En 2012, 12 membres de l’OTAN (Allemagne, Estonie, Lituanie, Lettonie, Luxembourg, Norvège, la République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Italie, Bulgarie et Roumanie) avec les Etats-Unis, ont décidé, lors du sommet à Chicago, de réaliser un système de surveillance au sol AGS (Alliance Ground Surveillance), basé sur des avions sans pilote de reconnaissance stratégique RQ-4 Global Hawk (Tier II+/HALE UAV: High Altitude, Long Endurance convențional UAV)
Quelles sont les fonctionnalités du RQ-4 Global Hawk ?
En juillet 2007, 16 appareils RQ-4 Global Hawk ont été affectés au 9ème Groupe de reconnaissance stratégique de l’armée américaine basé à Beale. En 2011, de nouveaux drones de reconnaissance ont été affectés à la 348ème escadrille de l’US air force de la base aérienne de Grand Forks, dans le Dakota du Nord. Depuis avril 2010, le RQ-4 Global Hawk a été utilisé dans des opérations militaires de l’USCENTCOM, responsable de la zone qui couvre le Proche Orient, l’Asie et l’Afrique du Nord. Décollant de Californie et survolant le Canada, l’Alaska et le continent asiatique, les RQ-4 vont chercher leurs cibles en Afghanistan et en Irak. Et l’Allemagne qui fait partie du système de surveillance au sol AGS exploite depuis cinq ans ses propres avions RQ-4 Global Hawk, au sein du 52ème régiment aérien de reconnaissance.
Les appareils RQ-4 b disposent de capteurs d’image électro-optique et par infrarouge (les cinq avions de l’OTAN n’ont pas cette capacité), de capteur radar de type SAR (synthetic aperture radar), de détecteur de mouvement GMTI capables de détecter des cibles se déplaçant sur le terrain avec une vitesse d’au moins 3 km/h, et de capteur SIGINT qui intercepte et enregistre les communications civiles et militaires. Les avions RQ-4 b font de la surveillance à l’échelle planétaire, les zones à explorer étant souvent à une distance de 3-5 000 km de l’aérodrome de décollage, et volent à une altitude de 15-18 000 m, pendant 4 – 5 heures pour le même vol. Dans une mission de 10 à 20 heures, ils peuvent définir la carte numérique d’une superficie équivalente à la Roumanie, avec tous les dispositifs de combat qui s’y trouvent. Fondamentalement, quatre avions (plus un de réserve) peuvent couvrir un théâtre d’opérations comprenant un grand groupe d’États sur un seul continent.
Combien coûte le système AGS ?
Un contrat de 1,2 milliards d’euros a été signé avec la compagnie américaine de Northrop Grumman, pour cinq avions sans pilote RQ-4B Block 40, l’élément clé du système de surveillance au sol AGS. Le coût total de la mise en œuvre du programme AGS atteindra 6 milliards d’euros. Le budget annuel pour le fonctionnement du système AGS sera 79 millions euros, ce qui correspond aux 3 000 heures de vol de l’avion Global Hawk.
En 2015 le premier avion sans pilote Global Hawk RQ-4B sera livrés à la base américaine de Sigonella (Centre de commandement de l’AGS) et en 2017-2018, le système AGS deviendra opérationnel. La Roumanie a payé 25,28 millions pour la réalisation de ce programme et aura une contribution annuelle de 1 million d’euros pour les coûts de fonctionnement. La Roumanie et La Bulgarie, L’Estonie, la Lituanie et la Lettonie, n’ont pas participé à l’élaboration des plans de recherche ni aux opérations ou aux rapports de performance des vols de reconnaissance. Ces éléments sont coordonnés par le SACEUR (le commandant des forces alliées en Europe) c’est-à-dire par le général américain Philip Breedlove. En conséquence, le rôle des partenaires des États-Unis dans l’OTAN dont le projet est d’assurer les aérodromes de décollage/atterrissage, d’accueillir l’équipe américaine entretenant les capacités des avions et de fournir les emplacements au sol pour les systèmes de communication et de radar.
Que réclament les Russes ?
Le 16 avril 2015, le chef d’état-major des forces armées de la Russie, le général Valery Gerasimov, a déclaré que les pays européens qui accueilleraient les éléments des systèmes antimissiles de l’OTAN seront les cibles prioritaires de la Russie. Le commandement militaire russe dit que le système de surveillance au sol AGS est une composante des boucliers antimissiles balistiques de la Roumanie et de la Pologne et du système AEGIS sur les navires américains présents dans la mer Noire. Leur rôle est de détecter et de révéler les cibles à frapper sur le territoire russe, avec des missiles de croisière Tomahawk (qui peuvent être lancés par les systèmes VLS de type Mk-41 de Deveselu, de Pologne et des navires de guerre américains dans la mer Noire).
http://reseauinternational.net/presque-tout-sur-le-bouclier-ABM-americain-a-deveselu-Roumanie/
Les Russes disent que les Etats-Unis avaient prévu Euromaidan et la guerre civile en Ukraine depuis 2010 (l’année où, pendant le sommet de l’OTAN à Lisbonne, il a été décidé de placer le bouclier américain ABM à Deveselu), et que tous les développements ultérieurs visaient exclusivement à créer les conditions pour attaquer la Russie par l’OTAN.
Selon les militaires russes, deux avions RQ-4B opèreront dans l’Ouest et le nord de la Russie : Mer Baltique, Pôle Nord, littoral de la mer de Barents, Mer de Kara et les plaines de Sibérie occidentale (Ienisseï). Ces avions seront sous la responsabilité de l’USEUCOM, en coordination avec l’Allemagne, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie et la Norvège. Deux autres avions RQ-4B opèreront dans le secteur central de la Russie. Ils seront sous la responsabilité de l’armée américaine, en coordination avec l’Italie, la Bulgarie et la Roumanie. Ces plans couvrent le territoire russe jusqu’à la frontière avec le Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan et le territoire de l’Iran. Un cinquième avion sera en réserve.