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Le blog de Lucien PONS

Tous ces connards de HEC (ou l’équivalent)

13 Novembre 2012 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Ecole

Tous ces connards de HEC (ou l’équivalent)
Viktor DEDAJ
« Ils sont parmi nous.
On ne sait pas qui ils sont,
On ne sait pas d’où ils viennent,
Leur seul objectif : nous pourrir la vie. 
Et rien ne peut les arrêter. »

La dernière fois que j’ai conversé avec un connard de HEC (ou l’équivalent), j’ai eu le sentiment désagréable de regarder la télé. C’était aussi bavard, nombriliste, hystérique et d’une bêtise agressive. On aurait dit qu’il avait mémorisé : 1) tous les « dossiers » du magazine Le Point sur le Salaire des Cadres, les Francs-Maçons et l’Islam ; 2) toutes les enquêtes de l’Express sur le Salaire des Cadres, le Prix de l’Immobilier et les Musulmans ; 3) tous les numéros spéciaux du Nouvel Obs sur le Salaire des Cadres, l’Homosexualité et les Arabes.

Chez lui, le concept de « radicalité » se limitait à la lecture de Courrier International et les Guignols sur Canal+. J’ai cru un instant qu’il faisait dans l’ironie, genre pince-sans-rire. Pas du tout. J’ai même eu droit à un « tu comprends Viktor, selon la loi de l’offre et la demande... ».

Sérieusement : vous le saviez, vous, qu’il existe réellement des individus qui prononcent réellement ce genre de phrase avec tout le sérieux du monde ? Et moi qui pensais que c’était une de ces phrases « connues » mais que personne ne prononce réellement dans la vraie vie. Une phrase comme «  Attends, ce n’est pas ce que tu crois, je peux tout t’expliquer », vous comprenez ? Une phrase que personne ne prononce réellement dans la vraie vie sauf à être – et là, retenez votre souffle – totalement et irrémédiablement lavé du cerveau, avec une mini-salle de projection à la place de la cervelle et vivant littéralement dans un film où son ego tient le rôle principal.

A part ça, il y avait quelque chose qui me titillait depuis le début, un truc sur lequel je n’arrivais pas à mettre le doigt... lorsque soudain, j’ai compris. Mon Dieu, j’avais devant moi - à quelques centimètres à peine - un être que je pensais n’exister que dans les légendes et les contes de fées, à l’instar des licornes, des dragons et des Socialistes Français de gauche. Devant moi se tenait l’aboutissement de toute l’histoire de l’évolution, l’être parfait ; inébranlable, infatigable, indestructible et même indécoiffable, la toute dernière production du système médiatique moderne, celui dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais croisé, un être parfaitement adapté à son milieu ambiant. Oui, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, permettez-moi de vos présenter... le Connard Parfait.

A la fois terrifié et subjugué, j’étais Sigourney Weaver (en petite culotte) et lui l’Alien bavant (tu m’étonnes...). Lorsqu’il ouvrait la bouche pour parler d’économie, c’était du Alain Minc qui sortait. Pour parler de société, c’était Jacques Attali plein les oreilles. Sur les questions géopolitiques, c’était BHL qui lui sortait des narines. Et de tous les autres orifices de son corps : du Jean-Pierre Pernaud.

Il regardait les films que faisaient les plus gros scores au box-office, écoutait la musique qui cartonne en ce moment, regardait sur Youtube les vidéos les plus populaires et ne lisait que des best-sellers.

Ouaip : on avait beau l’essorer, il n’y avait plus une seule goutte de lui en lui.

Pourquoi je vous parle des connards de HEC (ou l’équivalent) ? Pour rien.

* * * *

Je me souviens encore d’une époque, au temps sombre du service public, où les bureaux de poste ressemblaient encore vaguement à des bureaux de poste. On y entrait en tenant humblement à la main une lettre ou un colis dans l’espoir fragile de le faire affranchir et expédier vers une destination plus ou moins exotique (comme la Caisse Primaire d’Assurance Maladie). Aujourd’hui, on entre dans un « espace d’accueil » qui ressemble à un supermarché et où les enveloppes sont présentées sur des rayons comme des fucking tranches de saumon fumé au milieu de tout un « merchandising » qui frise le Royaume de Mickey : des tasses marquées « la poste », des clés USB « la poste » et même des sacoches de facteur « à l’ancienne » avec marquées dessus - vous allez rire - « la poste ».

Le « self-service » y est tellement de rigueur que je suis encore étonné de n’avoir pas à transporter moi-même le courrier que je viens moi-même d’affranchir (et ne croyez pas que les connards de HEC (ou son équivalent) n’y ont pas pensé, c’est juste qu’ils n’ont pas encore trouvé le moyen de nous le faire avaler. Une suggestion amicale de ma part : « l’Europe » - mot magique qui marche à tous les coups)

Au temps sombre du service public, si la lettre mettait plus de deux jours pour arriver à destination, on supputait déjà le décès impromptu du facteur en pleine tournée ou une grève sauvage lancée par un de ces syndicats dont on confondait toujours le nom. Si la lettre mettait plus de trois jours, la rumeur courait sur un probable acte de sabotage. A quatre jours, ça y est, une catastrophe naturelle s’était abattue quelque part en France, en emportant facteur, sacoche, vélo et tournée.

On l’appelait laconiquement « La Poste » et on savait en général pourquoi on y était, ce qu’on y faisait et à quoi ça servait. C’était pas cher, ça marchait super bien, et le monde entier nous l’enviait encore plus que le couple Halliday.

Il arrivait que « La Poste » brise quelque tabou ancestral en lançant des initiatives dont la témérité donnait le tournis, comme l’instauration d’un tarif d’affranchissement « économique », par opposition au « normal ». Un tarif pensé pour ceux qui n’était pas pressés (car il y en avait encore) ou ceux qui s’envoyaient à eux-mêmes des courriers. Et ce qui était jadis considéré comme un service « normal » s’appelle désormais un service «  hyper-méga-rapide, genre chrono à la main et et zip c’est parti » et vous est facturé 10 fois plus cher.

Au temps sombre du service public, les murs des bureaux de poste étaient décorés d’affiches et de timbres postes du monde entier qui faisaient rêver les gamins au lieu de les préparer à entrer dans la vie inactive. Et si d’aventure plus de quatre personnes avaient l’outrecuidance de vous précéder dans la file d’attente, on considérait que vous étiez en droit de prendre votre carte à la Ligue Communiste Révolutionnaire.

Mais un jour un connard de HEC (ou son équivalent) a eu son diplôme et son papa connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui jouait au golf avec untel, et ce fut l’enfer.

Désormais, ce sont de grands écrans plats qui sont chargés de vous faire patienter en vous vendant le bonheur de faire la queue. Si par miracle il y a moins de vingt personnes devant vous, c’est que vous êtes retraité ou chômeur ou l’innocente victime d’une caméra cachée.

Au temps sombre du service public, le facteur était une sorte de personnalité locale qui ne se faisait voler la vedette que par le pompier, l’instituteur et, éventuellement, le maire (lorsque ce dernier n’était pas en prison). Mais un des grands mystères du monde moderne que je n’arrive pas à résoudre est celui des « lettres recommandées ».

Je vous explique : jadis, lorsqu’une « lettre recommandée » vous était destinée, le facteur sonnait à votre porte et vous la remettait en échange d’une signature. En cas d’absence, un avis était glissé avec tact dans votre boîte-aux-lettres. Fini tout ça : vous aurez beau être chez vous toute la journée et même la passer à guetter le passage du dit facteur (à quoi ressemble-t-il ? porte-il un signe distinctif ?), vous aurez beau scruter la circulation dans la rue et même l’horizon, beau tendre l’oreille derrière la porte en guettant la moindre agitation dans le couloir, beau vérifier pour la dixième fois que votre sonnette fonctionne parfaitement, ce ne sera qu’à la nuit tombée que vous trouverez un « avis de passage » subrepticement glissé dans votre boîte-aux-lettres.

Suprême affront : cet Arsène Lupin des temps modernes, pour préciser le « motif de non distribution » aura soigneusement coché la case « destinataire absent ». Affront qui sera suivi par une invitation à vous rendre au bureau de poste le plus proche où la lettre-que-nous-n’avons-pu-vous-remettre-pour-cause-que-vous-n’étiez-pas-là vous attendra, goguenarde, à partir du lendemain 14h00- invitation elle-même suivie d’un ricanement silencieux.

Parce que t’as beau investir dans un système électronique de détection, poser des pièges et même élever une batterie d’oies pour donner l’alerte, rien n’y fait. Alors ? Comment font-ils ? Sont-ils équipés de semelles hyper-silencieuses ? Portent-ils des uniformes faits de la même matière que les avions furtifs américains ? Portent-ils une cape d’invisibilité ? Se déplacent-ils à une vitesse proche de celle de la lumière ? Mystère, vous dis-je.

Connards de HEC : rendez-nous la Poste et allez jouer ailleurs

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