« Si les PEUPLES ne bougent pas, il y aura une GUERRE GÉNÉRALE» [Annie Lacroix-Riz]
Lundi 17 mars 2014
Annie Lacroix-Riz est professeur d’histoire contemporaine. Elle était à Montpellier le 18 mai. L’occasion d’évoquer le rôle des élites économiques françaises dans la défaite de 1940. Et de faire le lien entre la crise des années 30 et celle d’aujourd’hui. Pour elle, celle-ci « est bien plus grave que les crises précédentes ».
Elle a quelques pages de notes dactylographiées devant elle. Mais elle ne les regarde pratiquement pas. Annie Lacroix-Riz était à Montpellier le 18 mai pour une conférence organisée par les Amis du Monde diplomatique qui dura près de 3h. Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris VII, elle s’est notamment intéressée, dans ses travaux, à la CGT, aux relations franco-américaines après la Libération, au Vatican et plus récemment au rôle des élites françaises avant et pendant la deuxième guerre mondiale. Elle affirme : « Vous ne pouvez pas faire de la bonne histoire si vous ne faites pas, en tendance, toujours de l’histoire sociale et économique. Parce que tout s’explique par l’histoire sociale et économique. » (voir première vidéo plus bas)
« Le haut patronat a sacrifié les Français »
La semaine passée, elle a évoqué le sujet d’un de ses livres, Le choix de la défaite (1), où elle soutient qu’en 1940, « les Français n’ont pas été simplement vaincus en cinq jours par une Wehrmacht invincible ; le haut patronat les a sacrifiés à son plan de « réforme de l’État » copié sur les voisins fascistes et à son obsession d’accord avec le Reich ». Plus précisément elle décrit une organisation française réunissant banquiers et industriels : la Synarchie. Composée de 12 hommes, cette « organisation secrète » était centrée, selon Annie Lacroix-Riz, autour de trois groupes : La banque Worms, la banque Lehideux et la banque d’Indochine. Elle aurait refait surface en 1922 après s’être appelée « mouvement synarchique d’empire ». Ces milieux très présents « dans tous les gouvernements de Vichy en particulier aux postes économiques [...]avaient décidé que les structures politiques étaient détestables parce qu’elles ne pouvaient pas réaliser les meilleures conditions de rétablissement du profit. On était avant la crise mais dans une période tout de même très tourmentée. »
L’historienne explique aussi sa méthode de travail consistant à aller chercher ses informations dans les sources (policières notamment). Et de fustiger certains de ses collègues historiens (2) qui ont « jeté certains interdits sur à peu près toutes les sources. Et d’autres – ou les mêmes d’ailleurs – précisent et détestent encore plus certaines sources que d’autres. Par exemple, on dit volontiers que les sources de police sont des sources médiocres. » Et de citer comme exemple le travail de l’historien Jean-Noël Jeanneney sur François de Wendell qui aurait attribué plus de crédit aux propos du président du Comité des forges qu’aux archives de police concernant le contrôle par l’industriel du journal Le Temps.
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