Voici l’histoire véritable derrière la crise qui se déroule au Qatar
Voici l’histoire véritable derrière la crise qui se déroule au Qatar
(This Is The Real Story Behind The Crisis Unfolding In Qatar)
Par Robert Fisk
Seules les pièces de Shakespeare peuvent s’approcher de décrire une telle traîtrise – les comédies, bien sûr.
Juin 11, 2017 "Information Clearing House" La crise du Qatar prouve deux choses : l’infantilisation continue des états arabes, et l’effondrement total de l’unité musulmane sunnite soi-disant créée par la présence grotesque de Donald Trump au sommet saoudien, il y a deux semaines.
Après avoir promis de combattre jusqu’à la mort « la terreur » chiite iranienne, l’Arabie saoudite et ses copains les plus proches se sont ligués contre un de leur voisins, le plus riche, le Qatar, pour être une origine de la « terreur .» Seules les pièces de Shakespeare peuvent s’approcher de décrire une telle traîtrise – les comédies, bien sûr.
Parce que, vraiment, il y a quelque chose de grandement fantastique au sujet de cette parodie. Les citoyens du Qatar ont certainement contribué à Isis. Mais il en va de même pour les citoyens d’Arabie saoudite.
Aucun Qatari n’a volé dans les avions du 9/11 à New York et Washington. Tous sauf quatre des 19 tueurs étaient saoudien. Bin Laden n’était pas un Qatari. Il était un Saoudien.
Mais Bin Laden a favorisé la chaîne al-Jazeera du Qatar avec ses émissions personnelles, et c’est al-Jazeera qui a essayé de donner une moralité fallacieuse aux desperados d’al-Qaeda/ Jabhat al-Nusrah de Syrie en offrant à leurs dirigeants des heures de temps d’antenne gratuites pour expliquer quelle sorte de groupe modéré, aimant la paix, ils sont.
L’Arabie saoudite coupe les liens ave le Qatar au sujet de liens avec la terreur.
Premièrement, débarrassons-nous simplement des séquences hystériquement drôles de cette histoire. Je vois que le Yémen brise les liens aériens avec le Qatar. Un grand choc pour le pauvre émir du Qatar, le Cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, alors que le Yémen – sous bombardement constant par ses anciens copains, saoudiens et des Emirats – n’a plus le moindre avion de ligne utilisable pour créer, et encore moins briser un lien aérien.
Les Maldives ont aussi brisé les relations avec le Qatar. Pour sûr, ceci n’a rien à voir avec la promesse récente saoudienne d’une facilité de prêt de $300 millions aux Maldives, la proposition d’une compagnie immobilière d’investir $100 millions dans un hôtel familial aux Maldives et une promesse par des intellectuels islamiques saoudiens de dépenser $100.000 dans 10 mosquées de « classe mondiale » aux Maldives. Et ne mentionnons pas le nombre relativement grand d’adeptes d’Isis et autres Islamistes qui sont arrivés pour combattre pour Isis en Irak et en Syrie venant, eh bien, des Maldives.
Maintenant, l’Emir quatari n’a pas assez de troupes pour défendre son petit pays si les Saoudiens décidaient de requérir qu’il demande que leur armée entre au Qatar pour restaurer la stabilité – comme les Saoudiens avaient persuadé le Roi du Bahreïn de le faire, en 2011. Mais le Cheikh Tamim espère sans aucun doute que la base aérienne militaire massive US au Qatar dissuadera une telle générosité saoudienne.
Quand j’avais demandé à son père, le Cheikh Hamad (plus tard déposé de manière peu charitable par Tamim) pourquoi il ne foutait pas les Américains hors du Qatar, il avait répliqué : « Parce que si je le faisais, mes frères arabes m’envahiraient. »
Tel père, tel fils, je suppose. Dieu bénisse l’Amérique.
Tout ceci a commencé – c’est ce qu’on est supposé croire – avec un soi-disant hacking de l’Agence d’information Qatar, qui avait produit certaines remarques peu flatteuses mais fâcheusement vraies par l’émir du Qatar sur la nécessité de maintenir une relation avec l’Iran. Le Qatar a nié la véracité de l’histoire. Les Saoudiens ont décidé qu’elle était vraie et diffusent le contenu sur leur propre réseau de télévision d’état normalement banal (et immensément ennuyeux). L’émir arriviste, disait le message, était allé trop loin cette fois-ci. Les Saoudiens ont décidé de la politique dans le Golfe, pas le minuscule Qatar. N’est-ce pas ce qu’a prouvé la visite de Donald Trump ?
Mais les Saoudiens avaient d’autres problèmes qui les préoccupent. Le Koweït, loin de couper les relations avec le Qatar, agit maintenant comme un conciliateur entre le Qatar et les Saoudiens et les Emirats. L’émirat de Dubaï est très proche de l’Iran, a des dizaines de milliers d’expatriés iraniens et suit à peine l’exemple de courroux anti-Qatar d’Abu Dhabi.
Oman avait même mis en place des manœuvres navales conjointe avec l’Iran, il y a deux mois. Le Pakistan, il y a longtemps avait décliné d’envoyer une armée pour aider les Saoudiens au Yémen, parce que les Saoudiens demandaient des soldats exclusivement sunnites et pas de soldats chiites ; l’armée pakistanaise était compréhensiblement indignée de réaliser que l’Arabie saoudite essayait de sectariser son personnel militaire. L’ancien commandant de l’armée du Pakistan, le Général Raheel Sharif, est supposé être sur le point de démissionner comme chef de l’Alliance musulmane sponsorisée par les Saoudiens pour combattre « la terreur ».
Cinq choses à savoir au sujet du premier stade de la Coupe du monde en 2022 au Qatar.
Le Président –maréchal al-Sissi d’Egypte a hurlé contre le Qatar pour son soutien aux Frères musulmans égyptiens – et le Qatar soutient effectivement le groupe maintenant interdit que Sissi prétend faussement faire partie d’Isis – mais significativement l’Egypte, bien que bénéficiaire de millions saoudiens, n’a pas non plus l’intention de fournir ses propres troupes pour appuyer les Saoudiens dans leur guerre catastrophique au Yémen. De plus, Sissi a besoins de ses soldats égyptiens à domicile pour résister aux attaques d’Isis et maintenir, avec Israël, le siège de la Bande palestinienne de Gaza.
Mais si on regarde un peu plus loin, il n’est pas difficile de voir ce qui préoccupe vraiment les Saoudiens. Le Qatar maintient aussi des liens tranquilles avec le régime d’Assad. Il a aidé à assurer la libération de nonnes chrétiennes syriennes aux mains de Jabhat al-Nusrah et a aidé à libérer des soldats libanais aux mains d’Isis en Syrie occidentale. Quand les nonnes ont émergé de captivité, elles ont remercié à la fois Bashar al-Assad et le Qatar.
Et il y a des soupçons croissants dans le Golfe que le Qatar a des ambitions beaucoup plus grandes : de financer la reconstruction de la Syrie post-guerre. Même si Assad restait président, la dette de la Syrie au Qatar placerait la nation sous le contrôle économique du Qatar.
Et cela donnerait au minuscule Qatar deux récompenses en or. Cela donnerait au pays un empire pour égaler son empire médiatique al-Jazeera. Et cela étendrait sa largesse aux territoires syriens, que beaucoup de compagnies pétrolières aimeraient utiliser comme une route de pipeline depuis le Golfe vers l’Europe via la Turquie, ou via des pétroliers du port syrien de Lattakia.
Pour les Européens, une telle route réduirait les chances de chantage du pétrole russe, et rendrait les routes par mer du pétrole moins vulnérables si les vaisseaux ne devaient pas passer par le Golfe d’Hormuz.
Des grappillages si riches pour le Qatar - ou pour l’Arabie saoudite, bien sûr, si les suppositions des deux émirs Hamad et Tamim sur le pouvoir US, s’avèrent sans valeur. Une force militaire saoudienne au Qatar permettrait à Riad d’enfourner tout le gaz liquide dans l’émirat.
Mais sûrement, « l’anti-terreur » des Saoudiens aimant la paix - oublions pour un moment le coupage de tête – n’envisagerait jamais un tel destin pour un autre frère arabe.
Alors, espérons que pour le moment, les routes du Qatar Airways soient les seules parties du corps politique qatari à être coupées.
Cet article a d’abord été publié par The Independent –
D’où les supporters d’ISIS tweetent-ils.
Lieux principaux déclarés par des utilisateurs de Twitter soutenant Isis en 2015