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Le blog de Lucien PONS

LA PRIVATISATION DE LA POSTE: EXEMPLE A NE PAS SUIVRE. Un texte d'Alain Fuentès.

31 Mai 2012 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Europe supranationale

379539 10150669649994968 149612289967 12097868 190-copie-2LA PRIVATISATION DE LA POSTE   :   EXEMPLE A NE PAS SUIVRE
Le service public , tel que l’esprit républicain l’a défini, repose sur trois piliers :
- l’accès aux services pour tous les citoyens sans distinctions sociales ou géographiques,
- la péréquation tarifaire (consistant à équilibrer  le financement d’un secteur déficitaire par un secteur rentable) qui garantit le principe précédent,
- le monopole qui rend hors marché les SP.
Par la loi du 2 juillet 1990, la Poste sort de ce cadre. L’ouverture au capital en est donc la dernière phase de sa privatisation. Par cette loi, première étape, les PTT ont été scindés en deux entreprises : la Poste et France Télécom. Elles sont donc devenues  deux établissements publics industriels et commerciaux (EPIC). 
Les néolibéraux qui ont érigé en dogme l’idéologie de la concurrence, la partie la plus boboisante du PS  [appuyée sur la CFDT et la CFTC] ont participé d’une manière très active à ce bouleversement.
Avant le vote de cette loi, les syndicats [FO et CGT en tête] ont engagé la lutte, mais devant le travail de sape des médias et des cadres, tout acquis à ce qu’ils appelaient  « la modernité » n’ont pas réussi à faire basculer la tendance. Ils ont été mal compris des usagers (devenus des clients) et des agents auxquels  les dirigeants ont  fait miroiter une carrière sans précédent. Les tenants de l’égalité républicaine (syndicalistes, politiques de gauche, membres d’associations) qui ont vu, dans cette loi et la réforme qui s’en est suivie,UNE BRECHE OUVERTE A TOUS LES ABUS,  ont été frappés d’ostracisme, ringardisés.
La Poste aujourd’hui s’appelle « Le Groupe La Poste ». Elle est divisée en quatre entreprises bien distinctes les unes des autres interdisant toute interpénétration :
- le courrier (distribution – acheminement),
- les colis (dont une grande  partie a été filialisée puisque hors monopole),
- le réseau grand public (guichets),
- la Banque postale (CCP et autres produits financiers).
Ce démantèlement appelé pompeusement  « réforme ambitieuse » a des conséquences désastreuses pour les agents et les usagers. Il constitue la  négation même du service public .
Le déroulement des carrières devient incertain ,  puisqu’il n’y a plus de recrutement de fonctionnaires depuis 1995.Plus de promotion interne ; Les cadres et cadres supérieurs sont cooptés dans le privé. Les CDD et intérimaires représentent plus du tiers des employés. Les suppressions de quartiers de distribution se traduisent par le passage tardif des facteurs, dans le meilleur des cas, et très souvent  (faute de volant de remplacement) par l’absence de distribution. Dans les centres de tri, le courrier de première catégorie est délaissé au profit de la publicité ; de là découlent donc des délais d’acheminement trop importants . Les colis filialisés sont sous-traités par de petites entreprises non professionnelles, ce qui entraîne un grave disfonctionnement de la confidentialité et de la sécurité. En conséquence le nombre de réclamations est en progression constante (ce fait est minimisé voir même nié par les responsables). Les files d’attente aux guichets sont légion. Quant à la Banque postale, par le fait de sa création,  la poste perd son rôle social. 
Si l’ouverture au capital de la Poste ne suscite aucune réaction, la situation va s’aggraver ; la variante d’ajustement qui permet d’affronter la concurrence étant la main d’œuvre, à brève échéance,  il y aura une suppression massive d’emplois. Partout où le profit maximal n’interviendra pas, la présence postale disparaîtra. La dictature de l’actionnaire déshumanisera le service public  postal.
Bien sûr, il faut un débat avec l’ensemble des citoyens et des acteurs sociaux qui forment un  maillage de solidarité dans notre démocratie.  Mais ce débat doit porter sur tous les services publics…  Dissocier les services publics  les uns des autres est une aberration. Tout comme  leur but et leur base de fonctionnement  , leur mode de substitution par la grande finance est identique : utilisation de moyens fallacieux , d’arguments spécieux , culpabilisation des salariés  , retranchement derrière le masque du  modernisme ,  lente mise en œuvre du processus  de démantèlement (pour la Poste, du vote de la loi au démantèlement effectif près de dix ans ) afin qu’il échappe à toute conscience, à toute réaction, à toute révolte. 
C’est ainsi que  les choix économiques désastreux imposés par le néolibéralisme , basés sur la marchandisation des biens communs de l’humanité, entraînent des inégalités croissantes parmi les populations tant au niveau mondial qu’à l’échelle du pays. Le désengagement des politiques et le maintien d’un système d’imposition injuste livrent les services publiques  [base de notre société républicaine] aux requins de la finance et bloquent ainsi l’accès aux droits les plus élémentaires pour un grand nombre de citoyens.
Les services publics sont les seuls outils qui permettent de réduire les inégalités. S’il existe des secteurs où l’état ne doit jouer aucun rôle, il y en a, en revanche, où le privé ne doit pas mettre le petit doigt : ce sont les services publics. 
Il ne peut y avoir de services publics  sans monopole d’état. Celui-ci passe par une redistribution des richesses, par un impôt juste et une économie keynésienne.
Il faut arrêter avec la  philosophie teintée « dans le meilleur des cas » de naïveté, mais le plus souvent  d’hypocrisie, consistant  à dire  qu’il est possible de déléguer à une entreprise une mission de services publics    - Le devoir d’une entreprise est de faire des bénéfices – le devoir d’une nation est de garantir l’égalité des droits aux citoyens – à la moindre  difficulté structurelle ou conjoncturelle, l’entreprise « escamote » systématiquement la mission de service public . L’exemple de la Poste et de France Télécom est probant.
Les services publics découlent de l’héritage humaniste du siècle des lumières relayé par nos grands hommes tels que VICTOR HUGO, JEAN JAURES, et tant d’autres, mis en pratique par les luttes ouvrières et le conseil national de la résistance.
Abandonner les services publics, c’est renier l’humanisme, la solidarité républicaine, c’est laisser aux générations futures une vie où tout est « marchandise » où tout est « marchandage », une vie où les inégalités créeront encore plus de pauvreté. Beaucoup de citoyens mourront faute d’argent pour se soigner, pour s’instruire, pour vivre une vie d’épanouissement, c’est laisser la place à la charité communautariste des religions.
Utilisons le contre exemple de la Poste , battons nous  pour maintenir et améliorer nos services publics . De notre détermination dépend l’héritage social que nous laisserons aux générations futures . 
 
                                                           ALAIN FUENTES 

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