Manifestation du 14 juin contre la loi Travail : "Cela va être énorme"
La manifestation contre la loi El Khomri a rassemblé 1,2 million de personnes dans toute la France. Ici, à Strasbourg. Photo : AFP
- 11 juin 2016
- Par Morvan56
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Le leader de la CGT, Philippe Martinez, prédit une mobilisation plus importante mardi à Paris contre le projet de loi El Khomri que le 31 mars, journée de manifestations qui avait rassemblé près 1,2 million personnes dans 250 villes françaises.
"Ca va être énorme", a commenté Philippe Martinez lors d'un meeting sur le site pétrochimique de Lavéra à Martigues (Bouches-du-Rhône). A ceux qui "spéculent" sur la démobilisation, a-t-il poursuivi, "nous allons faire la démonstration le 14 juin avec une mobilisation comme nous n'en avons jamais connue depuis quatre mois". "Nous étions 1,2 million dans toute la France. Là, ce sera pareil, avec un temps fort à Paris."Nous avons recensé en région parisienne plus de 450 cars qui vont venir sur Paris", a-t-il ajouté, même s'il est "difficile d'avoir des cars en ce moment (...) parce que le patronat est soudé".
"Je suis tout à fait disponible pour renconter Myriam El Khomri"
Le leader de la CGT a redit devant la presse qu'il était "disponible" pour rencontrer la ministre du Travail Myriam El Khomri "dès ce soir ou dès demain", si "elle veut avancer" le rendez-vous fixé le 17 juin. "Elle a fixé un rendez-vous à vendredi, elle connaît mon numéro de portable. Si elle veut l'avancer, je suis tout à fait disponible". L'entourage de la ministre avait de son côté indiqué vendredi qu'elle était prête à avancer le rendez-vous "si Philippe Martinez est prêt à lever les blocages". "Nous irons voir la ministre, pas pour qu'elle nous dise ce qu'il faut faire, mais pour lui dire ce qui doit être fait", a répliqué samedi le patron de la CGT.
Enfin interrogé sur le déroulement de l'Euro 2016 qui a débuté vendredi à Paris par le match France-Roumanie, il a constaté que "le match d'hier s'est très bien passé". "Le stade était plein, (...) tout le monde a pu venir". "Faire la fête et poursuivre le mouvement social, ça n'est pas paradoxal, ça n'est pas antinomique", a-t-il affirmé.
Dans une interview au Parisien, ce samedi, le secrétaire général de la CGT rappelle les revendications de son syndicat face au gouvernement : "on demande qu’il retire les cinq articles qui font la colonne vertébrale du texte. Et qu’on rediscute. C’est-à-dire l’article 2, celui sur les plans de sauvegarde de l’emploi, notamment. Il y a aussi la question du référendum d’entreprise et celle de la médecine du travail."
Mardi une journée de mobilisation nationale contre le projet de loi travail, avec un défilé unique à Paris de la place d'Italie aux Invalides, est organisée à l'appel de sept syndicats dont la CGT.
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L’inversion de la hiérarchie des normes
Les mots qui fâchent par Philippe Torreton. "Devant la brutalité et l'exploitation patronale, les ouvriers se sont unis et ont bataillé pour leurs droits."
Ça sonne comme un titre de roman houellebecquien, induit une révolution copernicienne – passer d’une vision géocentrique du monde à la Ptolémée à une infinité de possibles –, ce qui, d’un point de vue social, pourrait insinuer qu’il faille passer de l’arthrite syndicale à la souplesse patronale.
Dit comme ça, évidemment, nous devrions tous souhaiter cette inversion de la hiérarchie des normes, on devrait même se taper le front de gauche en se demandant comment on a pu supporter ce Code du travail aux deux mains gauches.
Les luttes syndicales témoignent et racontent, elles nous crient que devant la brutalité et l’exploitation patronale, pardon devant sa perpétuelle quête de souplesse et de liberté d’entreprendre, les ouvriers se sont unis et ont bataillé pour définir et garantir leurs droits, au prix du sang, souvent. Car, voyez-vous, rien de ce qui a amélioré les conditions de travail et de vie du travailleur n’a été proposé spontanément par le patronat, il a toujours fallu s’unir, faire grève, occuper, prouver son bon droit pour lui faire admettre l’évidence d’une revendication.
Ces droits, une fois obtenus, devaient être pérennisés, car depuis toujours, le patronat, se sentant spolié, a cherché à revenir dessus, d’où cette hiérarchie dans les normes, chère à Hans Kelsen, appliquée au dialogue social et qui assure que de nouveaux accords ne peuvent pas être moins favorables aux travailleurs que ceux signés précédemment. Bref, qu’il existe un droit supérieur. Et c’est maintenant qu’il est bon de retrouver une parole nette et sans bavure : « En réalité, toute la tâche de la bourgeoisie consiste à liquider les syndicats, en tant qu’organes de lutte des classes, et à les remplacer par la bureaucratie syndicale comme organe de direction de l’État bourgeois sur les ouvriers. » Léon Trotski. Et si le véritable but de cette loi franche comme un âne qui recule était celui-ci ?
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Droit du travail. Une réforme digne du XXIe siècle, il y travaillent !
Clotilde Mathieu et Adrien Rouchaléou
Le gouvernement continue d’affirmer qu’il n’existe pas d’alternative. Après la CGT, un collectif d’universitaires, c’est au tour des économistes du PCF de mettre dans le débat public une proposition de loi « aussi révolutionnaire que le fut la Sécurité sociale à la Libération ».
François Hollande est bien plus à l’aise quand il cite la droite que dans ses références à gauche. Quand il croit malin de paraphraser Thorez pour dire qu’« il faut savoir terminer une grève », les syndicalistes en lutte le rappellent immédiatement à la réalité historique : « dès que satisfaction a été obtenue », avait ajouté le secrétaire général du PCF. Mais quand le 17 mai le chef de l’État déclare sur Europe 1 qu’à gauche « il n’y a pas d’alternative » à la ligne qu’il représente, l’ex-première ministre britannique Margaret Thatcher n’aurait sûrement pas contesté la citation. Tina (pour « There is no alternative », en anglais dans le texte) fait tourner la tête depuis longtemps. Manuel Valls, à peine nommé, rejetait en septembre 2014 toute inflexion de la ligne : « On ne fait pas d’austérité ! C’est quoi un infléchissement ? Elle est où l’alternative ? » Il leur su rait de peu pour dessiller les yeux : le mouvement social et politique fourmille d’initiatives pour ouvrir une alternative à la gauche de renoncement, ou ralliée au libéralisme. Il faut avoir les œillères de Manuel Valls pour passer à côté de ces propositions. Ou la mauvaise foi de la ministre du Travail.
Myriam El Khomri disait le 31 mai dernier attendre « des propositions » de la part des opposants au projet de loi qui porte son nom. Elle n’a pas lu les mots de la CGT, qui dès la présentation de la loi travail mettait dans le débat public son « Code du travail du XXIe siècle », traduction d’un long travail sur la « sécurité sociale professionnelle ». La centrale syndicale y promouvait la création d’un « nouveau statut du travail salarié » (NSTS), permettant de créer un socle interprofessionnel de droits cumulatifs, progressifs et transférables d’une entreprise à l’autre, d’une branche à l’autre, et ce de la sortie du système scolaire à la fin de sa carrière professionnelle.
Cette volonté de montrer qu’une autre réforme du travail est à portée de main agite aussi les universitaires. Sous la houlette du professeur Emmanuel Dockès, de l’université de Nanterre, ils ont affirmé, lors d’une conférence de presse début mars, travailler sur « autre Code du travail », plus protecteur pour les salariés et dont l’écriture est prévue pour septembre (lire l’Humanité du 3 mars). Avec une mesure phare, la reconnaissance du temps libre comme notion juridique et comme droit des salariés, au motif que le temps qui n’est pas consacré au travail n’est pas exclusivement dédié à la reconstitution de la force de travail, mais qu’il est aussi le temps de la vie familiale, sociale, amicale, militante… « L’idée, c’est de promouvoir une protection renforcée de ce temps, qui devrait être protégé du pouvoir de direction de l’employeur », expliquait Christophe Vigneau, de l’université Panthéon-Sorbonne.
L’éradication progressive du chômage en sécurisant tous les moments de la vie...
http://www.humanite.fr/droit-du-travail-une-reforme-digne-du-xxie-siecle-il-y-travaillent-609231
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Syndicat impopulaire
Ce syndicat a vraiment eu le don de se mettre tout le monde à dos. 73 % des Français ont une mauvaise opinion de lui ; pour 70 % ; il ne pense qu’aux siens, pour 61 %, il ne comprend rien aux vrais problèmes des salariés. Et très massivement, les sondés trouvent qu’il n’est ni une force de proposition, ni ouvert au dialogue.
Je précise, détail, que ce sondage concerne le Medef de Gattaz ; qu’il a été réalisé dernièrement par l’institut Odoxa. Curieusement, peu de médias en ont fait état. Un simple oubli de leur part, sans doute. Ne soyons pas paranos, ils vont réparer ça, non ?