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Le blog de Lucien PONS

Fascisme : Faut-il crier au loup ? Article repris sur le blog: "Le Petit Blanquiste".

22 Décembre 2012 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Histoire

20 décembre 2012

Fascisme : Faut-il crier au loup ?

Nous sommes en 1925. Mussolini est au pouvoir en Italie depuis 1922, mais Hitler et les nazis devront attendre encore huit ans pour y parvenir en Allemagne.

1136762578.PNGC’est le moment où, à la demande de la direction du Parti communiste, Fernand Loriot [1] publie des thèses dans lesquelles figure un important chapitre consacré à une tentative de définition du fascisme. [2]

Pour l’auteur, le fascisme est un instrument de guerre civile de la grande bourgeoisie lorsque l'appareil de contrainte et de répression de l'Etat s'avère insuffisant pour contrôler l’action révolutionnaire du mouvement ouvrier.

Afin d'entraîner derrière lui les classes moyennes et même une partie de la classe ouvrière, le fascisme se pare d'une idéologie qui exalte le sentiment patriotique, les idées d'ordre, d'autorité, de discipline dans le cadre de la société capitaliste.

Cette idéologie, au service des intérêts de classe de la bourgeoisie identifiés avec l'intérêt national, est d'essence impérialiste comme en témoigne son goût des aventures belliqueuses.

Dans le même temps, sous couleur d'entente entre le capital et le travail, le fascisme s'oppose de toutes ses forces aux luttes du mouvement ouvrier et a recours à la violence de ses organisations paramilitaires pour les briser.

Pour Fernand Loriot, dans la France de 1925, le fascisme n'existe qu'à l'état de menace.

Il existe de multiples organisations nationalistes et cléricales, mais la plupart ne présentent pas les caractères d'organisations fascistes.

Par contre, - écrit-il - il faut accorder une attention particulière aux formations à demi-occultes qui utilisent les éléments déclassés de l'après-guerre (anciens officiers, etc.) pour encadrer les classes moyennes et pour intervenir dans les conflits du travail contre les salariés. Dans certaines circonstances, le fascisme pourrait trouver là une base de recrutement et d'action.

Enfin, s'il est absurde de dire que « le fascisme est là » au risque de le provoquer, il serait aussi absurde d'ignorer sa menace.

« Mais il importe de ne pas confondre la menace avec le fait ».

L’analyse de Fernand Loriot et de ses camarades s’est trouvée largement confirmée par la réalité européenne qui devait mener à la Seconde Guerre mondiale.

Il convient de rappeler et de saluer un tel effort théorique alors que, dans la France d'aujourd'hui, le mot « fascisme » est utilisé à tort et à travers sans la moindre préoccupation de le caractériser par rapport à la réalité.

fascisme,france,parti communiste français

Paris, 1934 : Défilé de paramilitaires du mouvement "Francisme"

●●●

[1] Militant du Parti socialiste SFIO, Fernand Loriot (1870-1932) s'oppose dès 1915 à la participation de son parti aux gouvernements de guerre. En décembre 1920, il participe à la création du Parti communiste et en devient membre du premier comité directeur. A partir de 1922, il critique l'évolution du parti et rejoint finalement l'opposition interne.

[2] Ces thèses ont été publiées dans les Cahiers du bolchevisme n°18 du 1er mai 1925 (Tribune de discussion, pages 1177-1186) : http://www.marxists.org/francais/loriot/works/1925/03/lor...

Jean-Pierre Dubois

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