens, aux jeux de Sotchi. D’un coté les athlètes dévalent les neiges immaculées de Sotchi, et de l’autre coté, la neige de Maidan va être ensanglantée. On ne peut pas accepter cette situation. Et d’autre part, il me semble, la France est membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, il me semble que les images que vous êtes en train de voir méritent bien une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. Une mise en accusation du KGBiste Monsieur Poutine, qui a toutes les audaces, et qui est en train de préparer un Tien an Men en Ukraine, à Kiev

(Sacré numéro de propagande pour manipuler l’opinion. Je rappelle qu’on est en Ukraine et pas en Russie, ce n’est Poutine qui est à la commande… Ca n’aurait pas fini comme ça si ça avait été le ce cas, d’ailleurs…)

 

Et puis il y a ça aussi :

 

 

Mais bon, A VOIR, BHL qui nous explique que ça ou le Front National c’est pareil (pardon, qu’il y a moins d’extrême droite en Ukraine qu’en France) – mais il est payé combien et par qui cet homme là pour oser dire ça ?

 

 

Rappel :

« Les nationalistes de Svoboda inquiètent les juifs et les Russes », titrait récemment Le Monde (01/11/2012). Dans l’article, le journal rapportait les inquiétudes suscitées par l’entrée au Parlement ukrainien de ce parti nationaliste avec 10% des voix. « J’ai entendu des déclarations antisémites dans la bouche du leader de Svoboda. C’est très désagréable quand ce genre de force politique arrive au pouvoir », a déclaré l’ambassadeur israélien en Ukraine. « C’est la première fois qu’un parti néonazi, qui ne cache pas son antisémitisme et soutient ceux qui collaboraient avec Hitler, entre au Parlement », a déploré quant à lui un député russe.

L’entrée d’un parti comme Svoboda au Parlement ukrainien a effectivement de quoi inquiéter (9). Comme nous allons le voir plus loin, le mouvement fasciste est particulièrement fort en Ukraine. Toutefois, il y a deux choses que Le Monde n’a pas mentionnées et qui méritent pourtant la plus grande attention.

La première, c’est que le parti de Ioulia Timochenko a passé une alliance électorale avec Svoboda. On ne peut qu’être frappé par l’absence de réactions qu’a suscitée cette information dans la presse française alors qu’elle était depuis longtemps connue. Dès le 26 octobre, l’agence de presse PR Newswire avait rapporté qu’un accord avait été passé entre le parti de Timochenko et Svoboda plus d’une semaine avant les élections. On lisait dans l’article : « D’après le Ukrainian Jewish Committee, Svoboda est un parti fasciste, dont le nom complet – le Parti National Socialiste d’Ukraine – a été choisi en référence au Parti national-socialiste [...] Alex Miller, chef de la commission inter-parlementaire Ukraino-Israëlienne, [...] a déclaré ne pas comprendre pourquoi l’opposition ukrainienne dirigée par Timochenko a signé un accord de coalition avec ce parti. » Si, le jour des élections, plusieurs journaux français ont évoqué l’alliance en question, tous se sont étonnamment gardé de préciser quel genre de parti était Svoboda (10).

La deuxième chose que Le Monde a omis de dire, c’est que le « mouvement orange » lui-même entretient depuis longtemps des liens étroits avec l’extrême droite ukrainienne. L’Ukraine est un pays où les divisions politiques sont fort marquées géographiquement. Les régions du Sud et de l’Est, où l’on parle majoritairement le russe, sont plus tournées vers la Russie tandis que les régions du Nord et de l’Ouest, berceau du nationalisme ukrainien, sont plus tournées vers l’Occident. Lorsque l’Allemagne nazie a attaqué l’URSS en 1941, elle a trouvé dans ces dernières des forces pour la soutenir. L’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), alors dirigée par Stepan Bandera, a ainsi offert à l’armée allemande deux bataillons de soldats qui ont formé ensemble la Légion ukrainienne. Cette légion a pris une part active dans l’offensive contre les Soviétiques avant d’être transformée en bataillon de police SS (le Schutzmannschaftbataillon 201) chargé de lutter contre les Résistants de Biélorussie.

Fortement réprimée dans l’après-guerre, l’extrême droite ukrainienne a refait surface avec la chute de l’URSS. Elle est reparue dans ses bastions traditionnels du Nord et de l’Est du pays, où les partis de la coalition orange concentrent l’essentiel de leur base électorale. Or, depuis leur accession au pouvoir, ceux-ci ont multiplié les signes de complaisance envers le mouvement fasciste. En 2007, Viktor Iouchtchenko a par exemple réhabilité Roman Choukhevytch, ancien chef d’un des bataillons de la Légion ukrainienne (11). En 2010, c’était au tour de l’ancien dirigeant de l’OUN, Stepan Bandera, d’être consacré héros national par le Président (12). Signalons également la célébration, chaque année, de l’anniversaire de la fondation de la division Waffen SS « Galizien » en 1943. Selon le site resistances.be (01/06/2009), cette célébration initiée par le parti Svoboda a reçu en 2009 le soutien tacite de l’ensemble des formations de la coalition orange. Quant à Ioulia Timochenko, elle a affirmé avant les élections de 2010 qu’elle continuerait, en cas de victoire, le travail entamé par Iouchtchenko pour revaloriser la « véritable histoire » nationale ukrainienne (13).

Nous voyons donc bien que le mouvement fasciste ukrainien, loin de se limiter au parti Svoboda, est en fait étroitement lié au mouvement orange. Pourquoi donc le journal Le Monde, généralement si prompt à lancer des accusations d’antisémitisme, a-t-il caché cette information à ses lecteurs ? De toute évidence, le quotidien n’a pas eu envie d’écorcher l’image de la candidate fétiche de l’Occident, unanimement présentée dans la grande presse comme défendant les valeurs de la démocratie face à l’autoritaire candidat « pro-russe » Viktor Ianoukovitch.

Ce qui frappe dans les articles parus depuis le début du procès, c’est l’absence totale d’attention portée sur le fond de l’affaire par les grands médias. Les chefs d’accusation, lorsqu’ils sont rappelés, sont systématiquement tournés en dérision : Timochenko aurait été « condamnée à sept ans de prison pour avoir signé un contrat gazier désavantageux avec la Russie (14) ». On insiste sur son état de santé et ses grèves de la faim, mais l’on évite soigneusement de toucher à la question centrale : a-t-elle oui ou non abusé de son pouvoir à diverses reprises pendant son mandat de Première ministre ? Un bref regard sur le passé de la politicienne permettra de mesurer tout l’intérêt de la question.

Ioulia Timochenko a commencé sa carrière comme femme d’affaires à la fin des années 1980. En 1991, elle a fondé avec son mari la Corporation du pétrole ukrainien, une entreprise fournisseuse d’énergie qui est devenue par la suite le principal importateur de gaz russe en Ukraine. Timochenko a présidé cette entreprise de 1995 à 1997. Vers la même période, elle s’est lancée dans la politique et est entrée au Parlement. Elle entretenait alors de bons rapports avec le Premier ministre de l’époque, Pavlo Lazarenko, grâce à l’aide duquel elle s’est construit un véritable empire financier (15). En 1997, Lazarenko fut soupçonné de corruption et contraint de quitter l’Ukraine. Quelques années plus tard, Timochenko fut accusée de lui avoir versé des pots-de-vin et soumise à une enquête judiciaire. A cette occasion, la politicienne a passé un mois en prison en 2001. Finalement, les charges ont été abandonnées suite à l’élection de Iouchtchenko en 2005 et Timochenko a pu poursuivre sa carrière politique. Lazarenko eut moins de chance : réfugié aux Etats-Unis, il fut condamné pour d’autres affaires de fraude et mis en prison (16).

Un rapport au Congrès américain mentionne à propos de toute cette affaire : « [Timochenko] est une figure controversée en raison des relations qu’elle a entretenues, dans le milieu des années 1990, avec des élites de l’oligarchie, dont l’ancien Premier ministre Pavlo Lazarenko, qui purge en ce moment même une peine de prison aux Etats-Unis pour fraude, blanchiment d’argent et extorsion de fonds. Timochenko a servi comme chef d’une société gazière commerciale et vice-Première ministre dans le gouvernement notoirement corrompu de Lazarenko (17). »

En refusant de s’intéresser au fond de son récent procès, décrétant qu’il s’agissait d’une affaire purement « politique », les grands médias ont fait preuve d’une indulgence injustifiée à l’égard de Timochenko. Le houleux passé de cette femme d’affaires aurait dû au contraire les faire redoubler de prudence dans leurs analyses. Mais il faut croire que noircir la réputation de l’idole de l’Occident était pour eux tout simplement inconcevable. Aussi se sont-ils une fois de plus efforcés de la dépeindre comme une enfant de chœur irréprochable, dans le mépris des règles de déontologie les plus élémentaires.

 

Reportage de la BBC sur ces nationalistes :

 

lien direct de la vidéo sur : VK


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Comparatif des tracts trouvés en Égypte et en Ukraine. Il viennent de l’ONG serbe OTPOR (largement financé par Freedom House) qui avait largement contribué à la chute de Milosevic. D’alleurs Freedom House est désormais présidé par l’ancien dirigeant de la CIA James Woosley. Ce dernier est un proche du Sénateur McCain et avait été engagé comme conseiller lors de la campagne présidentielle de 2008.

Mais bon, revoila BHL qui demande qu’on signe l’accord commercial avec l’Ukraine (bizarre, pourquoi il ne demande pas un referendum en Ukraine et dans l’UE ? Ah oui, il a une liason directe avec le peuple ukrainien dans la tête !) mais menace Poutine – A VOIR AUSSI :

 

 

BHL 02/03/2014 : [Début de l'intervention] Peuple du Maidan ! Vous avez, à mains presque nues, fait reculer les miliciens Berkout.

Vous avez, seuls ou presque, mis en fuite Ianoukovitch. Vous avez, avec un sang-froid digne des grands peuples, infligé une défaite historique à la tyrannie. [NB. président légitimement élu]

Et donc vous êtes, non seulement des Européens, mais les meilleurs des Européens. Européens vous l’êtes, certes, par l’histoire ; mais aussi, désormais, par le sang versé.

Européens vous l’êtes, certes, parce que vous êtes les fils de Voltaire, de Victor Hugo et de Taras Chevchenko ; mais vous l’êtes aussi parce que, pour la première fois, ici, sur le Maidan, des jeunes sont morts avec, entre les bras, le drapeau étoilé de l’Europe.

On a voulu vous calomnier.

On a dit que vous étiez les continuateurs de la mémoire noire de l’Europe. Eh non ! C’est le contraire ! Ces vertus de résistance qui font le génie de l’Europe et qu’un grand Français, le Général de Gaulle, a portées à leur sommet, c’est vous qui les incarniez pendant ces journées sanglantes ; et le national-socialisme, l’antisémitisme, le fascisme qui furent la honte de notre continent étaient du côté de vos ennemis. [OB : ARGHHH !!!]

Je m’incline devant vos morts. Je m’incline devant votre bravoure et vous dis plus que jamais : « bienvenue dans la Maison commune ».

Aujourd’hui, pourtant, une nouvelle force se dresse devant vous. Une force qui ne connaît et ne respecte que la force.

Une force qui agit impunément dans l’est de votre pays, sur vos terres historiques.

Et une force qui s’apprête, en amputant l’Ukraine, à faire ce qu’aucune force, dans aucun autre pays d’Europe, n’a osé faire depuis des décennies.

L’argument est connu : c’est celui d’Hitler arguant, en 1938, de ce que les Sudètes parlaient allemand pour envahir la Tchécoslovaquie. [OB : malin de dire ça à des Russes. Presque aussi bien qu'à un juif...]

La méthode est connue : c’est celle d’Hitler profitant, lui aussi, des jeux olympiques d’hiver, à Garmish Partenkirchen, pour, quelques jours plus tard, remilitariser la Rhénanie.

Mais vous êtes là, peuple du Maidan, pour empêcher ce nouveau crime.

Mais vous êtes là, jeunesse du Maidan, pour interdire que vos frères de l’est ne retombent sous la botte de l’Empire. [OB : de PalPoutine ?]

Mais vous êtes de nouveau rassemblés pour refuser que soit dépecé votre pays qui n’a que trop souffert, au fil des siècles, et qui a payé, cher, si cher, le droit de vivre librement.

J’étais, hier, devant l’ambassade russe à Kiev, où flottaient des drapeaux ukrainiens mêlés à des drapeaux européens : j’ai été impressionné par la sage et belle détermination des Ukrainiens qui étaient là !

J’étais à la Rada, votre Parlement, où j’ai rencontré vos dirigeants : l’homme qui a tout de suite appelé, comme Danton pendant la révolution française, à la mobilisation citoyenne, Vitali Klitchko ; la dame, Ioulia Timochenko, que Poutine essaie déjà de salir et qui m’a chargé de vous dire : « je n’irai évidemment pas à Moscou ; Poutine est mon ennemi ». Mais ce qui m’a le plus frappé c’est leur volonté de faire front : le martyre et la puissance, la femme qui porte dans sa chair les stigmates de sa lutte pour la liberté et le champion, fils du Maidan, symbole de force tranquille et de probité – s’ils restent unis, si vous restez tous unis, comme ici, aujourd’hui, c’est vous qui l’emporterez et c’est Poutine qui cédera.

Mais je sais aussi, peuple du Maidan, que vous aurez besoin, pour qu’il soit durablement vaincu, de l’aide de vos frères en Europe.

 

[Suite du discours, en vidéo] “L’Europe doit protéger l’Ukraine. L’Europe doit se porter garante de vos frontières et de la liberté de vos villes. L’Europe doit signer sans délai, c’est à dire si possible, dès demain, je dis bien dès demain, l’accord d’association pour lequel sont morts tant de vos vétérans et de vos jeunes.  Cet accord d’association, l’Europe devrait le signer ici, les ministres de l’Europe devraient venir à Kiev, et pourquoi pas sur le Maïdan, pour signer solennellement cet accord d’association, Ce serait pour vous une sauvegarde et ce serait pour nous comme un nouveau baptême [sic.]. Poutine n’est fort que de notre faiblesse. Poutine n’avance que parce que nous avons peur. Et si la peur changeait de camp ?

 

L’Europe doit protéger l’Ukraine. L’Europe doit se porter garante des frontières de votre nation et de la liberté de ses villes.

L’Europe doit signer sans délai, c’est-à-dire si possible dès demain, l’accord d’association pour lequel vos jeunes et vos vétérans se sont battus et sont morts.

L’Europe doit – pourquoi pas ? – venir signer cet accord ici, solennellement, à Kiev : ce serait, pour vous, une sauvegarde et, pour elle, comme un nouvel acte de baptême. [OB : faut oser !]

Et l’Europe doit faire avec Poutine ce qu’elle a fait avec Ianoukovitch – elle doit agir face au maître comme elle l’a fait face au valet : elle a les moyens de le sanctionner et elle doit les utiliser.

Et si l’Europe disait à Poutine : « nous avons besoin de ton gaz, mais tu as besoin de nos euros – alors bas les pattes en Crimée » ?

Et si l’Europe disait à Poutine : « un homme qui donne l’exemple du viol des frontières en Europe n’a pas sa place dans les enceintes où la communauté internationale œuvre à la stabilité du monde – alors, Monsieur Poutine, ou vous sortez d’Ukraine ou on vous sort du G8 qui, comble d’ironie, doit se tenir à Sotchi » ?

Et si Hollande, Merkel, Obama, faisaient savoir au prédateur de la Crimée et, ce qu’à Dieu ne plaise, du Dombass et du Donetz qu’il ne sera pas le bienvenu quand, dans quelques mois, l’on fêtera, en France, le débarquement, il y a 70 ans, des armées de la liberté ?

Poutine n’est fort que de notre faiblesse. Poutine n’avance que parce que nous avons peur. Et si la peur changeait de camp ?

Et si les dirigeants européens n’avaient qu’une fraction du courage dont a fait preuve le peuple du Maidan ?

Quoi ? Vous n’avez pas eu peur et nous serions, nous, saisis d’effroi ? Vous vous êtes dressés contre le nouveau tsar et nous nous coucherions devant lui ? C’est absurde. C’est impossible. Et c’est ce que je compte dire, dès mon retour, aux dirigeants de mon pays.

No Pasaran, clamaient les Républicains espagnols en 1936. No Pasaran, lanciez-vous à la face des terribles Berkouts de Ianoukovitch qui vous mettaient en joue.

No pasaran, doit redire aujourd’hui l’Europe à la soldatesque de Vladimir Poutine.

Vive l’Ukraine une, indivisible et libre. Vive la France, vive l’Europe et vive l’Ukraine en Europe.

[NB : discours encore plus halluciné que le précédent de février 2014]

Ben, Monsieur Démocratie,  pourquoi tu ne demandes pas un referendum pour savoir ce que veulent les Ukrainiens ? S’ils veulent de cet infâme traité d’association ?

Parce que quelque dizaines de milliers de manifestants, ce n’est pas un PAYS…

Et un référendum en Europe pour savoir ce que veulent les Européens ?

Car moi, je refuse cet accord d’association…

3 réponses à BHL : Par Yves Derai, par Jean-François Kahn, par Maxime Tandonnet, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée (La diplomatie plutôt que l’indignation)

 

Alors, bien sûr, il y a eu des dizaines de milliers de manifestants démocrate et pacifiques, demandant fort justement plus de libertés… :

 

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Mais je n’ai jamais vu des des dizaines de milliers de manifestants pacifiques faire tomber un régime (ou alors, la Manif pour Tous aurait eu la peau de Hollande..).

C’est plutôt ça en fait qui marche :

 

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“Manifestants pacifiques demandant la Démocratie et l’intégration de l’Ukraine à l’UE”

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“Jeune fille avec sa guitare”

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“Jets de fleurs sur les forces de l’ordre”

Vous notez au passage la croix celtique sur le bouclier, emblème habituel de l’extrême-droite :

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La croix celtique symbolisant la civilisation européenne et signe d’une fierté pour le milieu raciste (Lire ici sur Wikipedia, et regarder ou ). 

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“Jeunes étudiants pacifistes (cf. leurs drapeaux)”

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“Fête de la Saint Jean à Kiev”

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“Astronome à Kiev regardant la voute céleste”

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“Jeune étudiant pacifiste prenant une photo-souvenir des forces de l’ordre”

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“Jeune étudiant pacifiste qui se barre devant les forces de l’ordre”

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“Jeune étudiant pacifiste qui se dé-chaîne”

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“Jeunes manifestants pacifiques allant prendre le verre de l’amitié au bistrot après la manif”

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“Jeune étudiant pacifiste proposant aux forces de l’ordre de prendre un verre”

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“Policier s’étant bêtement foulé la cheville sur un trottoir”

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“Après-midi ludique à la Foire du Trône”

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“Manifestation anti-alcoolique”

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“Jeunes étudiantes pacifistes”

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“Jeune étudiant pacifiste désodorisant l’air”

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“Débriefing ludique des manifestants pacifistes”

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“Cameraman immortalisant ces manifestations pacifiques historiques”

Sources diverses, dont Solidarité&Progrès.

 

http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-2/

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