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Dans l'antichambre du juge suprême, l'attente est longue, pas franchement conviviale. Une grappe de barbus en dishdasha - l'élégante tunique des Bédouins - devisent à voix basse. Pas un regard, ni pour l'employé indien chargé d'étancher leur soif, ni pour la femme venue, non voilée, interviewer leur patron. Le docteur Ali ben Fetais al-Marri, procureur général du Qatar, quatrième personnage le plus puissant de l'Etat.
Il s'avance dans son bureau vaste comme une salle de bal, cuir et tentures crème et baies vitrées plongeant sur les gratte-ciel de West Bay sortis du désert. Prunelle de Sioux, sourire enjôleur, il prend place sous la photo de l'émir et commande du thé au thym. Au Qatar, il faut tout son temps pour parler de la France. Clermont-Ferrand, Besançon, Saint-Malo, Avignon, Paris, le procureur la connaît par coeur pour y avoir étudié douze ans, jusqu'au doctorat de droit. Il aime tout en elle : "Napoléon, de Gaulle, le Louvre, les fromages..." Il en a rapporté nombre d'ouvrages anciens qui trônent dans sa bibliothèque, à côté d'une kalachnikov en or offerte par Saddam Hussein.