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Le blog de Lucien PONS

Échanges divers sur la censure régnant à la bibliothèque PMF et dans les autres les bibliothèques universitaires, 16-22 janvier 2015. Par Annie Lacroix-Riz.

24 Janvier 2015 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Je suis Charlie?, #Terrorisme, #la liberté, #La République, #Histoire, #Comité pour une Nouvelle résistance

Échanges divers sur la censure régnant à la bibliothèque PMF et dans les autres les bibliothèques universitaires, 16-22 janvier 2015

Cher amis,

Vous trouverez EN CLIQUANT ICI des échanges explicites sur la gravité de la censure et de l’autocensure qui sévissent, de plus en plus rigoureusement, dans les universités et notamment dans les sciences sociales, situation que reflète la « politique d’achat » des bibliothèques universitaires.

J’en reproduis tous les éléments, y compris ceux qui ont déjà été diffusés dans le premier message transmis, le 20 janvier 2015.

J’observe que si M. Molinier, bibliothécaire à la bibliothèque PMF de l’université Paris 1, n’est pas l’unique responsable de cette censure, il l’assume cependant pleinement, avec une arrogance non dépourvue de violence, surtout quand il ne connaît pas ses interlocuteurs. Le démontrent formellement 1° sa réponse négligente à un lecteur pris pour un étudiant, Godefroy Clair, et 2° plus brutalement encore, sa lettre à Pierre Moret, un correspondant qui a protesté contre les pratiques que j’avais mises en cause auprès du directeur de la bibliothèque universitaire PMF de Paris 1, Daniel Keller. Inutile de préciser que ces deux correspondants m’ont donné la liberté de mentionner leur nom.

Vous noterez également à quel point M. Molinier brocarde, dans son courriel à M. Moret (20 janvier 2015 11:36:37), la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine de Nanterre bibliothèque (de 3e cycle) (et par ailleurs centre d’archives) vers laquelle je dirigeais systématiquement les étudiants et qui se caractérise par son souci de pluralisme et de qualité académique internationale : elle est ridiculisée pour avoir eu l’audace de détenir seule l’ouvrage, interdit partout ailleurs, et « qui a d'ailleurs très probablement été acquis au titre du dépôt légal et non par une procédure d'acquisition choisie. »

Les termes a priori et très probablement sont devenus des critères de raisonnement et de choix de la production académique offerte aux étudiants dans les établissements universitaires.

M. Keller, directement interpellé en tant que directeur de la bibliothèque PMF de Paris 1 par divers intervenants de cette affaire, a jusqu’ici (22 janvier 2015) chargé son subordonné Guillaume Molinier de répondre à toute demande ou protestation sans accuser réception d’aucun message.

Au cas où certains penseraient, comme m’en accuse Guillaume Molinier dans le message de plainte amère qu’il m’a envoyé le mardi 20 janvier 2015 15:00, que les puissants réseaux bolcheviques œuvrant en France, et notamment les miens, martyrisent des fonctionnaires scrupuleux remplissant leurs missions en toute neutralité et scientificité, je rappelle la réalité de la situation. Censure absolue contre les « dissidents », d’un côté et choix idéologiques affirmés, monocolores et unilatéraux, de l’autre, règnent de pair.

L’ouvrage sur Staline et l’URSS de 1939 à 1953 d’un historien reconnu « de référence » par une large communauté académique, Geoffrey Roberts, est exclu de presque toutes les bibliothèques universitaires en France (sauf sept, pour sa seule version originale en anglais) et de tout accès, pour sa version traduite parue en septembre 2014 chez Delga, petit éditeur indépendant. Les guerres de Staline a été exclu « a priori » à la bibliothèque PMF de Paris 1. Les « titres » des éditions Delga (dont M. Molinier a recensé quatorze, après coup), ont été présentés dans un premier temps à Godefroy Clair comme également exclus « a priori ». Cependant que dans la même bibliothèque, les productions non-scientifiques et strictement idéologiques consacrées à l’URSS en général et à Staline en particulier sont acquises de façon systématique.

La censure, et il convient d’y insister pour prévenir un éventuel argument de « procès stalinien », mis en avant depuis des lustres à la moindre critique d’un comportement inacceptable, ne vient pas des « réseaux » présumés. Elle ne provient que de l’institution académique qui a abdiqué des règles anciennes de fonctionnement reposant sur un certain « pluralisme » et surtout impliquant, en histoire, la diffusion d’ouvrages conformes aux normes méthodologiques universelles régissant cette discipline : ouvrages érudits rédigés sur la base de sources d’archives ou, pour les ouvrages de vulgarisation, synthèses réalisées à partir desdits travaux érudits.

À titre personnel, je tiens à rappeler, ayant fait mes études pour partie à l’université Paris 1 jusques et y compris ma thèse d’État soutenue en 1981, sous la direction de Jean Bouvier, que ladite université n’était pas un repaire de marxistes; que les doctorants marxistes ou marxisants représentaient des effectifs très modestes en histoire contemporaine (élèves, en particulier, du grand Pierre Vilar puis de Jean Bouvier); et que la majorité, écrasante, des non-marxistes, admettait que les minoritaires 1° disposassent d’un minimum de droits académiques, fussent-ils plus limités que les leurs. Et ceci même si les carrières des non-marxistes étaient en général beaucoup plus brillantes et rapides que celles des universitaires qui s’obstinaient à se réclamer de la conception de l’histoire de Marx et mettaient en cause le capitalisme ou doutaient que celui-ci fût le mode de production définitif.

J’affirme que les règles qui prévalent dans l’approvisionnement de la bibliothèque de 1er cycle (PMF) de l’université Paris sont strictement antagoniques avec celles qui régnaient dans cet établissement avant que la réaction académique n’y triomphât, comme ailleurs, triomphe précisément intervenu depuis le début des années 1980 (voir mon ouvrage L’histoire contemporaine toujours sous influence, Paris, Delga-Le temps des cerises, 2012).

J’observe enfin que la culture de l’impunité du plus fort idéologique permet à des fonctionnaires théoriquement au service du public universitaire de répondre avec mépris à des interlocuteurs courtois ou de ne pas répondre du tout, ceci en violation de toutes les règles de simple courtoisie et de savoir vivre ensemble (c’est à dessein que je néglige le tiret entre les deux infinitifs). L’affaire qui nous occupe est aussi courante que déontologiquement scandaleuse. Elle présente la seule originalité de pouvoir être rendue publique grâce aux traces écrites, rarissimes, d’une désinvolture quasi générale. Des milliers d’actes de censure ne peuvent « exploser » qu’une fois tous les vingt ans parce qu’un serviteur du public revendique par écrit les normes qu’il applique en permanence. Bref, à cause de la « maladresse » d’un censeur rendu imprudent par la toute-puissance habituelle exercée sans risque sur les minoritaires ou les timides. Je tiens à cet égard à remercier particulièrement mes deux correspondants, Godefroy Clair et Pierre Moret, d’avoir signalé ce qui ne paraît presque jamais au jour.

Il serait sain que les bibliothécaires (il en est sans doute dans ma liste de diffusion) choqués par des pratiques de censure et autocensure qui, habituellement, échappent à l’écrit, informent le public sur leur réalité. Il est de notre devoir commun de dénoncer et de combattre cette censure, particulièrement à l’heure où se profile un « Patriot Act » français annoncé sous couvert de lutte contre le terrorisme, dans une atmosphère qui rappelle les lois scélérates du ministre de l’intérieur Dupuy adoptées à une forte majorité par la Chambre des Députés à la faveur des « attentats anarchistes » de 1893-1894.

Ces projets politiques, ouvertement lancés peu après la tapageuse commémoration récupératrice de Jean Jaurès (de 2014) – dans le style « Je suis Jaurès » ‑, attestent l’hypocrisie des prétendus admirateurs de ce dernier. Car le leader socialiste assassiné en 1914 avait vivement dénoncé à la fois la manipulation policière des auteurs d’attentats (question sur laquelle nous ne pouvons encore nous prononcer) et l’exploitation éhontée de ces circonstances (question sur laquelle le doute n’est pas permis).

On observera d’ailleurs que le tapage récent sur les droits illimités à la « liberté d’expression » a été vite étouffé par la conjoncture. Merci, donc, d’en rappeler l’indispensable exercice en diffusant et en faisant largement diffuser le présent document.

Amitiés à tous,

Annie Lacroix-Riz

22 janvier 2015

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